Signature de la charte flex-fuel pour le développement de l’E85
La charte pour le développement de la filière superéthanol E85 a été signée lundi par tous les acteurs sous l’égide du Premier ministre

FELICITATIONS. Le gouvernement a signé, le lundi 13 novembre, avec la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), les JA (Jeunes agriculteurs), l’AGPB (Association générale des producteurs de blé et autres céréales), l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs), la CGB (Confédération générale des planteurs de betterave), les producteurs d’éthanol, les distributeurs de carburants et les constructeurs automobiles, la charte flex-fuel pour le développement de la filière superéthanol E85, carburant comportant jusqu’à 85 % d’éthanol d’origine agricole. Cette décision collective constitue indéniablement une étape déterminante dans la construction de la filière bioéthanol française. Cette charte est l’aboutissement d’un important travail de concertation. Thierry Breton, ministre de l’Économie et des Finances, et Domique Bussereau, ministre de l’Agriculture, avaient confié le 7 juin à Alain Prost la mission de présider le groupe de travail réunissant les acteurs signataires de la charte, et de proposer un plan d’action opérationnel pour le développement de la filière superéthanol E85. Le rapport qui en a découlé a confirmé la faisabilité technique, l’intérêt environnemental et l’opportunité économique que représente cette nouvelle filière pour la France. À ce sujet, Thierry Breton a affirmé que plus de 500 « pompes vertes » seraient disponibles sur l’ensemble du territoire en 2007, nombre qui devrait être « triplé » en 2008. Le prix à la pompe est attendu autour de 80 centimes le litre, en vente sur le territoire dès le 1er janvier prochain, ce qui apparaît incontestablement attractif si le prix du pétrole reste à son niveau actuel en 2007.
Les fédérations agricoles se réjouissent
Les fédérations « se félicitent de la signature », ont-elles indiqué dans un communiqué. La charte « crée les conditions favorables à l’établissement de relations commerciales et partenariales pérennes, offrant la visibilité nécessaire aux agriculteurs comme aux autres acteurs de la filière bioéthanol. Elle offre un atout concret à notre pays pour s’engager plus rapidement dans la voie du développement durable. » Cette prise de position est suivie par les constructeurs automobiles signataires. Ford France a notamment annoncé pouvoir « proposer dès 2007 au moins un modèle de véhicule flex-fuel à un prix comparable à la motorisation essence, et à élargir ses gammes de véhicules flexibles progressivement ».
Vers une nouvelle redistribution des cartes
Prenons le cas des États-Unis. La demande croissante de bioéthanol, fabriqué presque exclusivement à base de maïs, agrémente bien les producteurs. En effet, en un an seulement, les prix du maïs ont plus que doublé, entraînant un accroissement des bénéfices. Selon l’Association américaine des carburants renouvelables (RFA), les quantités de maïs utilisées pour le bioéthanol devraient presque doubler en dix ans, pour atteindre près de 3 Md de boisseaux en 2015. Outre cette hausse de production, ce sont les créations d’emplois qui fleurissent : plus de 150.000 postes ont été créés en 2005 aux États-Unis pour répondre aux besoins de la filière d’après la RFA, pour une activité de plus de 32 Md$.
Cependant, le développement du bioéthanol ne fait pas que des heureux. Déjà les fabricants d’aliments et les éleveurs tempêtent contre les flambées des prix des céréales, que ce soit aux États-Unis ou en France. Plus largement, il reste à savoir s’il y aura une compétition accrue entre les voitures et la population dans les prochaines années, les usines dde bioéthanol étant amenées à avoir plus de besoins. Les analystes économiques, tout comme l’Organisation internationale du sucre, affirment pourtant que « l’utilisation croissante de l’éthanol ne devrait pas déstabiliser le marché mondial sur les cinq à six prochaines années». Nous avons donc quelques années de répit.