MARCHÉS DES CÉRÉALES À PAILLE
Une fin de campagne a priori très lourde

Malgré l'optimisme affiché par les prévisions de FranceAgriMer (Fam) au sujet du bilan offre/demande français lors d'une présentation aux Journées techniques de la meunerie et des industries céréalières, le 5 novembre, la fin de campagne 2015/2016 s'annonce très lourde. Les niveaux d'exportation de blé tendre attendus vers les pays tiers à 11,5 millions de tonnes (un niveau surévalué, selon certains opérateurs) et de l'incorporation en nutrition animale, à 5,1 millions de tonnes contre 4,4 millions de tonnes l'an passé (possible compte tenu de la compétitivité du blé face au maïs cette année), ne sauraient compenser l'excellente récolte de blé tendre 2015 (au-delà des 40 millions de tonnes).
Stocks de report très lourds en blé mais aussi en orges
Le stock de report pourrait quasiment doubler par rapport aux années précédentes pendant lesquelles il tournait autour de 2,6 millions de tonnes. Alors que les ventes sur l'Union européenne sont estimées par Fam à un niveau correct de 7,6 millions de tonnes, les ventes vers les pays tiers peuvent-elles inverser la donne ? Au regard des cahiers des charges des importateurs, il y a peu de chance.
Les derniers chiffres de Fam font état d'un stock de report 2015/2016 qui pourrait atteindre 4,8 millions de tonnes. Un chiffre composé du stock moyen de report des cinq dernières campagnes (2,6 Mt selon Fam) et d'une quantité qualifiée de « disponible » de 2,2 millions de tonnes. Un volume total (4,8 Mt) à comparer aux niveaux des stocks finaux des précédentes campagnes, respectivement établis à 2,3 millions de tonnes en 2014/2015 et 2,5 millions de tonnes en 2013/2014.
En orges fourragères, on retrouve le même procédé, avec un stock final moyen de camagne de 1,1 million de tonnes, auquel il faudrait ajouter le volume « disponible » de 0,6 million de tonnes, portant ainsi le tout à 1,7 million de tonnes, à comparer aux volumes de report précédents à 1 million de tonnes pour 2013/2014 et 2014/2015. Là encore, c'est surtout le niveau très élevé de la production cette année, à 12,5 millions de tonnes, expliquant l' envolée du stock final, les exportations d'orges étant relevées de 0,1 million de tonnes pour l'export pays tiers (à 3,7 Mt) et au sein de l'UE (3,1 Mt).
Qualité française limitée
Le discours n'est pas nouveau mais reste toujours très actuel, malheureusement. Cette année encore, le taux de protéines observe un niveau moyen peu attractif pour les importateurs, avec une moyenne de 11 %. Il ne permet pas de rassurer nos clients traditionnels qui, pour certains, ont fait progresser leur exigences qualitatives, alors même que la courbe du taux moyen de protéine des blés français suit le chemin inverse depuis plusieurs campagnes maintenant. Et ce, dans un contexte de plus en plus concurrentiel avec la présence de nouveaux exportateurs particulièrement aggressifs en termes de qualité et de prix. Comme l'a rappelé le président de France Export Céréales, François Gatel, « la qualité du tas français est dans la limite basse des cahiers des charges des acheteurs internationaux ». Lorsqu'il trouve preneur, « il est livré au taquet des cahiers des charges », assure-t-il, citant en exemple un client marocain : « Le blé français n'est pas généreux » (par rapport aux autres origines qui affichent parfois des qualités supérieures aux attentes, une fois livrées). Car la protéine n'est pas le seul point noir de l'origine hexagonale sur le marché mondial. La valeur boulangère et le taux d'humidité sont également des éléments, qui nous écartent de certains clients. À ces paramètres s'ajoutent (ce qui est, sans doute, le plus inquiétant) l'absence d'évolution visible de la qualité du blé “Made in France”. Heureusement, la source hexagonale présente des avantages, et non des moindres, comme « la présence régulière sur les marchés et une logistique performante ». Sans oublier le plan Protéine, qui permettra peut-être de faire évoluer cette situation. Même si, pour l'heure, son impact est encore limité.