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FranceAgriMer
Un marché céréalier mondial tendu

La France joue cette année, avec les Etats-Unis, un rôle de fournisseur de blé majeur

DANS NOTRE dernière édition nous avons cité, ex abrupto, les principaux chiffres des bilans prévisionnels présentés lors du Conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer du 10 novembre. Ces chiffres, même s’ils n’ont pas modifié fondamentalement ceux annoncés lors de la réunion d’octobre, du moins pour les céréales à paille, ont suscité des réflexions et des commentaires. Ainsi les dossiers de l’expor­tation avec leur environnement monétaire ont-ils occupé une place importante dans les travaux de ce conseil.

Maintien de la prévision d’exportation de blé sur pays tiers à 11,5 Mt
    En blé tendre notamment, le marché mondial reste résolument acheteur, entretenant des cours haussiers. Fallait-il le rappeler, la France joue cette année, avec les Etats-Unis, un rôle de fournisseur majeur. FranceAgriMer a donc maintenu sans états d’âme sa projection d’exportation vers les pays tiers de 11,5 Mt et le Conseil note que la demande potentielle en blé français est évaluée à 13-14 Mt par les opérateurs. Fin octobre, les embarquements de blé français atteignaient déjà 4,5 Mt contre 2,3 Mt l’an dernier à la même époque. L’Algérie représente à ce stade la principale destination (28 %), suivie par l’Egypte (21%), l’Afrique subsaharienne (18 %) et le Maroc (16 %). S’agissant plus particulièrement du marché égyptien, emblématique cette campagne, la France conserve de loin, avec le nouvel achat du Gasc en date du jeudi 11 novembre la première place des ventes à ce pays, avec 1,7 Mt, soit 46 % des achats de l’organisme d’Etat, cette campagne ; les Etats-Unis interviennent pour 1,1 Mt, 29 % de ces achats. On notera que l’Australie ainsi que l’Argentine,  qui n’avaient pas vendu de blé à l’Egypte depuis plusieurs années, figurent dans les derniers appels d’offres (l’Argentine dans le premier, l’Australie dans les deux). L’Australie, notamment ayant ainsi vendu 230.000 t à l’Egypte en l’espace de trois semaines. Sur la deuxième partie de la campagne, l’arrivée sur le marché de la production australe peut constituer un facteur limitant du potentiel d’export français dans la deuxième période de la campagne. Cependant, souligne FranceAgriMer, c’est l’importance du retrait de la Mer Noire du marché mondial qui a favorisé les céréales européennes.

Les inconnues monétaires
    Un autre éventuel effet limitant des exportations européennes, plus particulièrement françaises, c’est l’évolution des parités monétaires. Deux facteurs de changement des rapports de change viennent tout récemment d’émerger : d’abord la décision de la banque centrale américaine d’injecter dans son économie 600 milliards de dollars qui a eu pour effet immédiat de faire baisser le billet vert et donc de renforcer la compétitivité des exportations américaines. Ensuite, les inquiétudes liées à la dette de certains Etats membres de l’Union européenne, susceptibles de provoquer une nouvelle phase de dépréciation de l’euro sur le marché des changes. On vient d’assister, en l’espace d’une semaine à ces deux phénomènes inverses, le plus surprenant étant quand même celui du net redressement du dollar.
    Le troisième facteur limitant à nos exportations de blé, c’est la modicité des disponibilités. Si la collecte française réalisée au 1er octobre, 20,5 Mt (signe sans doute de besoins de liquidités des producteurs après les très mauvais résultats financiers de la campagne 2009/2010), est la plus grosse depuis 1998/1999, elle devrait s’essouffler et s’achever sur un bilan de 32,1 Mt, inférieur de 3,5 % à celui de la dernière campagne, même si elle a été augmentée de 150.000 t par rapport aux prévisions d’octobre. Le stock de report est donc confirmé à 2,2 Mt, le plus bas de ces 5 dernières années.

Des expéditions d’orge vers les pays tiers exceptionnelles
    Nos partenaires européens achèteront moins d’orge française cette campagne, 500.000 t de moins, à 3,95 Mt, le marché de l’Union européenne étant encombré de céréales fourragères. En revanche, l’orge française, tout comme le blé, aura largement profité de l’absence de l’origine mer Noire, et l’objectif de 2,1 Mt d’exportation vers les pays tiers (Chine, Arabie saoudite) correspond à une augmentation de 200 % sur 2009/2010. Ce secteur avait bien besoin de ce débouché ; attaquant la campagne avec un stock de report de 3,14 Mt, les ressources se montaient au 1er juillet dernier, à 14, 5 Mt, malgré une modeste production de 10,2 Mt. Le report a d’abord été allégé par la revente du stock d’intervention, qui sera définitivement liquidé le 24 novembre (il restait 70.000 t) avec le reliquat de l’intervention européenne. La campagne s’achèverait néanmoins sur un report de 1,5 Mt, ce qui n’est pas mince. Contrairement au blé, les capacités d’exporta-tion d’orge sont larges.

Le maïs et la concurrence de l’importation
    Le bilan blé dur risque de se révéler lourd en fin de campagne (330.000 t) conséquence d’une forte récolte et d’un report important en début de campagne et malgré un bon courant d’exportation, vers l’Union européenne et les pays tiers.
    Le maïs bouge beaucoup au plan mondial, les différents rapports internationaux (CIC, USDA...) concluant à une baisse des stocks mondiaux, avec un effet haussier sur les prix. Nous analysons ces informations au fur et à mesure. Le marché français évolue dans le cadre plus étroit de l’offre et de la demande intérieures et communautaires. Dans l’instant, le maïs français a de la peine à pénétrer les débouchés ibérique et Nord communautaire en raison de la concurrence brésilienne. Sur le marché intérieur, la position du maïs est plutôt favorisée par la fermeté du blé, mais compte tenu de la volatilité de ce dernier, les choix des fabricants d’aliments pour animaux peuvent varier. En tout cas, FranceAgriMer a conclu à une fin de campagne avec un stock de report alourdi de plus de 400.000 t par rapport aux prévisions d’octobre, soit 2,6 Mt.

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