Greenea
Un courtier français s'impose dans la filière Biocarburant
Le courtier français, ancré dans les secteurs des huiles alimentaires usagées, des graisses animales et du biodiesel déchet, entend renforcer son rôle d'opérateur majeur sur ces segments et se lancer sur le marché de la glycérine.



« Notre métier est de vendre des huiles de friture, des graisses animales et du biodiesel déchet, qualifié également de biodiesel double comptage*, explique Fabien Hillairet, le président de Greenea, entreprise de courtage et de conseil. Nous sommes le premier –car le seul– courtier français spécialisé dans le biocarburant en France, et le troisième à l'échelle européenne, sur les cinq existants. » Fondée en 2007 à Coivert (Charente-Maritime), la société « a concentré toute sa croissance, essentiellement, sur le segment du double ”comptage », avec « une moyenne annuelle de croissance de 18 % depuis 2011 ». Cet essor fait suite à la parution de l'arrêté du 26 avril 2010 portant sur les conditions dans lesquelles sont pris en compte les esters méthyliques d'huile animale (EMHA) ou alimentaire usagée (EMHU) en minoration de la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) liée à la mise à la consommation de carburants.
Nous traitons 50.000 t par mois d'huiles de friture, de graisses animales et de biodiesel déchet.
« Sur ce marché physique de gré à gré, nous traitons chaque mois 50.000 t de marchandises : des matières premières, dont nous organisons et gérons la logistique en camion-citerne à travers l'Europe, et du biodiesel, dont 70 % sont des carburants produits à partir de déchets. » Si, à l'origine, son activité était exclusivement consacrée au courtage de matières premières en France et ses pays limitrophes, au fil du temps, le biodiesel a pris de l'ampleur pour représenter aujourd'hui la majorité des volumes traités, axés pour plus des deux tiers à l'international (Europe, Afrique, Amérique du Sud et Asie).
La glycérine comme nouvel axe de développement
Distingué aux Energy Risk Awards 2015 en tant que “meilleur courtier en biocarburant pour son analyse de marché” (cf. encadré), Greenea compte utiliser cette récompense comme « argument commercial pour se différencier de ses concurrents », afin d'accroître les volumes sur ses marchés historiques et se diversifier.
« Nos ambitions de développement sont, d'ici la fin de l'année 2015, de doubler nos importations d'huiles alimentaires usagées en provenance d'Asie pour atteindre les 4.000 t/mois et d'accroître de 20 % celles d'Amérique centrale et du Sud, à 2.000 t/mois, détaille Fabien Hillairet. Nous comptons, de plus, renforcer notre présence sur le marché allemand du biodiesel et de ses matières premières, avec l'embauche d'une personne d'ici l'été, et entrer sur le marché du courtage de glycérine, avec le recrutement d'un autre collaborateur d'ici octobre. » La glycérine, coproduit du biodiesel, « est, principalement, un marché d'export vers la Chine et l'Asie », précise le président de Greenea.
Ce dernier regarde, par ailleurs, l'évolution du secteur de l'hydrotraitement d'huiles végétales aux mains des pétroliers. Consistant à produire un carburant de synthèse « de qualité super premium », il pourrait « se développer à moyen terme si les pétroliers trouvent une solution économique pour traiter les matières premières résiduelles ». Une nouvelle filière prometteuse, sur laquelle le courtier français confie « s'intéresser de très près ».
* Selon la directive européenne sur les énergies renouvelables, concernant l'incorporation de biodiesel dans le gasoil, « la contribution des biocarburants produits à partir de déchets (…) est considérée comme équivalent à deux fois celle des autres biocarburants », c'est-à-dire ceux de la première génération, issus d'huiles végétales.
« La France, avec une consommation de 140 kt/an de biodiesel produit à partir de déchets (en plus des 2,7-2,8 Mt de biodiesel issu d'huiles végétales), est le 4e plus gros marché européen des biocarburants de nouvelle génération, loin derrière le Royaume-Uni qui consomme plus de 700 kt/an, suivi de la Hollande et de l'Allemagne avec 300 kt/an », analyse Greenea. En parallèle de sa production de biocarburants issue d'huile végétale (colza voire soja, palme et tournesol, en fonction de l'arbitrage sur les prix), l'Hexagone a produit, en 2014, environ 60 kt d'ester méthylique d'huile alimentaires usagée, 60 kt à partir de graisse animale de catégories 1 & 2, et environ 25 kt à partir de graisse animale de catégorie 3. « En 2015, on estime que la production de biodiesel produite à partir d'huile alimentaire usagée devrait se développer de 5 % en 2015, et celle à partir de graisse animale de catégorie 1 de 25 %, pour dépasser les 75 kt/an », indique Greenea. Malgré cela, la France est le 5e acteur européen dans les productions de biocarburants à partir d'huiles et de graisses animales résiduelles derrière le Royaume-Uni (premier pays producteur), suivie de l'Allemagne, la Hollande et l'Espagne. À ce titre, l'UE a produit en 2014 autour de 1,1 Mt de biodiesel à partir d'huile résiduelle et 400 kt à partir de graisse animale de catégories 1 & 2.