Sénalia enregistre un retard inquiétant dans l'exécution des blés
Si Sénalia a été « un fer de lance » quant à l'exportation d'orges sur la première moitié de la campagne, il n'en est pas de même en blés où le retard enregistré sera difficilement rattrapable.

Au 31 décembre 2015, nous avons exporté 2,080 Mt e de grains, soit 520 kt de + plus que l'an dernier à même date, a déclaré Gilles Kindelberger, DG de Sénalia, à l'issue de l'assemblée générale qui s'est déroulée le vendredi 8 janvier à Paris. Mais ces chiffres sont trompeurs : si nous avons enregistré une forte progression en orges, nous avons pris beaucoup de retard sur l'exécution des blés » (cf. diagramme), au regard des 3,5 Mt supplémentaires de collecte de blé tendre enregistrées à l'échelle nationale en 2015. « Au niveau français, on aurait dû exporter 1,5 Mt de plus que ce qui a été fait jusque-là », insiste-t-il. Un retard difficilement rattrapable, selon le dirigeant, pour qui la logistique va être un facteur limitant. Cepen-dant, il reste confiant concernant les performances de Sénalia.
Le tonnage global 2014/2015 du groupe Sénalia s'élève à 7,539 Mt, en hausse de 8 % sur la campagne précédente, dont 55 % concernent l'activité Céréales à l'export (4,150 Mt, +19 %) et 45 % les activités agroindustrielles (3,389 Mt, - 3 %). Le CA consolidé s'établit à 38,692 M€ (+8 %). Le résultat net s'élève à seulement 2,856 M€ (-13 %), car amputé du versement aux coopérateurs adhérents d'une “prime d'engagement” de 1 M€. Cependant, la capacité d'autofinancement se renforce (8,504 M€, +13 %) ainsi que les fonds propres (87,651 M€, +4 %), « ce qui est susceptible de rassurer nos partenaires banquiers et nos adhérents », souligne Gilles Kindelberger, DG de Sénalia.
« Pour 2015/2016, j'avais un objectif ambitieux, mais réaliste et réalisable, de 5 Mt de grains exportés. Au 31 décembre, 2 Mt sont déjà réalisés. Si l'on pouvait faire 3 Mt sur la seconde moitié de la campagne, ce serait l'idéal, car nous avons la qualité, la compétence et les capacités de réception et de chargement. » Mais tout dépendra de la volonté des agriculteurs à approvisionner le marché à bon escient. « En juillet, ils n'ont pas compris pourquoi les prix du blé tendre, pourtant de meilleure qualité que la récolte 2014, étaient à des prix inférieurs à ceux de l'année précédente à pareille époque, explique Gilles Kindelberger. De fait, ils ne se sont pas portés vendeur de marchandises demandées à l'export. InVivo Trading a ainsi été obligé de se couvrir avec des blés baltes pour répondre aux appels d'offres, notamment sur l'Algérie. » Et Thierry Dupont, président de Sénalia, de compléter : « La perception qu'ont les agriculteurs du marché du blé est centrée sur un prix Euronext, ce qui les déconnecte des réalités et contraintes du marché physique. » Mais attention, « pour répondre à la demande d'exécution de contrats sur juillet-août, notamment en orges Récolte 2016, nos silos devront être vides à la fin de la campagne, alerte Gilles Kindelberger. Nous ne prendrons des marchandises en juin que si nous sommes certains de les charger au plus tard le de les charg 10 juillet. »