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Journée Céréales Port de Rouen
Tous les regards tournés vers 2008

La Journée Céréales du Port de Rouen s’est déroulée le mercredi 5 mars dans un contexte d’incertitudes quant à la récolte à venir

PREVISION. On connaît le proverbe « les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel ». Mais comme l’a fait remarquer l’incontournable Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine, le 5 mars à l’occasion de la journée céréales organisée par le Port de Rouen, aujourd’hui, « le ciel est presque atteint ». Car bien sûr, toutes les discussions des opérateurs étaient tournées vers cette campagne de commercialisation 2007/2008 atypique et particulièrement ingérable. Et vue la situation actuelle, tous les regards se tournent désormais vers une récolte 2008 prometteuse, mais qui ne renflouera en rien la forte baisse des stocks mondiaux. D’autant que la situation est suspendue au bon vouloir de la météo et, d’ici la moisson, beaucoup d’évènements peuvent encore changer la donne…

Une fin de campagne étriquée

Comme nous l’indiquons chaque semaine dans notre hebdomadaire, les principaux exportateurs ont quasiment épuisé leurs disponibilités. Etats-Unis, Russie, Ukraine, Kazakhstan… Tous ces pays ont vu leur capacité exportatrice fondre comme neige au soleil. Début février, l’USDA prévoyait les stocks de fin de campagne les plus bas depuis 1947/1948, en raison notamment de l’accroissement des exportations. Le gouvernement russe a de son côté prolongé jusqu’au 1er juillet les taxes à l’export mises en place sur le blé, initialement prévues pour être abandonnées au 30 avril. Les ventes ukrainiennes sont quant à elles encore sous quotas.

Des populations à nourrir

En face, les acheteurs sont toujours au front. « Des émeutes ont failli se déclencher en Algérie, au Maroc et en Egypte », a rappelé Pierre Duclos, de chez InVivo. Les gouvernements n’ont pas les moyens d’attendre pour acheter… Et ils doivent payer le prix fort. Malgré la faiblesse du dollar, ces pays se voient forcés d’opter pour du blé européen, voire français, l’un des rares encore disponibles. Pour la première fois de la campagne, l’Egypte a donc acheté 120.000 t de blé français. Avantage tout de même par rapport à leurs homologues américains, le coût du fret, qui permet à la tonne de céréales d’arriver sur place pour 20 à 25 euros de moins. Défavorable aux importateurs, le contexte mondial actuel pourrait faciliter la vie des Européens. Entre l’Afrique noire, le Maghreb et l’Egypte, les Vingt-sept pourraient trouver à vendre plus de 1,5 Mt de blé d’ici la fin de la campagne 2007/2008, ce qui les conduirait à résorber son stock de report pour la campagne 2008/2009.

Une récolte 2008 prometteuse

La plupart des professionnels présents à Rouen évoquaient déjà une récolte 2008 prometteuse. A l’appui le dernier rapport du Conseil international des céréales (CIC), dont nous avons fait paraître l’essentiel des informations dans notre dernière édition. En annonçant une production de blé mondiale de 646 Mt, le Conseil confirme, en les augmentant, ses ambitieuses prévisions de janvier, qui s’élevaient à 642 Mt. Deux idées viennent soutenir les prévisions du CIC. Tout d’abord la hausse des emblavements, évaluée à 3 %. La sole mondiale s’élèverait donc à 221 Mha. Séduits par la flambée des prix, les producteurs ont privilégié le blé. Les Européens ont par exemple augmenté de 6,6 % les surfaces en blé tendre, tandis que la sole de colza perdait 6,4 %.

La météo sous surveillance

Seconde idée forte : l’absence jusqu’alors d’incidents climatiques chez les principaux exportateurs mondiaux, Amérique du Nord, Europe et Australie, notamment. La récolte des 27 augmenterait de 15 % par rapport à 2007, tandis qu’en Ukraine, elle gagnerait 30 %. En Australie, le CIC prévoit un quasi-doublement de la récolte, si l’absence de sécheresse perdure. Et en Amérique du Nord, la production enregistrerait plus de 11 % de progression. Un risque intégré par le marché. Pour Pierre Duclos, compte tenu de ce contexte, une cotation de 380 €/t pour du blé nouvelle récolte fob Golfe du Mexique ne correspond pas à la réalité. Sauf que rien ne dit aujourd’hui avec certitude que la récolte mondiale va passer au travers de tous les incidents climatiques. « Le marché intègre dès maintenant le risque d’un déficit de production,explique l’expert. Si cet événement intervenait, le danger serait fort ». La sécurité alimentaire mondiale pourrait être difficile à assurer, car les stocks mondiaux sont loin d’être reconstitués.

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