TTIP : perte de 10 % des volumes de viandes rouge UE
Toujours en négociation, le projet d'accord commercial entre l'UE et les Etats-Unis, TTIP (transatlantic trade and investisment partnership), aurait un impact négatif sur les productions de viande et de céréales dans l'UE, selon le Cepii.
S « ur l'industrie et les services, le TTIP permettrait des gains non négligeables pour l'UE. Mais, si on se concentre sur l'Agriculture, les Européens ne sont pas gagnant globalement », estime Charlotte Emlinger, économiste au Cepii. Un constat très clair au regard des protections douanières et des mesures non tarifaires pratiquées de part et d'autres de l'Atlantique. Selon une étude du Cepii (juillet), les viandes rouge et blanche observeraient des baisses de production significatives dans l'UE à l'horizon 2025.
Recul de la production de viandes rouges de près de 10 %Partant du postulat que l'accord en discussion débouchera sur une suppression progressive mais totale des droits de douanes et de 25 % des mesures non tarifaires (normes sanitaires, environnementales...), l'étude du Cepii prévoit une baisse des volumes européens de viande rouge, conséquente à l'application du TTIP, de 10 % d'ici 2025. Un chiffre qui pourrait être supérieur car « les États-Unis produisent peu de bœufs sans hormones, du fait des contingents limitant l'entrée dans l'UE. Si ces derniers venaient à disparaitre, les USA pourraient en produire davantage et en expédier dans l'UE », explique C. Emlinger. Les volumes de viande blanches baisseraient de presque 6 %. De leur côté, les céréales afficheraient un recul de production de plus de 2 % au sein de l'UE. C'est surtout au niveau du maïs que la compétitivité de l'agriculture US pèsera sur nos volumes. En revanche, la production d'huiles végétales pourrait être dopée par l'accord. Côté export, il apparaît que les viandes blanches et rouges afficheraient des hausses à 3 chiffres, mais « il s'agit surtout de produits transformés et le niveau de hausse est surtout dû à la faiblesse actuelle des volumes exportés », nuance C. Elinger. Finalement, seuls les fromages, les produits sous IGP, les vins et l'huile d'olive sortiraient gagnants.
Coopération réglementaire et tribunal d'arbitrageL'accord TTIP prévoit la création d'un forum de coopération réglementaire, destiné à harmoniser les normes entre l'UE et les Etats-Unis, et d'un organe de règlement des différends pour protéger les investissements étrangers. En s'adressant à un tribunal arbitral, une firme US pourrait attaquer un État de l'UE pour une législation portant atteinte à son activité, et inversement. Si la question de l'interdiction des OGM ou du bœuf aux hormones (mesures non tarifaires) dans l'UE ne sont pas sur la table des négociations du TTIP a priori, rien ne permet d'écarter d'un revers de main leur remise en question via ces outils. Une crainte à relativiser toutefois selon C. Emlinger : « S'accorder sur les normes reste difficile. Les européens commes les américains veulent protéger leurs modèles . Les craintes sont partagées ».