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Aquaculture
Secteur stratégique pour la France

Le gouvernement a adopté une mesure pour conforter l'ambition aquacole française, qui ouvre des potentiels de croissance pour les fabricants français d'aliments pour poissons.

« L'aquaculture française était pionnière dans les années 80, rappelle Véronique Éhanno du Comité interprofessionnel des produits d'aquaculture (Cipa). Mais son développement s'est heurté à des problématiques d'accès aux sites : conflits d'usage avec le tourisme sur le littoral, contraintes administratives et environnementales. Ce qui fait qu'il n'y a pas eu de nouvelle implantation aquacole depuis la fin des années 90. » C'est dans ce contexte qu'en fin 2014, le Plan stratégique national pluriannuel pour le développement de l'aquaculture (PSNPDA) 20142020 fait de ce secteur une priorité, afin de réduire l'indépendance à l'égard des importations en produits aquatiques, et en poisson particulièrement. « Avec une production de 47.500 t en 2014 (dont 35.000 de truites et 5.000 t de poissons marins), le poisson d'aquaculture élevé en France représente seulement 1,7 % de la consommation française de produits aquatiques, souligne le Cipa. Pendant ce temps, la production de poissons marins a atteint près de 300.000 t en 2014 sur le pourtour méditerranéen (Espagne, Grèce ou Turquie). » L'adoption, par le Co-mité interministériel de la mer du 22 octobre dernier, d'une mesure pour « conforter l'ambition aquacole de la France », dixit le document, va permettre de « traduire en actes concrets la volonté politique affichée par le gouvernement », explique le Cipa. Cette décision est bien accueillie par les fabricants français d'aliments pour l'aquaculture. « Ce sont des annonces importantes et positives, qui étaient attendues par la profession. Ce travail doit permettre de conforter les exploitations existantes et de créer les conditions de leur développement », commente François Loubère, président du Syndicat des producteurs d'aliments pour l'aquaculture (SPPA).

Des perspectives de production intéressantes

« Entre 2004 et 2010, la production mondiale d'aliment pour poissons est passée de 20 à 30 Mt, indique le SPPA. Sur les 110 kt d'aliments composés pour poissons produites en France (en 2013), 60 kt sont destinées à l'exportation. Les importations (difficilement quantifiables) sont de l'ordre de 3 à 5 kt. » En 2014, le tonnage national a progressé de 10 %, à 120 kt, selon Coop de France Nutrition animale. « Et sur les neuf premiers mois de l'année, ce sont 98 kt d'aliments pour l'aquaculture qui ont été produits dans l'Hexagone (+4 % en glissement annuel), précise Valérie Bris, sa directrice adjointe. Sur l'année 2015, ce volume devrait atteindre 125 kt (+4 % sur un an). »

Depuis les années 90, aucune nouvelle installation aquacole n'a vu le jour en France.

Ces chiffres montrent le potentiel de développement du tonnage français d'aliments à destination des producteurs aquacoles nationaux – à condition que les actions gouvernementales soient couronnées de succès – mais, également et surtout, de leurs homologues européens et mondiaux. « Une usine d'aliments pour poissons, issue de la coopération agricole, est ainsi en construction en France, confie Valérie Bris. Avec elle, c'est toute une filière qui se met en place. »

Diversification protéique des aliments aquacoles

Si l'aquaculture d'espèces très exigeantes en protéines a longtemps reposé sur des matières premières d'origine marine, les progrès en matière d'alimentation des pois-sons depuis trente ans sont considérables. Grâce à la recherche, l'indice de conversion de l'aliment a considérablement baissé et la teneur en produits d'origine marine (farines et huiles de poissons issus de la pêche minotière, ou coproduits des industries halieutiques) a également diminué au profit d'autres matières premières, notamment végétales. Et le Cipa de préciser : « Plus de 80 % de la production française de poissons d'aquaculture destinée à la consommation humaine se fait selon le référentiel “Charte Qualité–Aquaculture de nos Régions® ”», attestant que la part des farines et huiles végétales dans l'aliment atteint 60 à 80 %.

« Il n'en reste pas moins indispensable de garder au poisson d'élevage les qualités nutritionnelles du poisson sauvage, en lui fournissant des Oméga 3 que l'on trouve essentiellement dans les poissons, insiste François Loubère. On peut aussi les obtenir à partir des algues, qui font l'objet actuellement de programmes de R&D (cf. encadré). Il en est de même pour les farines d'insectes (bien que contrairement aux algues, leur utilisation ne soit pas encore autorisée). Mais nous suivons attentivement les recherches dont ils font l'objet. » 

Adapter l'aliment au poisson, et vice versa...

Le programme de l'unité de recherche Inra “Nutrition, métabolisme, aquaculture” (NuMeA) doit débuter le 1er janvier 2016 pour une durée de cinq ans. Outre l'acquisition de bases fondamentales sur la nutrition chez les poissons, NuMeA va travailler sur deux stratégies en termes d'alimentation : adapter les nouveaux aliments au poisson, et vice versa. Il s'agit, d'une part, de caractériser les nouvelles matières premières qui pourraient intégrer les formulations (végétaux, algues, insectes) et, d'autre part, travailler sur l'animal par la génétique ou via « le concept plus innovant de la “programmation nutritionnelle”, c'est-à-dire l'initiation du poisson à son futur régime alimentaire dès le premier repas », détaille Sandrine Skiba, directrice de NuMeA.

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