Tournesol Bio : la baisse de moitié de la récolte 2015 rend urgente la structuration de la filière

Le cru 2015 du tournesol Bio français est estimé catastrophique par les collecteurs : la récolte serait divisée par deux par rapport à l'an dernier, qui comptabilisait 15.600 t(1). Outre des surfaces semées en recul, les conditions climatiques ont impacté fortement les rendements et la qualité des cultures non irriguées, assez représentatives en bio. « Les prix vont devoir soutenir les producteurs, sinon le tournesol sera délaissé, surtout avec des coûts de production élevés, en raison du prix de la semence », alerte Claude Choux, directeur de Fermebio.coop(2). Le marché s'annonce tendu et risque l'emballement, d'autant plus que la demande en tourteaux Bio tracés et de qualité des fabricants d'aliments pour animaux (Fab) s'est renforcée. L'arrêt, en juin dernier, des importations ukrainiennes de tournesols High pro, très attractifs, en est la cause directe. La suspension, par l'UE, de l'agrément bio à l'organisme certificateur turc Etko intervenant en Ukraine, modifie les approvisionnements, et les relocalise en partie sur la France. Et les Fab Bio ne peuvent se passer de tourteaux de tournesol pour sa teneur en méthionine, les acides aminés de synthèse étant interdits par le cahier des charges Bio.

Pour aider la filière à s'organiser, le Synabio, syndicat des transformateurs bio, travaille, en lien avec la commission Bio de Coop de France et Terres Univia, sur l'élaboration de premiers bilans fiables et la mise en relation des opérateurs, collecteurs, huiliers et Fab. En Bio, l'huile de tournesol ne constitue pas, jusqu'à présent, un débouché très porteur. L'alimentation humaine Bio privilégie, pour des raisons diététiques, celles de colza et d'olive, issues de la première pression à froid. Et ce, même si le marché évolue avec des demandes en huile de tournesol oléique en hausse en substitution à l'huile de palme, pour des usages en agroalimentaire et en restauration collective. Le tourteau reste le principal débouché.

L'urgence est de pérenniser et sécuriser la filière.