Létang biogaz
Un méthaniseur nourri au maïs Cive
Le méthaniseur à la ferme de la société Létang Biogaz, basé à Sourdun (Seine-et-Marne), se tourne vers le maïs Cive. Ses avantages technico-économiques ont convaincu l'exploitant.





L « a clé du succès d'un tel projet est la sécurisation de l'approvisionnement », témoigne François-Xavier Létang, céréalier et exploitant d'un méthaniseur à Sourdun, avant d'ajouter qu'« aujourd'hui, un marché des déchets provenant de la 1ère et de la 2e transformation se crée ». Le maïs Cive (Culture intermédiaire à vocation énergétique) lui permet de produire l'ensemble des matières nécessaires au fonctionnement de son installation, et évite ainsi d'acheter de la biomasse en provenance de l'extérieur.
Pas de concurrence avec les cultures alimentaires« Le projet a mis un an et demi pour sortir de terre », explique François-Xavier Létang, ce qui est plutôt rapide, si l'on compare avec la moyenne nationale, aux alentours de deux à quatre ans. La vitesse de développement du projet a été optimale, grâce notamment « à la bonne volonté des autorités locales et de GrDF », qui ont limité les contraintes administratives au maximum, salue le céréalier. « Le fait d'avoir un gisement à proximité de l'installation les a rassuré quant à la viabilité du projet ». Par ailleurs, en tant que culture intermédiaire, le maïs Cive ne fait pas concurrence à la production alimentaire, en adéquation avec le modèle français. Cependant, tout n'a pas été simple, l'autorisation d'injecter du biogaz n'ayant été accordée que le 7 juillet dernier par GrDF, après trois semaines d'analyse nécessaire pour vérifier la qualité du produit sortant.
Date de mise en service : mars 2014 Matières entrantes : 10.000 t de canne de maïs ensilé Biométhane (biogaz épuré) produit : 125 m3 /h Montant de l'investissement : 3,5 M€ Chiffre d'affaires (prévisionnel) : 1 M€ Main d'œuvre : 2 personnes.
Le maïs est implanté juste après l'orge d'hiver, et cultivé pendant trois mois, avec un objectif de rendement de 25-30 t/ha. Les produits récoltés sont stockés sous forme d'ensilage, et permettent d'approvisionner le méthaniseur en continu, à un débit d'environ 30 t/jour. La productivité des résidus de maïs, estimée à 150170 m3 de biogaz/t de matière “ ” brute, reste largement supérieure à celle du lisier, évaluée à 4560 m3 /t, autre facteur déterminant dans le choix de l'intrant. « L'objectif est d'amortir l'investissement en huit ans », confie l'agriculteur. Autre particularité, le choix de ne produire que du biogaz. « Un cogénérateur, produisant de l'électricité et de la chaleur, dispose d'un faible rendement énergétique, avec 40 % à 60 % de pertes, alors que le biogaz est presque à 100 % valorisable », explique Aurélie Chevalier, chef de projet de la zone Ouest France de la société MT-Énergie France, spécialisée dans la construction de méthaniseurs et constructeur de l'installation de Sourdun. Rappelons que le biogaz, essentiellement constitué de dioxyde de carbone et de méthane, doit être purifié, car seul ce dernier peut être injecté dans le réseau et commercialisé. « Le méthane produit est utilisé pour chauffer la piscine municipale et l'hôpital voisin », se réjouit François-Xavier Létang. La partie non commercialisable est réutilisée sur l'installation, afin de couvrir ses besoins en chaleur. Cependant, le CO2 est potentiellement une source de business. « Il peut être vendu à l'industrie agroalimentaire, qui le réutiliserait dans la fabrication de soda par exemple, ou aux brasseurs, pour la fabrication de la bière », précise Bernard Holtz, responsable de l'agence MT-Énergie France. Une piste qui donne des idées à l'exploitant sur le long terme. Et à l'ensemble de la filière ?
Possible valorisation du CO2 produit via les brasseurs.