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Point sucre
Un marché du sucre explosif

Outre une production d’éthanol en progression, le sucre fait face à une demande croissante. Les facteurs limitants, liés à l’offre, se multiplient et tendent à nouveau ce marché

C’EST LA FÊTE sur le marché du sucre. Le Ramadan, période traditionnellement faste pour les cours, est venu se superposer à des fondamentaux haussiers. La facture est à nouveau salée pour les pays importateurs d’or blanc. Différents facteurs climatiques, politiques et économiques ont soutenu les prix de cette matière première dont les usages se multiplient.

Retard de l’offre mondiale de sucre par rapport à la demande
    Le repli des productions de betteraves à sucre russes, en raison d’un climat brulant, et les pertes occasionnées par les inondations sur les cultures de cannes, notamment au Pakistan, laissent un marché mondial peu offert, en l’attente des récoltes asiatiques et européennes. Celles-ci n’arriveront pas avant septembre, voir octobre, et pour le moment seul le brésil est offreur à l’international. Avec une centaine de bateaux par mois en partance des ports brésiliens, attendant en moyenne 25 à 30 jours pour leur chargement, les capacités logistiques du pays sont submergées. De plus, des pays habituellement exportateurs sont aux achats. Ainsi, le Pakistan, avec une perte de 500.000 t de sa production de sucre raffiné suite aux intempéries, va s’approvisionner sur le marché mondial. Une facture qui promet d’être salée dans ce contexte de hausse des prix et de dévaluation de la roupie. De son côté, l’Indonésie aurait passé un appel d’offres pour 500.000 t et la Thaïlande, deuxième exportateur mondial, retirerait 100.000 t de son offre à l’exportation pour la rediriger vers son marché intérieur.

Des facteurs de production en baisse
    D’après les premiers arrachages tests de betteraves en France, réalisés par le syndicat national des fabricants de sucre, les rendements au 16 août ont progressé à 9,35 tonnes de sucre à l’hectare, contre 6,88 t/ha le 2 août dernier. Cependant, ces chiffres sont inférieurs à ceux de l’an dernier à la même époque à 11,62 t/ha, ainsi que ceux de la moyenne de 2005 à 2009 à 9,84 t/ha. En Russie, quatrième producteur de betterave à sucre, la sécheresse aurait fait perdre un quart de sa production au pays. Les prix de l’or blanc auraient gagné 14,4% sur un an au 31 juillet 2010 sur le marché physique russe. Au Pakistan, une production attendue à 3,8 Mt avant les inondations a été revue à 3,3 Mt, alors que les besoins du pays se situent aux alentours des 4,2 Mt. Si les acheteurs attendaient l’arrivée des récoltes asiatiques, européennes et russes pour reprendre leur souffle, des estimations pessimistes sur les disponibilités à terme ne devraient par permettre de détente des cours pour le moment. Enfin, face au déficit chronique du marché du sucre depuis deux ans, certains comptaient sur les améliorations variétales. Mais il faudra attendre. En effet, la culture de la betterave Round Up Ready, proposée par le géant des biotechnologies Monsanto et autorisée en 2005 aux États-Unis, vient d’y être interdite par un juge fédéral, dénonçant l’absence d’étude d’impact sur l’environnement. L’interdiction de ces betteraves OGM, cultivées à grande échelle depuis 2008 et représentant 95 % de la sole betteravière américaine, pourrait avoir un impact haussier important sur les prix à terme.

Une production d’éthanol en hausse avec la demande mondiale en énergie
    Les rapprochements d’entreprises se succèdent dans le secteur des biocarburants issus de la canne à sucre et de ses coproduits de transformation. Ainsi, la compagnie pétrolière Shell et l’entreprise publique brésilienne Cosan, numéro un mondial de la production de sucre et d’alcool, devraient prochainement créer une coentreprise vouée à produire et à distribuer de l’éthanol et de l’électricité sur le marché brésilien et mondial. Ce nouvel outil industriel produira jusqu’à 2 milliards de litres d’éthanol par an, ce qui en fera un des principaux producteurs au niveau mondial. De plus, ce partenariat permettra de commercialiser 18 milliards de litres de biocarburants par an au Brésil. En effet, un réseau de 4.500 points de distribution dans ce pays permettra au groupe de devenir un opérateur majeur et concurrentiel. Parallèlement, une autre union s’est confirmée entre le géant pétrolier brésilien Petrobras et l’entreprise américaine KL Energy Corporation spécialisée dans les énergies renouvelables et ayant breveté les procédés d’élaboration d’éthanol à partir de cellulose et notamment de bagasse de canne à sucre. L’objectif de cet accord de partenariat étant de valoriser cette dernière et d’accroître la production mondiale d’éthanol issue des déchets de la production de sucre notamment. D’ici 2014, Petrobras compte produire 2,6 milliards de litres d’éthanol en accroissant de 40 % les disponibilités, sans élargir l’espace destiné aux cultures de cannes. KL Energy annonce d’ailleurs en ligne les pays dans lesquels elle souhaite participer à l’essor des énergies renouvelables. Outre les États-Unis et le Brésil, le Canada, l’Allemagne, les états scandinaves et la France sont visés.
    Malgré l’utilisation de cellulose pour produire de l’éthanol, la hausse des consommations en sucre et en énergie fait face à une offre aléatoire. Les problèmes climatiques, impactant à la baisse les productions et les limites de l’amélioration des rendements devraient continuer à tendre ce marché.

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