Ségolène Royal suspend l'Écotaxe et lorgne sur les profits des autoroutes

Le feuilleton de l'Écotaxe toucherait-il à sa fin ? La suspension « sine die » de son expérimentation annoncée le 9 octobre par la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, semble bien l'avoir enterrée. Née en 2009 du Grenelle de l'environnement, et conçue à l'origine par le gouvernement Fillon, elle a connu plusieurs révisions du dispositif par l'actuelle majorité. La priorité de la ministre est « le prélèvement du profit des autoroutes. C'est quand même le bon sens et c'est un principe pollueur-payeur », a-t-elle déclaré. Une « décision sage », selon le Premier ministre, Manuel Valls, « le dispositif étant devenu complètement incompréhensible ». Et surtout explosif, au regard des mouvements sociaux que l'Écotaxe a généré et qui se profilaient, de nouveau, du côté des syndicats des transporteurs, notamment. Pour leur part, la FNSEA, Coop de France et l'Ania ont salué cette décision du gouvernement, dans un communiqué commun. Le Snia et Nutrinoë ont également accueilli positivement cette annonce.
Suspension et après ?
L'annonce des résultats financiers record des sociétés d'autoroute a sans doute précipité cette marche arrière du gouvernement, les routiers projetant une grêve générale. « Sur 100 € de péage payés par l'usager, 22 sont du profit net pour les sociétés d'autoroute qui ont permis la redistribution de 15 Md€ de dividendes depuis la privatisation », a expliqué Ségolène Royal. Il a ainsi été décidé, par le ministère de l'Écologie, qu'un « groupe de travail de co-construction d'une solution se mette en place, la semaine prochaine, avec toutes les parties prenantes ». La ministre souhaite également « intensifier la recherche de solutions sur la situation économique et sociale globale du secteur, notamment le chantier de la compétitivité, pour permettre au transport routier français de préserver ses entreprises et ses emplois ».
Des propositions très satisfaisantes pour le Snia. « L'intégration de la compétitivité du transport dans la réflexion et la création d'un groupe de travail sont une bonne chose », a réagi Stéphane Radet du Snia, le 10 octobre. « Mais les utilisateurs doivent être associés à la discussion », a-t-il ajouté.