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Nutrition animale
«Une formulation intégrant l’empreinte carbone se heurtera vite à des limites économiques»

La Dépêche - Le Petit Meunier : Vous avez convié lors de votre précédente assemblée générale différents représentants de vos filières pour lancer le débat autour du développement durable. Un an plus tard, quels sont les nouveaux éléments du dossier au niveau de votre profession ? 
Adolphe Thomas : Effectivement, l’an dernier, il s’agissait de lancer le débat et d’évaluer les enjeux du développement durable pour notre secteur d’activité. Alors que la maîtrise de la sécurité alimentaire se confirmait comme incontournable, la prise en compte de la pérennité des filières de productions animales françaises était déjà apparue au centre des préoccupations des intervenants. 
Cette année, nous voulons mettre en évidence comment notre industrie s’est concrètement engagée dans la voie du développement durable mais aussi, comment nos actions doivent s’inscrire dans le contexte d’une concurrence internationale de plus en plus vive pour nos productions. Une compétition qui, en 2009 et sur fond de crise économique, s’est plutôt traduite par un recul des positions françaises sur les marchés au profit de nos concurrents européens, marquant une perte de compétitivité progressive de nos filières. 
Les engagements très concrets des fabricants, que nous présenterons lors de cette assemblée, s’inscrivent avec réalisme dans cet objectif de compétitivité des entreprises et de pérennité des filières. Ils traduiront aussi le travail réalisé par la profession. 

LD-LPM : En quoi la prise en compte du développement durable peut-elle avoir un impact sur la composition des aliments pour animaux ? 
AT : La formulation est au coeur du métier du fabricant pour qui l’objectif, sans cesse renouvelé, est de concevoir les recettes les mieux adaptées aux différents types de production à partir d’une grande palette de matières premières de qualité. Les travaux de notre mission « développement durable »(1) ont mis en évidence deux variables que nous estimons stratégiques. La première concerne la valorisation des coproduits, dont le principe même s’inscrit dans une démarche positive de développement dura - ble. En définitive, cette utilisation pourrait être contrariée si les méthodes retenues dans l’allocation de l’empreinte carbone, entre produits et coproduits, venaient à être défavorable à leur utilisation en alimentation animale. 
Le second concerne les limites économiques d’une formulation intégrant l’empreinte gaz à effet de serre des matières premières utilisées. Confrontées à l’objectif de compétitivité et de maîtrise des coûts, ces limites s’imposeront rapidement. Nous ne pourrons pas nous infliger des contraintes que d’autres bassins de production n’auraient pas, sauf à pouvoir valoriser la prise en compte de certains critères spécifiques au développement durable jusqu’au consommateur: il en va de la survie de nos filières. 

LD-LPM : Quelle est la situation économique de votre secteur ? Vous évoquiez l’an dernier la nécessaire restructuration, qu’en est-il aujourd’hui ? 
AT : Lorsque nos clients, les éleveurs, sont en difficulté et que les filières de productions animales perdent de leur compétitivité, la conséquence est immédiate pour les volumes d’aliments fabriqués, en retrait de près de 7% en 2009. Sans doute faut-il s’attendre cette année à une nouvelle érosion des tonnages. 
Cette perspective est à relier aux difficultés persistantes dans le secteur laitier malgré l’amélioration constatée, à une situation en porc toujours caractérisée par des problèmes de trésorerie chez beaucoup d’éleveurs, ainsi qu’à une limitation des mises en place de volailles adaptées à la demande. 
D’autre part, la faiblesse des cours des céréales continuera à favoriser l’autoconsommation et la situation économique agira sur le niveau et les caractéristiques de la consommation de viande. 
En sur-capacité structurelle, notre secteur ne peut que poursuivre la maîtrise de ses coûts. Il continuera sa restructuration, entamée il y a maintenant plusieurs années et pouvant se traduire, en effet, dans certaines régions par des fermetures de sites. 
Par ailleurs, il est aujourd’hui essentiel que les Pouvoirs publics nous appuient dans la recherche de compétitivité. Il nous tarde en particulier que le transport à 44 tonnes (ou 35 tonnes pour les véhicules quatre essieux) soit enfin autorisé et que le guide des bonnes pratiques des fabricants soit reconnu pour l’ensemble des organismes de contrôle comme référentiel unique en matière de maîtrise de process et de qualité, permettant ainsi de réduire les coûts en usine.

(1) En 2009, le Snia, Coop de France NA, l’Afca-Cial et Tecaliman ont formé une mission «développement durable» pour le secteur de la nutrition animale.

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