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FNSEA
Un été « difficile » pour les campagnes

L’envolée des prix des céréales ne compensera pas partout les pertes liées à la météo. De quoi pénaliser des comptes déjà lestés par la hausse du pétrole

LA FNSEA a tenu à faire le point sur les grands dossiers agricoles du moment en conviant la presse à une conférence “de rentrée”, même si ces derniers mois n’ont pas été synonymes de repos pour la profession, comme le souligne le président du syndicat, Jean-Michel Lemétayer. « L’été s’est avéré, une nouvelle fois, difficile pour les producteurs, chacun ayant souffert de la canicule », avant d’avoir à affronter, localement, un excès de pluies. Et dans certaines régions, la hausse des prix de vente ne suffira pas à contrebalancer les pertes de production. Une situation d’autant plus dommageable que les charges d’exploitation ne cessent de s’accroître avec un prix du baril qui a atteint des sommets cette année.

Gestion des déficits fourragers « plus compliquée qu’en 2003 »

Les conséquences de la canicule sont multiples. Elle a, on le sait, eu des effets directs sur les rendements céréaliers. L’impact s’avère néanmoins très hétérogène selon les régions. Les fortes chaleurs ont également beaucoup pesé sur les disponibilités en fourrages. Et « le déficit est beaucoup plus compliqué à gérer qu’en 2003 », malgré une prompte mobilisation, explique Jean-Michel Lemétayer. La raison ? Contrairement à ce qui s’était passé il y trois ans, où l’approvisionnement des zones les plus touchées avait pu s’organiser rapidement et efficacement, il n’y a cette fois pas de grande région touchée de manière homogène.

La Commission nationale des calamités agricoles doit se réunir avant fin septembre, « il faut qu’à ce moment un maximum de dossiers puissent être gérés », insiste le président du syndicat agricole majoritaire. Aussi, « une quarantaine de départements ont-ils été invités à accélérer le pas pour les enquêtes terrain », de manière à faire remonter les informations le plus vite possible jusqu’au ministère. Mais l’hétérogénéité des situations ne facilite pas la tâche. Le dossier s’avère d’autant plus difficile à conduire que le mois d’août a été pluvieux. « Certaines zones n’ont cependant pas eu d’eau depuis deux mois. » Le repérage des terres sinistrées est donc ardu, la ségrégation se jouant « parfois à l’échelle des communes ». Ironie du sort, certaines régions, du nord de la France, s’apprêtent même à déposer des dossiers de calamités pour excès d’eau. «Le moral dans les campagnes n’était déjà pas au rendez-vous. Là, certains sont désespérés. » « Même si les surfaces ne sont pas importantes, c’est très dur » pour un paysan de ne pas pouvoir récolter, témoigne en substance le président de la FNSEA.

D’un point de vue pragmatique, les producteurs font preuve d’attentisme dans la gestion de leur approvisionnement en fourrages. Ils alimentent, comme le fait Jean-Michel Lemétayer, leurs animaux avec leurs réserves d’hiver. Les exploitants dresseront leur bilan fourrager après la récolte de maïs (les besoins se portant cette fois plus sur ce type de matières premières). Cet état des stocks établi, il faudra identifier les régions susceptibles d’alimenter les zones déficitaires et les transferts à mettre en place.

Tenir compte de la hausse des charges intermédiaires liée à la flambée du pétrole

La baisse de rendements observée en céréales et oléagineux est très contrastée à l’échelle nationale. « La perte de 3 à 4 % de la moyenne des rendements nationaux masque des baisses beaucoup plus importantes dans certaines régions, qui ont enregistré des chutes de plus de 20 %. » Certes, un des effets directs de cet été caniculaire a été l’explosion des cours des céréales à pailles. Mais le représentant agricole assure que « la hausse des prix ne compensera pas les pertes des producteurs les plus touchés. »

A ces événements, liés aux aléas climatiques et pesants pour le revenu des agriculteurs, s’ajoute un handicap conjoncturel : la hausse du prix du pétrole. En 2006, ses cours évoluent à plus de 60 $ le baril. Par rapport à 2002 (où les coûts énergétiques étaient encore supportables pour les producteurs, selon le syndicat majoritaire), le surcoût lié à l’envolée de l’or noir pour l’agriculture française pourrait excéder le milliard d’euros. Le revenu agricole accuserait alors une perte de près de 10 % sur la période 2002-2006.

Au niveau de l’exploitation, si l’on se base sur un modèle de type céréalier, « les charges énergétiques pourraient avoir doublé » en cinq ans, insiste Jean-Michel Lemétayer qui s’étonne à cet égard que les imprimés de remboursement de la TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers), qui couvre les charges directes d’utilisation du gasoil, n’aient pas encore été envoyés alors que le gouvernement s’était engagé à la prendre en charge au 1 er semestre. Il renchérit : « Et qu’attend-il pour annoncer la prise en charge pour le second ? » Pour lui, « le gouvernement ne semble pas prendre la mesure de la situation ». Le FNSEA entend, d’ailleurs, réclamer la mise en place d’un chèque énergie pour tenir compte des conséquences de la hausse des consommations intermédiaires (engrais, phytos, plastiques,…), liée à la flambée du prix du pétrole.

Clarifier l’avenir des politiques agricoles

L’ensemble de ces dossiers vise, entre autres, à assurer le revenu des agriculteurs, qui se résume, selon le président de la FNSEA, en « un combat permanent entre les prix et les charges ». Un équilibre essentiel au moral des campagnes au même titre qu’une « bonne lisibilité en matière de politique agricole ». Une clarification, au niveau européen comme international, serait, à cet égard, selon Jean-Michel Lemétayer, plus que nécessaire pour que les producteurs puissent « avoir confiance en l’avenir ».

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