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Bioéthanol
Un prix encore bien incertain

LE PRIX DU bioéthanol et la rémunération des producteurs suscitent certaines inquiétudes. Le tarif du biocarburant est en effet difficile à évaluer « car l’outil français n’a pas encore atteint sa taille critique » expliquait Daniel Eric-Marchand d’Unigrains lors d’une conférence Passion Céréales au Mondial de l’automobile. Le Premier ministre a néanmoins de nouveau évoqué un prix à la pompe de 0,8 €/l. Pour le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, intervenant lors d’un point presse le 28 septembre, « il n’est pas question que la matière première soit la variable d’ajustement d’un niveau de prix ».

Le prix du blé énergétique – qui doit présenter une teneur en protéine de 11 % mini pour avoir un rendement en drêches suffisant – ne sera pas indexé sur celui du blé meunier. Il sera fonction du cours du pétrole (qui peut varier de 3 à 5 % par jour à la pompe), de l’amortissement des outils industriels, lui-même dépendant des agréments de l’état, et de la fiscalité. Celle-ci, représentant entre 50 et 80 % du prix à la pompe, constituera un levier essentiel dans l’établissement des tarifs. Aujourd’hui, le bioéthanol dispose, par le biais des agréments, d’une exonération partielle de la Taxe intérieure de consommation qui est alors de 25,92 €/hl (contre 58,92 €/hl pour l’essence sans plomb). Orama aspire, à cet égard, à un régime fiscal « pluriannuel et dynamique ». Par la suite, comme le font valoir les professionnels de la filière, les productions agricoles et industrielles vont « gagner en productivité et devraient peu à peu s’affranchir de la fiscalité mise en place pour amorcer son développement ». De plus, les producteurs essayent de faire du lobbying sur l’aide au crédit carbone, qui pourrait être un revenu supplémentaire pour la filière.

S’il est difficile de prévoir l’évolution du marché des matières premières, celle du biodiesel, déjà plus mature, peut donner certains indices. Entre 1993 et 1997, le colza alimentaire se situait à 200 €/t et l’énergétique à 100 €/t. «Aujourd’hui, ils sont à peu près au même prix, et le colza énergétique tend même à tirer le marché », remarque Jean-François Loiseau, président de la commission énergie renouvelable de l’AGPB. Or les prix fixés par les contrats de blé et maïs destinés à la filière bioéthanol ne sont pas actuellement 50 % inférieurs à ceux du blé alimentaire, mais évolueraient « entre 80 et 110 % ».

Le Brésil ne peut pas fournir toute la planète

Autre crainte des producteurs, celle de voir ce débouché profiter aux importations brésiliennes qui pèseraient sur les prix. Il est pour les spécialistes nécessaire de maintenir des droits de douanes et de les limiter à 5-7 % de la production intérieure. Un quota d’importation de 7 à 8 % serait même encore acceptable.

L’avenir de la filière devrait donc se jouer à l’OMC. Jean-Michel Lemétayer, qui s’engage à ce que les représentants agricoles soient « très bagarreurs sur le sujet», alerte : « Ne refaisons pas avec l’éthanol la même bêtise qu’avec les protéines et l’accord de Blair House qui bloquait les volumes. » Et le représentant agricole de lancer : « Il n’y a plus de temps à perdre pour prendre notre place sur un marché qui demain pourrait être occupé par d’autres. » alors qu’ « avec les terres européennes, on peut approvisionner nos consommateurs. » Privilégiant la logique selon laquelle « on ne peut pas annoncer de telles mesures et laisser des importations en profiter », le représentant de la FNSEA compte sur « la fermeté du gouvernement français et de l’UE ». Et de toute façon, le Brésil ne peut pas, selon l’ensemble des producteurs, fournir toute la planète en bioéthanol. Pour preuve, il a cette année réduit son taux d’incorporation de 25 à 20 %, car le marché s’emballait. Et, si le pays a atteint des niveaux de prix attrayants, c’est parce qu’il a investi, depuis trente ans, dans la filière et que le gouvernement a mis en place des mesures incitatives. En France, la machine se met en marche et la donne va évoluer avec l’augmentation des volumes, de la productivité et donc de l’amortissement des outils.

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