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Terres Inovia : le salut de la féverole passe par les OS

Alors que la météo cet été faisait craindre le pire, les récoltes de colza et de pois sont finalement meilleures qu'attendues. La déception est cependant de mise concernant la féverole. Les OS auront un rôle clef pour redynamiser la filière.

B « ien que les experts s'attendaient à des rendements aux alentours de 33-34 q/ha le mois dernier (cf. n°4116, p. 1), conséquence d'une météo peu clémente durant l'été (sécheresse), les résultats (presque) définitifs s'avèrent meilleurs. Selon un communiqué de presse commun de Terres Univia et Terres Inovia datant du 27 août, le rendement moyen national s'établit à 35 q/ha, donnant une production de 5,2 Mt. Les très bons résultats au nord de la Loire ont compensé les mauvais dans le quart Sud-Ouest du pays.

Vers un rendement inférieur à 28-30 q/ha en féveroles

En revanche, la féverole, dont le cycle est plus tardif que les autres cultures, n'a pas été épargnée par le déficit hydrique. Malgré une hausse des surfaces de 10 % par rapport à la campagne antérieure, ” soit 84.000 ha, les rendements nationaux sont très hétérogènes, dans une fourchette large de 20 à 35 q/ha. Seuls les résultats dans le Nord, où la productivité s'affiche à 45 q/ha, permettent de limiter le pessimisme ambiant. Selon les institutions expertes, la production devrait diminuer, et ce malgré la hausse des surfaces. « Il est très difficile de se prononcer. La collecte est réalisée à 90 %, et il n'est pas sûr du tout que les rendements atteignent en moyenne les 28-30 q/ha », estime Fabien Lagarde, directeur du Développement et de la Communication de Terres Inovia. Les 269.000 t annoncées par Agreste en août 2015, basées sur un rendement de 2830 q/ha, paraissent bien optimistes.

Il faut traiter les graines de féverole dans les silos, à l'image de ce que fait l'Australie.

Conséquence de cette mauvaise campagne, « cela pourrait décourager des producteurs de ressemer », souligne l'expert de Terres Inovia. Et ce, d'autant que la maîtrise de la culture, spécialement du côté phytosanitaire, s'avère compliquée. « Les produits actuels sont peu efficaces pour lutter contre la bruche, notamment », détaille-t-il. Ce problème de bruche n'est pas nouveau et s'amplifie depuis la suppression d'un produit phytosanitaire il y a quelques années en France. Ensuite, Terres Inovia suspecte l'apparition de résistance aux produits cette année. « Ce n'est pas encore sûr, mais on sera en mesure de répondre à la question en début d'année prochaine », annonce Fabien Lagarde. Des tests restent encore à effectuer.

Conquérir le débouché de l'alimentation animale

La conquête des marchés étrangers s'avère dans ce contexte compliquée. Selon le communiqué de presse, les exportations françaises vers l'Égypte sont tombées à 87.000 t en 2014/2015, contre 245.000 t en 2010/2011, essentiellement du fait du taux de grains bruchés. Et les concurrences australienne et canadienne font rage. Mais des solutions existent pour lutter contre l'insecte. « Il faut traiter le problème dans les silos, au niveau des OS (Organismes Stockeurs). En Australie, ils traitent systématiquement par fumigation les silos afin de tuer les larves dans les grains. Ils diminuent ainsi la population et n'ont pas besoin de traiter au champs », explique Fabien Lagarde. Cela implique néanmoins des investisse-” ments de la part des OS français, notamment dans des silos étanches, selon l'expert. Par ailleurs, « Terres Univia recommande d'autres débouchés, comme l'alimentation animale française », selon le responsable de Terres Inovia. Pour cela, les 2 organismes réfléchissent à des so-lutions pour augmenter le taux de protéine. Un travail des OS est nécessaire. « Cela passe par un tri et un dépelliculage partiel des grains », d'après lui.

Augmenter le taux de protéines des féveroles par un dépelliculage partiel des féveroles.

Réduire les importations françaises de protéines de 10 %

Le communiqué de presse conjoint de Terres Univia et Terres Inovia du 27 août rappelle que l'indépendance en protéines végétales françaises est actuellement assurée à 50 %. « L'objectif est d'atteindre environ 60 % d'indépendance », souligne Fabien Lagarde, directeur du Développement et de la Communication de Terres Inovia. Cela passe par la recherche et l'implantation du soja en France, « qui bénéficie d'une bonne dynamique. Des plans régionaux se mettent en place un peu partout », s'enthousiasme-t-il. Actuellement, « les rendements devraient tourner à 27-33 q/ha sur les parcelles irriguées et à 20 q/ha en sec, un chiffre à confirmer. » La bonne qualité des tourteaux français, garantis sans OGM, et des coûts logistiques moindres permettent de lui donner une meilleure compétitivité par rapport aux produits étrangers, souligne l'expert.

Les pois d'hiver ont le vent en poupe

En pois, les performances sont inattendues pour les 2 organisations. Les cultures de printemps ont souffert de la sécheresse sur l'ensemble du territoire, mais moins dans le Nord. Et les bons résultats des variétés d'hiver ont permis de compenser les pertes. En moyenne, le rendement national est estimé à 42 q/ha, sur une surface de 155.000 ha, en hausse de 13 % par rapport à 2014, pour une production évaluée à 650.000 t. « Vu les bons résultats, on pourrait voir les surfaces augmenter l'an prochain, surtout concernant les variétés d'hiver », se réjouit Fabien Lagarde.

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