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Space 2014 : la filière Volaille inquiète sur son avenir
Alors que Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, s'est montré optimiste pour la filière avicole française, les industriels ont fait part de leurs craintes concernant l'embargo russe et la fin des restitutions à l'export.

Inauguré avant même son ouverture par un ministre de l'Agriculture pressé par l'actualité politique, le Space 2014 a de nouveau donné la parole à la filière volailles. Stéphane Le Foll a tenu des propos optimistes : « la filière volaille export est en train de renaître », et félicité le groupe Doux qui, selon lui, « dégage un cash flow positif ». Daniel Sauvaget, le dirigeant de Tilly Sabco, l'autre société spécialisée en volaille export, n'est pas d'accord. Et il l'a écrit dans un courrier qui, adressé au ministre, avec copie aux élus CE de Tilly Sabco et des représentants de la filière avicole française, a circulé lors du Space : « je regrette de porter un message beaucoup plus négatif », dit-il. Le dirigeant explique que depuis le début de l'année, les prix de vente FOB des poulets entiers ont toujours été in-” férieurs à 1.900 $/t et que la récente évolution de la parité euro/dollar s'accompagne d'une dégradation tarifaire sur la zone. « Nous ne sommes pas en mesure de préserver nos parts de marché au Moyen-Orient sans mise en œuvre d'un mécanisme d'aides qui se substituerait aux restitutions, même si celui-ci devrait irriguer l'amont de la filière pour mieux cadrer avec l'esprit de la nouvelle PAC ». Le dépôt de bilan de Tilly Sabco paraît inéluctable. L'inquiétude est forte pour les éleveurs spécialisés, même si, juste avant le Space, la coopérative UKL-Arrée qui livre Doux annonçait chercher 50 éleveurs pour répondre à la demande de son client.
“La filière volaille export est en train de renaître.
L'embargo russe inquiète les filières
Sur les autres segments, le souci, c'est l'embargo russe : le pays absorbe par exemple environ 20.000 t de produits de volailles françaises par an, dont la grande majorité de VSM (viandes séparées mécaniquement) qui contribuent à l'équilibre matière des filières dinde et poulet. Les interprofessions craignent un effet domino sur tous les segments. Une assez mauvaise nouvelle alors qu'elles oeuvrent à la reconquête du marché intérieur. Eleveurs et industriels affichaient durant le salon une ferme volonté de reprendre au moins la moitié de la viande de poulet importée (43 % des consommations, essentiellement en restauration collective).
Dans le domaine du lait, l'embargo russe a aussi fait entrer les marchés dans une zone de turbulence. Et l'inquiétude à moyen terme, c'est la gestion de l'après quota, sachant que la seule solution pour faire face à un marché français atone et à un marché européen peu dynamique, c'est l'export. Pour Pierre Demerlé (Terrena) comme pour Michel Nallet (Lactalis), ce n'est pas le statut juridique de l'entreprise laitière qui prime, même si les privés n'ont pas mis en place le double prix déployé par les coopératives, mais la capacité à appréhender la présence internationale.
Le Space est toujours une excellente plate forme de communication
Du côté des innovations produits en nutrition animale, c'est le système digestif qui est principalement ciblé. Le Space montre plusieurs tendances dont la lutte contre l'oxydation, le soutien de l'immunité des animaux via, par exemple, des mélanges d'extraits de plante et d'huiles essentielles dans le cadre de la démédicalisation et la lutte contre les mycotoxines. Assez rare pour être noté, le process des usines est également récompensé. Stolz a ainsi reçu un Innov Space pour sa presse à granuler dont l'option « rotation lente » favorise la maintenance.
Dirigée par José Daoudal, ex-patron de Sogéval dont la branche « médicament » a été cédée l'an dernier à Ceva, la nouvelle société MiXscience trouve sa place dans le pôle « Care » de la branche « animale » de Sofiprotéol aux côtés de Théseo (activité Biosécurité de l'ex-Sogeval), Dielna (aliments liquides), Tecnofirm (suppléments liquides) et Oceadis (minéraux et spécialités éleveurs). MiXscience regroupe 150 personnes et reprend les activités de BNA, de Sanders expertise et de Nutrelia autour des métiers des prémix, des nutritionnels, des minéraux et additifs.
Sous la direction commerciale de Gery Brussard l'entreprise affiche une ambition forte à l'export. Elle s'appuie sur son équipe de 30 chercheurs dirigée par Pascal Cerneau, sa participation dans Euronutrition (50 personnes) et sa ferme de Sourches.
Michel Magnin est chargé de l'innovation.
Au total, le Space a délivré 40 innov Space dont trois projets particulièrement mis en avant le Selisseo® 2% Se, additif nutritionnel développé par Adisseo (sélénium organique), le Mirage laser live pour le mirage des œufs, produit par l'entreprise E-Cat, et le brise vent rigide translucide de Renolit-Ondex. Mais surtout, l'international est présent partout, que ce soit via un constat (Nutrilac exporte 40 % des 22.000 t de seaux à lécher et de nutritionnels qu'elle produit, le groupe CCPA réalise aussi près de la moitié de son CA à l'export) ou une volonté affichée (Sofiprotéol avec MiXScience, In-vivo NSA en intégrant Pancosma dans sa filiale Neovia). 130 nationalités étaient représentées, une fréquence internationale en hausse de 10 %.