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Non-alimentaire
Une rentrée biodynamique

Si les autorités semblent décidées à encourager le développement des énergies renouvelables, l’intérêt des biocarburants continue de faire débat

MOTIVE. Le gouvernement semble déterminé à avancer sur le dossier des bioénergies et s’attache à afficher une démarche volontariste. Ainsi, la première convention avec un pôle d’excellence rurale, signée par Dominique Bussereau au salon Innov’Agri, concernait-il un projet axé sur ce thème. Mais la légitimité du développement des biocarburants ne fait pas l’unanimité. Certains producteurs de grandes cultures, réunis au sein de l’OPG (Organisation des producteurs de grains) et de l’APB (Association des producteurs de betteraves) remettent en cause l’opportunité d’amélioration du revenu qu’ils constituent pour eux.

La 1 ère convention de pôle d’excellence rurale signée est dédiée aux bioénergies

Dominique Bussereau, invité à inaugurer la 11 e édition d’Innov’Agri, a signé, le 5 septembre, la convention cadre du pôle d’excellence rurale du Pays de Beauce-Gâtinais en Pithiverais qui porte sur la valorisation et la gestion des bioressources. Il consiste à favoriser la reconversion énergétique de la Sica de déshydratation de luzerne et de pulpes de betteraves, Sidesup. Celle-ci devrait troquer ses deux fours à fuel pour un four fonctionnant aux bois et déchets céréaliers. Une conversion devenue vitale pour Sidesup, le coût de fabrication de la tonne de granulés ayant doublé en deux ans. Pour un prix de vente de 100 e, il lui faut désormais débourser 40 e. « Sans ce projet, nous fermions l’usine », a commenté son président, Christian Jamet. L’unité devrait être alimentée par 8.500 t de déchets de céréales et autant de bois venus des forêts d’Orléans et de Fontainebleau. Le programme envisage également d’implanter des cultures énergétiques à haut rendement, comme du triticale. Un 2 nd volet du projet prévoit la création d’une filière de fourniture de granulés biocombustibles pour des industries ou collectivités locales. Cette initiative devrait permettre de maintenir, et même de générer, des emplois et de garantir l’activité de 700 agriculteurs, selon un communiqué du ministère de l’Agriculture. Ce projet « contribuera, par ailleurs, à la réduction des gaz à effet de serre » poursuit-il. Le pôle recevra 553.700 E de l’état plus 143.600 E du Compte d’affectation spéciale développement agricole et rural pour « accompagner les producteurs dans le lancement de cultures énergétiques ».

Sans être consacré à ce thème, le salon Innov’Agri se proposait d’informer les visiteurs sur les nouvelles sources d’énergies. Une vingtaine d’exposants et 24 tables rondes étaient ainsi à leur disposition au sein du “Village des bioénergies”. Le constructeur Same-Deutz Fahr a profité de ce rendez-vous pour faire savoir que tous ses tracteurs étaient désormais à même de fonctionner avec un carburant contenant jusqu’ à 100 % de biodiesel, « sous réserve de quelques éléments de maintenance et d’entretien spécifiques », a précisé le PDG de la filiale française, Michel Schietequatte. Le facteur limitant reste la disponibilité de ce carburant à la pompe.

La pertinence du développement des biocarburants ne fait pas l’unanimité

La mise en place d’un réseau de distribution efficace devait, à cet égard, faire partie des axes de réflexion du comité “Flex-fuel 2010”, qui planche depuis trois mois sur une stratégie de développement du bioéthanol. Le groupe de travail, dirigé par Alain Prost, dévoilera sa feuille de route à la fin du mois. Réunis le 5 septembre à Bercy, à la demande de Thierry Breton, les distributeurs de carburants ont déjà « réaffirmé leur pleine mobilisation » pour « l’indépendance énergétique de notre pays », comme l’affirme un communiqué du ministère. Une volonté affichée en dépit de la décote amorcée par le prix du pétrole. Après avoir atteint un record à plus de 78 $/baril en août, il est repassé sous les 70 $.

Mais tout ne semble pas encore gagné pour les filières biocarburants. L’avoir fiscal dont-elles bénéficient ferait débat au ministère des Finances. Cela a d’ailleurs conduit Xavier Beulin, président de la Fop, à revenir sur la question des recettes fiscales générées par ces filières, lors de la conférence de presse de la FNSEA. Bercy leur reproche de ne pas créer autant d’emplois, pour la même somme, qu’en susciteraient d’autres activités, comme par exemple les services. Or les biocarburants génèrent déjà des emplois, et surtout en induiront dans des domaines hautement qualifiés, avec la recherche sur les nouvelles technologies de conversion de la biomasse en carburants liquides, voies prometteuses et stratégiques, explique Xavier Beulin. Au total, près de 40.000 emplois devraient être créés dans les cinq ans à venir, anticipe-t-il. Rappelons que les biocarburants ne sont pas complètement exonérés des taxes pétrolières. Ils y sont assujettis à hauteur d’un quart à un tiers. Globalement, dans les conditions actuelles, l’état ne serait pas loin de retrouver sa mise initiale, selon le président de la Fop. Et, « si le prix du baril reste haut, les filières devraient devenir, dans quelques années, contributrices nettes au budget » national et au bilan social du pays.

Sur le terrain non plus la pertinence des biocarburants n’est pas évidente pour tous. Les céréaliers de l’OPG et les betteraviers de l’APB affirment, dans un communiqué du 6 septembre, que les « nouvelles ouvertures de marchés, qu’offrent ces carburants, sont loin d’offrir une opportunité d’amélioration du revenu des producteurs, bien au contraire ! » Premier de leurs arguments : les contrats de betteraves seraient proposés à « un prix de 16 E minimum, sans aucune autre certitude, alors que le prix de revient est de 27E » pour un niveau de rendement de 75 t/ha. Pour les blés destinés à l’éthanol, « le prix moyen payé au producteur pour la récolte 2005 était de 76 E/t, soit 9 E de moins que les blés panifiables ». Pourtant, les denrées demandées « devront être d’une haute qualité protéique », pour obtenir des drêches valorisables, assurent-ils. Ils pointent également du doigt la concurrence que ces co-produits exerceront sur « les pulpes de betteraves, qui ont déjà parfois du mal à trouver preneur » en alimentation animale. Ils rappellent, par ailleurs, que les productions française et européenne d’essence sont excédentaires et s’interrogent alors sur « l’avenir de la filière éthanol avec une réduction programmée du soutien fiscal de l’état ».

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