CDC/Val Soleil
Un silo et une usine d’aliments dédiés à la bio
A Chabeuil dans la Drôme, la Coopérative drômoise de céréales (CDC) et Val Soleil, spécialisée dans l’élevage, viennent de se doter d’un nouvel outil de stockage de 20.000 t de grains, accolé à une usine d’aliments pour animaux d’une capacité de 24 tonnes à l’heure, tous deux dédiés à la bio et complètement automatisés.



Lancé en 2006, le projet a été long à sortir de terre, freiné par les procédures de voisinage. Les travaux ont enfin pu démarrer fin 2012 et le silo est opérationnel depuis début juillet pour accueillir sa première récolte bio. Séparée de quelques mètres et reliée par un transporteur, l’usine d’aliments, d’un capacité de production de 24 t/h est en cours d’achèvement.
« Ce silo a été conçu pour répondre aux exigences spécifiques de la bio, tant en nombre de cellules d’isolement que de ventilation, de nettoyage et de calibrage », précise le directeur de la CDC, Christophe Pelletier. « Sa capacité de 20.000 t est adaptée au potentiel de la coopérative, et ses 29 cellules de différentes tailles vont faciliter la gestion pointue des espèces, variétés et qualités des récoltes bio », complète-t-il. Le système de ventilation aussi est particulièrement adapté, pour maîtriser au mieux le process de conservation : il se déclenche automatiquement en fonction de l’écart de température entre l’extérieur et l’intérieur des cellules. Les silos sont surélevés pour accentuer la gravité et réduire les coûts d’énergie. Christophe Pelletier met l’accent sur la traçabilité : « Tout est conçu pour identifier et authentifier la livraison de chaque agriculteur. Les certificats de producteurs doivent être reçus avant le déchargement pour pouvoir l’effectuer. »
Un outil performant
Aujourd’hui, 150 agriculteurs livrent à la CDC 15.000 t de céréales et oléoprotéagineux bio, composées en grande majorité de blé, maïs et soja. Le volume s’accroît chaque année, et atteint la moitié de la production bio de Rhône-Alpes, ce qui confère à la CDC une position de leader en grains bio dans sa région. Christian Veyrier, président de la CDC, premier collecteur conventionnel de la région avec 300.000 t, en est convaincu : « Si on veut que la bio soit compétitive, il faut être efficace, et mettre en place des solutions techniques performantes au service des agriculteurs. Depuis quinze ans, la bio prend de l’ampleur chez nous, en réponse à un marché en forte croissance, et en phase avec la dynamique drômoise en faveur de la bio. Avec cet outil moderne et adapté à la bio, notre conseil d’administration, composé d’un quart d’agriculteurs bio, a décidé de parier sur l’avenir. » Chabeuil se situe au cœur du bassin de production bio, et les apporteurs sont localisés, pour la plupart, dans un rayon de 30 km. On est aussi à l’épicentre des élevages avicoles, notamment ceux affiliés à la coopérative Val Soleil.
Les partenaires de ce projet sont la coopérative Val Soleil qui compte 17 éleveurs bio de pondeuses et 5 de volailles de chair, ainsi que deux abattoirs locaux, celui de Gastronome et de la Capag.
Relocaliser l’aliment
Dans l’usine, mêmes objectifs : tout est automatisé pour assurer la traçabilité et une conservation optimale des matières premières, tout en maîtrisant les coûts, notamment les dépenses énergétiques. Fonctionnant en prémélange, sa capacité est surdimensionnée pour pouvoir travailler en heures creuses. « Ainsi, nous relocalisons la fourniture d’aliments des éleveurs, qui pour 80 % d’entre eux sont apporteurs de céréales et protéagineux au silo. » Leurs besoins en aliments sont pour l’instant de 7.000 t par an. L’usine pourra fournir également d’autres éleveurs locaux intéressés. « Recentrer, sur un même site, silo de collecte et usine, apporte un maximum d’efficience, insiste Christian Veyrier. Nous devons consolider la filière en aval si nous voulons continuer à stimuler les conversions. »
Chiffres-clés
Le silo
- Investissement : 5 M€ (subventions Agence bio, 415.000 € ; Feader, 300.000 € ; Région, 200.000 € ; Conseil général, 100.000 €)
- Capacité : 20.000 t
- 29 cellules dont 10 de 1.600 t et 19 de 300 t à 150 t
L’usine
- Investissement : 1,81 M€ (subventions Fisiaa, 304.760 € ; Région, 100.000 € ; Département, 100.000 €)
- Process : prémélange
- 25 cellules dédiées aux matières premières