Aller au contenu principal

Dossier "Protéine en nutrition animale"
« Un essai en protéine d’herbe sur le porc »

Eric Frog, spécialiste de la nutrition animale biologique au Seges (centre de recherche appliquée agricole danois).
© Yanne Boloh

La Dépêche-Le Petit Meunier: Pourquoi se lancer dans la protéine d’herbe?

Éric Fog: L’UE est dépendante de protéines importées comme le montre le rapport de la Commission européenne de novembre. L’effet des productions animales sur le changement climatique doit être allégé et les pâtures séquestrent plus de carbone que les cultures. L’herbe, notamment quand elle comporte beaucoup de légumineuses comme le trèfle, a besoin de moins d’azote que les cultures, voire elle leur en restitue ce dont les cultures bio ont besoin. Dans un contexte de forte progression de la demande bio alors qu’il est difficile de se procurer localement les protéines exigées par les animaux, nous pensons que la protéine d’herbe a un réel potentiel.

 

LD-LPM: Où en est la recherche danoise?

E. F.: Nous avons des années d’expérimentation avec l’université d’Aarhus et la mise en place d’une bioraffinerie pilote qui combine la production de protéines pour les monogastriques bio avec l’élaboration de biogaz et l’utilisation des digestats pour le bio. Nous allons mettre en route une installation de démonstration de bioraffinage (dix fois la taille de la précédente station-pilote). Le process passe par une première pression avec l’extraction d’une partie des protéines pour les ruminants, puis la fermentation du reste qui donne une fraction liquide, dirigée vers le méthanisateur dont les digestats partiront en fertilisation des cultures bio, et une “pâte protéinée” pour les monogastriques, avec des taux de protéines supérieurs à 30 %.

 

LD-LPM: Quels sont les avantages nutritionnels de cette protéine d’herbe?

E. F.: Notre mélange variétal d’herbe, riche en trèfle, assure en cinq coupes, une production d’environ 13 t de matière sèche par hectare (t MS/ha), soit légèrement plus que la luzerne (12 t MS/ha). Dans les deux cas, nous arrivons à 2,6 t de protéine par hectare, contre 1,05 t pour un hectare de soja aux États-Unis. Notre herbe, comme la luzerne, assure une production de 200 kg de lysine et de 90 kg de méthionine par hectare, contre seulement 65 kg de lysine et 14 kg de méthionine pour le soja. Dans les essais que nous avons déjà réalisés, l’apport de 12 % de protéine d’herbe dans la ration des poules pondeuses ne dégrade pas le taux de ponte tout en renforçant la couleur du jaune. En poulet de chair, 8 % de protéine d’herbe, qui apportent 13 % de protéines brutes, ne modifient pas le taux de croissance, mais renforcent la couleur de la chair et sa teneur en oméga-3. Nous avons lancé une expérimentation sur le porc en novembre 2018 et nous attendons donc les premiers résultats au printemps. La protéine d’herbe représente, dans ce test, 48 % des protéines. Nos analyses, établies sur une installation de 20 000 t de matière sèche d’herbe riche en trèfle par an, montrent toutefois que le projet de bioraffinerie complet n’est économiquement supportable ni pour l’alimentation animale conventionnelle, ni pour le non OGM, mais qu’il est parfaitement viable pour le bio. Nous allons aussi faire des tests pour l’alimentation humaine.

Les plus lus

Champ de blé tendre.
Moisson 2025 : l'espoir renaît pour les cultures d'hiver malgré des contrastes régionaux

Des moissons d’orges qui démarrent, suivies dans une quinzaine de jours par la récolte des blés, des colzas prometteurs, mais…

Canal Seine-Nord Europe : les travaux vont entraîner la fermeture du canal du Nord pendant de nombreux mois

Outre le problème du financement et de la construction des plateformes multimodales, la construction du canal Seine-Nord…

Une moissonneuse batteuse en action pour la moisson 2025 dans un champ de blé avec les drapeaux de l'Ukraine et de l'UE en arrière plan.
Droits de douanes sur le blé ukrainien : quel effet pour le blé français ?

Depuis le 6 juin 2025, l’Union européenne a rétabli des quotas et des droits de douane sur les importations de céréales…

culture de maïs sur fond de ciel bleu nuageux.
Moisson 2025 : une semaine décisive pour le potentiel de production des cultures de printemps

Pois, féveroles, orges, maïs, tournesols… Les cultures de printemps tiennent bon, mais les fortes températures inquiètent.

Les présidents de la Fefac (Pedro Cordero), à gauche, et d’Assalzoo (association de référence de l’industrie italienne de l’alimentation animale), Silvio Ferrai, à droite.
Nutrition animale européenne : la Fefac inquiète face à l'application du règlement sur la non déforestation importée

Si les experts de la Fédération européenne des fabricants d'aliments composés (Fefac) estiment que l’année 2025 sera assez…

Graphique des indices de prix de farine par utilisation et du blé spot Matif.
Meunerie française : des prix de farine qui suivent la tendance baissière des cours du blé tendre depuis 2023

L’Association nationale de la meunerie française (ANMF) a publié ses chiffres clef pour l’année 2024. Une année en demi-teinte…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne