Aller au contenu principal

Soja non déforestant : le report du règlement européen bientôt finalisé

Si le marché a déjà acté le report d’un an de l’entrée en vigueur de la réglementation européenne sur la déforestation importée et la dégradation des forêts (RDUE), il ne sera définitivement adopté que le 17 décembre par le Parlement européen après de nombreux rebondissements. 

Deux mains contenant des graines de soja.
Le soja importé dans l'Union européenne à destination de l'alimentation animale est l'un des principales matières premières agricoles impactées par le RDUE.
© Gaêl Delangle

Proposé par la Commission européenne, accepté par le Conseil européen puis voté par le Parlement européen le 29 juin 2023, le règlement européen 2023/1115 sur la déforestation importée et la dégradation des forêts (RDUE) devait entrer en application le 30 décembre 2024. 

Lire aussi : Déforestation importée : la Commission européenne propose de reporter d’un an l'application de la directive

Dès la fin de l’été, la gronde dans les filières concernées, dans certains pays de l’Union européenne comme l’Allemagne, mais aussi parmi les pays exportateurs, notamment le Brésil, a conduit la Commission européenne à envisager un report d’un an pour autant que le contenu du texte ne soit pas modifié. L’un des éléments majeurs évoqué était la complexité de la mise en application, notamment du système de traçabilité à la parcelle retenu dans le texte (Trace). Ursula von den Leyen, la présidente de la Commission européenne, l’évoquait ainsi devant le Parlement allemand mi-septembre. 

Lire aussi : Soja non déforestant : l’Argentine en ordre de bataille

Le Conseil européen a très rapidement accepté le principe d’un report d’un an, tout d’abord le 16 octobre à la condition que le Parlement européen ne touche pas au contenu du texte, accord renouvelé le 20 novembre. Car, le Parlement européen, notamment sous la pression allemande, par la voix de l’eurodéputée Christine Schneider, (PPE et négociatrice principale du Parlement européen sur cette loi), exigeait un allègement des procédures pesant sur ses opérateurs et industriels.

Un accord reporté en l'état

Un accord a enfin été obtenu au trilogue le 3 décembre, le Conseil européen rejetant la demande du Parlement européen quant à un report plus long et à des modifications du texte. Ses exigences ne sont pas acceptées même si le PPE se félicite . « Le groupe PPE a demandé plus qu'un simple report, explique ainsi le parti dans son communiqué de presse. (…). Premièrement, des plateformes de données retraçant l'origine des produits et un système de classification des risques seront opérationnels au moins six mois avant l'entrée en vigueur de la loi. Deuxièmement, à partir de 2028, les pays pratiquant une gestion durable des forêts et ne montrant aucune déforestation auront la possibilité d'être exemptés des formalités administratives inutiles. »

Le report d’un an devrait en tous cas être définitivement voté par le Parlement européen en session plénière le 17 décembre et publié au Journal officiel de l’Union européenne avant le 30 décembre, date butoir initiale. 

Des impacts sur le prix du soja importé

Tous ces rebondissements ont naturellement eu des impacts sur les marchés des grains : la tension montait dès le début de l’été car les fabricants d’aliments pour animaux voulaient pouvoir acheter sur 2025 alors que les importateurs ne leur offraient pas. 

Au Space, mi-septembre à Rennes, les premières annonces de disponibilités tombaient ; soit pour la période janvier-février avec des sojas achetés en avance pour être dédouanés avant le 30 décembre 2024 soit pour des sojas garantis non déforestés au sens du RDUE pour de premiers volumes. 

Lire aussi : Space 2024 - ADM propose du soja non déforestant à 50 €/t de prime

Certains acheteurs avouent avoir acheté à +35€/t, afin de sécuriser leurs mises en place d'animaux en élevage, notamment de dindes, mais en limitant leur taux de couverture dans l’attente de cette confirmation réglementaire. 

Des produits également interdits à l'exportation

Le RDUE a un second volet : outre l’importation il vise aussi à interdire l’exportation depuis le marché européen de produits ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts après le 30 décembre 2024, pour le café, le cacao, le caoutchouc, l’huile de palme, le soja, le bœuf, le bois et certains produits dérivés comme le cuir, le charbon de bois et le papier imprimé, tous listés dans son annexe I et possiblement rejoints dans les 24 prochains mois par d’autres commodités telles que les volailles.

Les produits concernés doivent être « zéro déforestation », « légaux » (c’est-à-dire conformes avec la législation du pays d’origine) et faire l’objet d’une « déclaration de diligence raisonnée » dans le système européen, sauf pour les TPE-PME. La diligence raisonnée impose le recueil d’informations sur le produit, l’évaluation du risque et l’atténuation du risque.

Les plus lus

Illustration de Donald Trump et Xi Jinping s’affrontant dans un bras de fer, symbolisant la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Taxes douanières : Donald Trump est-il en train de pousser les acheteurs chinois vers l’orge française ?

Lors du colloque du 3 avril sur les orges brassicoles à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce, a alerté sur les…

Illustration d’un port de commerce avec des grues, un navire cargo et un tas de blé symbolisant les exportations céréalières françaises vers l’étranger
Taxes douanières de Donald Trump : FranceAgriMer confirme le manque de visibilité sur le prix des céréales

FranceAgriMer a présenté le 16 avril la situation des marchés céréaliers au niveau mondial, européen et français pour le mois…

Damien Cariou fondateur et CEO de Syndev téléphone à la main dans un champ
Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Les filières engagées dans l’agriculture régénérative et/ou bas carbone font face à des besoins croissants dans la gestion des…

Alexis Garnot fait une intervention pour présenter la tendance marché 2025 des orges brassicoles lors du colloque Arvalis des orges brassicoles du 3 avril à Orléans.
« La prime brassicole de 50 €/t est actuellement peut-être un peu chère dans le contexte de marché présent », alerte Alexis Garnot

Dans le cadre du colloque sur les orges brassicoles, organisé par Arvalis le 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez…

Marché des céréales du 8 avril 2025 - Les prix du blé tendre français repassent la barre des 215 €/t, dans le chaos ambiant créé par la guerre commerciale états-unienne

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 4 et le 7 avril 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

<em class="placeholder">granulé d&#039;engrais blancs</em>
Marché des engrais : repli des cours de l’urée puis de l’ammonitrate

Dans un marché de fin de campagne, les cours de l’azote se sont détendus en mars après la flambée de ces quatre derniers mois…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne