Sombre sémantique
« Fauchés comme les blés » assuraient en lettres vertes les tee-shirts des manifestants rassemblés mardi 27 avril à République pour emboîter le pas à la colonne de tracteurs. Comme les représentants d’autres pans de l’agriculture avant eux, les céréaliers sont descendus dans la rue pour tirer la sonnette d’alarme. Le revenu des producteurs de grandes cultures a chuté de 62 % depuis les sommets de 2007. Il reste cependant supérieur de 50 % à la moyenne du secteur d’activité. Il n’empêche : certains produisent à perte. Mais ce que les exploitants réclament au-delà d’un soutien à la trésorerie, c’est de la sérénité et de la visibilité. On en revient toujours au même dessein, commenté à maintes reprises dans nos colonnes : modérer la volatilité par un encadrement efficace des marchés. Le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire qui a, une fois encore, défendu le 26 à Bruxelles la nécessité d’outils de régulation, assure comprendre le désarroi des producteurs. « Ils ne doivent pas perdre espoir » ajoute-t-il indiquant « ressentir une vraie souffrance de l’ensemble du monde agricole français ». Souffrance. Désespoir. Le vocabulaire du ministre semble décrire une agonie. Même s’il promet des solutions dans les prochains mois, les propos du principal émissaire de la cause agricole, ne sont pas vraiment rassurants.