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États généraux de l’alimentation
"Travailler sur la demande" pour sortir de la crise

Les représentants des coopératives ont insisté sur la nécessité de multiplier les débouchés de niches et de mieux répondre aux attentes des consommateurs, afin de capter la valeur ajoutée, dans le cadre des États généraux de l’alimentation (EGalim).

Dans un contexte de prix des produits agricoles déprimés et où les consommateurs finaux sont de plus en plus exigeants, les coopératives ont rappelé et détaillé leurs solutions, qui seront présentées lors des prochains ateliers des États généraux de l’alimentation (EGalim). Les distributeurs, pointés du doigt pour leur action déflationniste, « ne sont pas les seuls responsables. […] Il est important de travailler sur la demande pour faire remonter les prix », a déclaré Olivier Dauvers, président du Think Tank Agroalimentaire, lors de la 8e Conférence européenne des coopératives agricoles le 19 septembre à Paris, dans le cadre des EGalim. « La transparence sur les produits transformés doit être renforcée […] Il faut multiplier les marchés de niche, réorienter les achats des industriels sur les produits français, organiser la publicité de la contractualisation et en faire un élément de la politique RSE des entreprises », soutient l’expert.

Dans les Hauts-de-France, la conquête de la valeur ajoutée est au centre des préoccupations. « Notre région est le terrain de jeu des industriels belges », soulignait un agriculteur lors de la 1re rencontre décentralisée des EGalim à Dunkerque le 20 septembre. Les céréales vont se transformer en aliments dans le Benelux et reviennent en France sous forme de volailles, de porcs, fait remarquer ce dernier. Ce à quoi répond Christophe Buisset, président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France : « Il est indispensable de réfléchir à la création de valeur via la production d’ingrédients à travers les nouvelles technologies ». La région est bien équipée pour répondre à ces besoins, avec la présence de nombreuses institutions de recherche privées (Roquette, Lesaffre, Ingredia…) et publiques (Pôle IAR, Nutrition, Santé, Longévité…), signale ce dernier.

L’exemple de McDonald’s rappelé

La contractualisation entre McDonald’s et la coopérative de Boisseaux pour l’achat de blé tendre est un exemple à suivre, selon les intervenants de la 8e Conférence européenne des coopératives agricoles. « Nous avons signé un contrat pluriannuel en 2016, pour trois ans, à prix d’achat fixe, actuellement 40 €/t supérieur au marché en moyenne », remémore Patrick Durand, président de la coopérative de Boisseaux. Rémi Rocca, directeur des achats chez McDonald’s, rappelle qu’une prime additionnelle de 15 €/t est payée aux producteurs respectant les bonnes pratiques agricoles et que « les 40 000 t de blé améliorant achetées sont 100 % d’origine française ».

« Dans les années 90, nous n’avions pas d’avenir, vu notre petite taille, dans une zone à forte concurrence [la Beauce, NDLR]. La stratégie a donc été la diversification et la qualité, permise par le partenariat avec McDonald’s », détaille Patrick Durand. Ce dernier indique que la coopérative souhaite également des contrats pluriannuels pour ses orges de brasserie. Toutefois, le système de prix ne serait pas toujours bien vu par les agriculteurs. « Aujourd’hui, les prix sont déprimés, donc, tout le monde y trouve son compte. Mais qu’arrivera-t-il si les cours rebondissent ? Certains agriculteurs ont l’impression de perdre de l’argent avec les prix fixés à l’avance si les marchés flambent, et préfèrent ne pas s’engager », tempère Patrick Durand. Quant aux céréales bio, « le débouché est intéressant, mais on ne peut assurer l’homogénéité des volumes actuellement », déplore ce dernier.

L’export ne doit pas être négligé

La Confédération paysanne a boycotté la 1re rencontre sur Dunkerque, estimant que cette dernière était trop centrée sur les exportations de céréales, ne couvrant donc pas les objectifs des EGalim, censés promouvoir une alimentation saine et durable. Que nenni, répond la Sica Nord Céréales ! Pour cette dernière, il s’agit aussi de trouver de nouvelles pistes pour sortir les agriculteurs français de l’asphyxie, par l’amélioration de la qualité des blés, porte d’entrée aux marchés mondiaux. Olivier Dauvers ajoute que « les prix du blé tendre à l’exportation ne sont pas rémunérateurs actuellement. Mais le marché français n’a pas la capacité d’absorber toute la marchandise. Ainsi, si on n’exporte pas, ce sera encore pire ».

La surtransposition des normes et les distorsions de concurrence entre la France et les pays européens ont bien entendu été dénoncées lors de la 8e Conférence européenne des coopératives agricoles. Guillaume Garot, président du Conseil national de l’alimentation, a tenu à répondre aux critiques. « Il faut regarder sur le long terme. Une meilleure qualité de nos produits nous ouvrira d’autres marchés. […] On est bien content d’avoir des normes pour savoir ce qui est bon ou pas et contrôler les fraudeurs », faisant notamment référence à la crise du fipronil.

Les céréales partant pour la Belgique reviennent sous forme de porcs, de poulets…

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