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Ukraine : la dévaluation de la hryvnia pèse sur les investissements

L'instabilité économique engendrée par la crise politique pèse sur la monnaie nationale. Un phénomène qui freine le dynamisme des entreprises et pourrait perturber les marchés céréaliers à plus ou moins long terme.

Depuis le refus du gouvernement ukrainien de signer l'accord avec l'UE fin novembre dernier, Kiev est le théâtre de manifestations plongeant le pays dans une certaine instabilité économique. Si les exportations ukrainniennes de céréales se sont révélées importantes ces dernières semaines, la situation, même si elle semble s'améliorer ces derniers jours (cet article a été rédigé les 6 et 7 février), reste préoccupante.

Climat difficile pour les affaires

«Le climat n'a jamais été aussi mauvais en Ukraine pour les projets étrangers», constate Pascal Hieronimus, co-gérant de la société EstExpansion basée à Kiev, qui conseille et accompagne les ” entreprises françaises dans leurs projets en Ukraine. « Pour l'instant, tout le monde est dans le brouillard et les investisseurs se montrent attentistes » rapporte-t-il. « Pour nous, l'impact de la crise en Ukraine est direct déplore Ki-rill Risev, responsable Marché chez Chopin Technologies. Nos cahiers de commandes sont complètement vides à destination de l'Ukraine depuis le début de l'année. Nous avons le sentiment que les sociétés ukrainiennes attendent la fin des évènements pour réinvestir dans du matériel de laboratoire. » Certes, le début d'année est toujours un peu plus lent dans ce pays, mais le ralentissement est autrement plus important que d'habitude. « La tendance est à la baisse depuis deux ans, du fait d'un taux d'équipement important dans les grosses entreprises du secteur, qui ont pu investir plus facilement. Mais il reste encore de nombreuses petites structures locales à démarcher », explique-t-il. Le climat politique incertain et son impact sur la monnaie qui recule n'arrangent pas les choses.

Le climat pour les entreprises n'a jamais été aussi mauvais en Ukraine

La chute de la monnaie ukrainienne pourrait devenir problématique

Principale conséquence économique visible de la crise politique en Ukraine, la chute de la monnaie nationale, la hryvnia. Si l'on se réfère au taux officiel affiché par la banque centrale ukrainienne, la devise a perdu près de 10 % sur la journée du 6 février, franchissant la barre psychologique des 9 hryvnias pour 1 dollar US. Ce vendredi, la monnaie continuait de reculer. Un retrait déjà constaté depuis plusieurs semaines au regard des taux interbancaires, plus fiables que les données officielles. Sur le terrain, cette dévaluation fait craindre à certains une rétention des producteurs de grains payés en hryvnia. Une inquiétude non vérifiée pour le moment, l'Ukraine affichant des chiffres de ventes de céréales record.

Au 27 janvier, selon les chiffres du cabinet des ministres ukrainiens, le pays a exporté au titre de la campagne de commercialisation 2013/2014, 11,7 Mt de maïs, 6,95 Mt de blé et 2 Mt d'orge, soit une progression de 33,5 % par rapport aux chiffres de la campagne précédente à la même époque. Le constat de volumes moins importants en janvier s'explique par les conditions météorologiques difficiles gênant la logistique. Une situation classique dans cette zone géographique. « Les chargements ont été très rapides en décembre, et le pays dispose encore d'environ 3 Mt de blé pour le marché mondial », note Olivier Bouillet, directeur exécutif du bureau d'Agritel à Kiev. Il ajoute que les ports disposent de quinze jours de stocks de maïs, relativisant le risque de rétention des producteurs.

Si la crise se poursuit, l'investissement pourait ralentir, avec une impact sur la mise en culture de la prochaine récolte

Pour Charles Vilgrain, directeur général délégué de la société AgroGeneration, un des cinq premiers producteurs agricoles en Ukraine, « la baisse de la monnaie ne devrait pas engendrer de frein à l'export, les prix des céréales départ ferme suivant les cours mondiaux ». Par contre, le dirigeant met en garde contre une poursuite de cette baisse de la monnaie nationale. « Si la crise ne trouve pas de solutions et continue de produire ses effets sur la monnaie, la déstabilisation de l'économie pourrait être plus forte, les emprunts pourraient coûter plus cher et l'investissement ralentir. Ce qui aurait des conséquences sur les mises en culture, les achats d'intrants… »… Et pourrait de fait peser sur la production. Mais il ” reste optimiste. « L'Ukraine n'est pas le seul pays à observer une dévaluation de sa monnaie. Et comparé à d'autres pays où celle-ci était inévitable et justifiée comme l'Argentine, la situation pourrait s'améliorer rapidement en Ukraine si le climat politique se stabilise ». Après quelques signes d'ouverture du gouvernement vers l'opposition, la Banque centrale de l'Ukraine introduisait, le 7 février, « par précaution » une limitation « temporaire » des achats de devises étrangères sur le marché interbancaire. Les prémices d'un retour à la stabilité ?

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