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Alimentation animale / Bretagne
Un plaidoyer pour les graisses animales

L’une des particularités du secteur breton des productions animales est son fort déficit en matières premières, une caractéristique confirmée lors de l’assemblée générale de Feedsim fin décembre

La Bretagne affiche un déficit de 5,3 Mt de matières premières pour la production alimentaire. C’est l’un des points sur lesquels travaille particulièrement l’association Feedsim qui fédère le monde professionnel de la nutrition animale et des productions animales bretonnes, des fabricants d’aliments aux installations portuaires. Son objectif, rappelé lors de son assemblée générale du 21 décembre à Rennes par son président Hervé Vasseur, est de « renforcer la compétitivité des productions animales pour maintenir l’élevage régional ». Ceci en conduisant notamment une réflexion collective sur les principaux enjeux agricoles et agro-industriels.
    Sur la base de l’année 2009 (dernière année pleine connue), les aliments composés pour animaux ont consommé quasiment 8 Mt de matières premières, en régression depuis la point du début des années 2000. Il faut également compter les autres utilisations comme l’autoconsommation de céréales sur les exploitations (1,18 Mt), les industries agroalimentaires (0,87 Mt) et quelques autres (0,55 Mt). Face à cette consommation, la Bretagne produit 4,43 Mt de céréales et 0,16 Mt d’autres matières premières, sans oublier 0,68 Mt de coproduits (notamment issus de son usine de trituration de soja).

Réduction progressive du déficit en matières premières
    Cette situation très déficitaire est connue depuis longtemps. Ce qui l’est moins c’est la réduction progressive de ce déficit. Non que la Bretagne se soit transformée en zone céréalière quoique… En effet, la production locale de céréales a progressé de 0,58 Mt entre 2006 et 2009. Dans le même temps, la production de coproduits s’améliore un peu (0,14 Mt de plus). En parallèle, la consommation des industriels de l’alimentation animale se rétracte sur un marché en régression sur la période (-0,28 Mt). Sous ce double effet, le déficit de la Bretagne en matières premières s’est donc réduit de 0,88 Mt entre 2006 et 2009 et elle équilibre quasiment son bilan en céréales.
    S’appuyant sur le travail d’analyse conduit depuis plusieurs années par l’Inra (Yves Dronne), l’association Feedsim connaît également précisément les voies « d’importation » des matières premières manquant à ses usines : les ports dominent notamment pour les tourteaux et les graines oléagineuses (2,09 Mt en 2009), suivis de la route (1,73 Mt surtout en provenance des ports proches de la région pour les tourteaux), désormais talonnée par le fer (1,58 Mt). C’est en effet le flux routier qui a le plus baissé durant la période analysée par la réduction du déficit en céréales. De plus, l’augmentation de la proportion de tourteaux dans les approvisionnements industriels s’est fait au détriment des graines de protéagineux (une situation qui pourrait évoluer avec la détente sur les disponibilités), des coproduits et des céréales.    
    Pour Hervé Vasseur, outre la réduction globale des volumes bretons, la nature des produits a également changé : les fabricants d’aliments fournissent aussi les éleveurs qui valorisent leurs propres céréales avec des aliments plus concentrés en protéines. Parmi ceux-ci, le tourteau de colza a trouvé une place (+127.000 t en trois ans), d’abord en substitution du tourteau de soja puis en complément de celui-ci.

Valoriser les gisements disponibles en graisses animales
    Dans leur démarche pour plus de compétitivité des productions animales, les adhérents de Feedsim se sont tournés vers un gisement disponible mais non valorisé : les graisses animales. « Au total, 152.875 tonnes de graisses animales autorisées sont disponibles en France pour la nutrition animale, 78.408 t de graisses de volailles, 48.932 t de graisses de porc hors saindoux, 25.535 t de graisses d’os issues d’os à gélatine, auxquelles on peut ajouter prés de 17.000 t de saindoux », détaille Laurent Morin (délégué général de Feedsim). Utilisées principalement en petfood ou exportées (notamment vers les usines d’alimentation animale espagnoles…), ces graisses pourraient remplacer une part des importations de tourteaux de soja (jusqu’à 100.000 t) au profit des tourteaux de colza et de tournesol métropolitains, mais aussi toutes les importations d’huile de palme sans oublier la réduction de la consommation de maïs dans les usines d’aliments. Compte tenu de toutes les substitutions chiffrées par l’Inra, la valorisation en France des graisses animales permettrait d’économiser 200.000 t d’équivalent CO2 et 10,3 M€ aux fabricants d’aliments. Le frein ? Les cahiers des charges hérités de la période ESB et leur “tout végétal et minéral”. D’où le travail collectif de Feedsim pour faire évoluer ces derniers.

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