Une réforme du marché du carbone indispensable
Un rapport recommande, afin de réussir la transition énergétique, de miser sur le marché du carbone, à condition que ce dernier soit mieux géré.

L'association Europartenaires, créée en 1994 par Elizabeth Guigou, députée de Seine-Saint-Denis, et dont l'activité s'apparente à un think-tank, a présenté le 28 septembre un rapport sur les moyens à mettre en œuvre pour réussir la transition énergétique et préparer au mieux la Cop21. Ce dernier plaide principalement pour une réforme du système d'échange de quotas d'émissions de CO2 européen, appelé également ETS (Emissions Trading Scheme) ou encore marché du carbone.
Les prix du CO2 doivent atteindre 50-100 €/t« Le marché des quotas d'émissions de carbone est en lambeaux », a lancé Claude Mandil, directeur du groupe de travail ayant réalisé le rapport et ancien directeur de l'Agence Internationale de l'Énergie. L'expert se réfère au prix du carbone qui touche actuellement le fond, autour de 5-10 €/t, et ne permet pas de jouer son rôle incitateur pour investir dans des énergies propres. « Le prix devrait être compris entre 50-100 €/t, afin de financer les technologies de capture de CO2 », explique le directeur du groupe de travail. La cause de cet état de délabrement est l'absence d'une autorité de gestion qui régule le marché, telle qu'elle existe pour le marché des devises avec la BCE par exemple.
Cette logique Marché permettrait, selon le spécialiste de sélectionner les technologies les plus compétitives en termes d'émissions de carbone. « Les biocarburants de 2e ou de 3e génération peuvent avoir leur place. J'ai quelques doutes quant au bilan carbone de la 1ère génération », témoigne Claude Mandil. Par ailleurs, « il faudrait aussi étudier la possibilité de créer un marché en amont de la consommation de carburant. On pourrait, par exemple, faire payer les distributeurs en fonction de la quantité de CO2 émis par litre qu'ils vendent », ajoute-t-il. Le rapport estime que la contribution climat-énergie (CCE) va dans le bon sens, mais devra être augmentée pour être efficace.
La méthanisation a un rôle à jouer selon l'expert. Le système actuel de tarif de rachat de l'électricité subventionné par le gouvernement peut s'appliquer temporairement, mais pas de manière durable. Le rapport préconise une subvention aux capacités de production, et donc des équipements, plutôt que des soutiens aux prix, susceptibles de créer de fortes distorsions de marché. Kévin Cler