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sans restitution, ce sera la Berezina !

«NOUS TIRONS la sonnette d’alarme. Il est urgent d’agir. Nous nous acheminons vers une fin de campagne catastrophique si rien ne change.» Tels ont été les propos de Christian Lapointe, président de l’Office national interprofessionnel des céréales (Onic), à l’issue du comité permanent du 12 janvier. Toute la filière céréalière française demande à la Commission européenne d’instaurer des restitutions à l’exportation pour le blé, afin de compenser la perte de compétitivité du blé européen en raison d’un euro fort. Le différentiel de prix du blé français avec le blé argentin est très important : 142 euros/t à Rouen contre 107 euros/t Fob pour l’Argentine.

Blé tendre, un marché toujours plus lourd

Pénalisé à l’export par la faiblesse du dollar, concurrencé par d’autres origines bradées à bas prix, le blé français perd des parts de marché y compris sur ses destinations traditionnelles.

Les prévisions de ventes sur l’UE sont ramenées à 7,8 Mt (-0,2 Mt par rapport au mois dernier) en raison de la concurrence hongroise et allemande sur l’Italie, tandis que les exportations sur pays tiers reculent à 7,5 Mt (-0,3 Mt) face à l’agressivité de l’Argentine. Le stock de fin de campagne devient de plus en plus lourd, et avec lui, les risques de mise à l’intervention massive.

L’UE doit sans plus attendre aider l’exportation pour préserver ses marchés. A défaut, le bilan européen, déjà grevé par près de 7 Mt de céréales offertes à l’intervention en deux mois, risque de s’aggraver alors que la récolte 2005 s’annonce prometteuse au vu des semis de céréales d’hiver.

Dollar et Argentine, les deux maux des exports

Le tirage des certificats d’exportation de blé est resté limité en décembre, avec 0,6 Mt délivrées dans l’UE. Mêmes causes, mêmes effets… les exportations européennes pâtissent toujours de la faiblesse du dollar face à l’euro, installé depuis la mi-novembre au-dessus de la barre des 1,30 $. Un phénomène aggravé par l’agressivité de l’Argentine qui se taille la part du lion dans les appels d’offres internationaux, y compris sur des destinations peu habituelles comme l’Algérie malgré les coûts du fret. Faute de silos pour accueillir sa récolte de maïs, l’Argentine brade en effet son blé sur le marché mondial à des prix toujours plus attractifs. Reste à savoir pour combien de temps encore. Pour l’heure, l’Argentine n’aurait écoulé que 3,2 Mt sur ses 9 Mt d’exportations prévues… Mais elle devrait livrer des volumes significatifs sur le Brésil ce qui pourrait limiter ses disponibilités à 1 ou 2 Mt. Toutefois, l’Australie devrait aussi bientôt entrer en lice. Dans ce contexte, l’Onic a revu à la baisse ses prévisions d’exportations européennes de blé qui ne devraient pas dépasser 11,3 Mt pour l’ensemble de la campagne, au lieu des 13 Mt précédemment prévues. A ce jour, le volume des certificats d’exportation de blé octroyés dans l’UE depuis le début de la campagne atteint moins de 5,3 Mt, contre plus de 5,9 Mt à la même époque en 2002 et 2000, années comparables en termes de récolte. Tous ces certificats ont été délivrés en “droit commun” et sans restitution. Les certificats à l’exportation de farine atteignent pour leur part 1,2 Mt (valeur grain), niveau légèrement supérieur à celui enregistré l’an dernier.

Dopées en novembre par l’adjudication de restitutions, les exportations d’orge ont quasiment stagné en décembre. Très peu de certificats avec restitution ont en effet été adjugés par Bruxelles au cours des quelques Comités de gestion épargnés par la trêve des confiseurs. Malgré quelques certificats sans restitution pour des orges de brasserie, seulement 60.000 t ont été tirées depuis le dernier comité permanent de l’Onic. Le volume total de certificats octroyés depuis le début de la campagne franchit ainsi péniblement la barre des 1 Mt, niveau le plus médiocre depuis 1998. Le marché attend désormais avec impatience le retour aux achats de l’Arabie saoudite, premier importateur mondial. Côté malt, le volume de certificats d’exportation octroyé depuis le début de la campagne atteint plus de 1,5 Mt, contre 1,8 Mt l’an dernier à la même époque.

Les importations de blé ralentissent

Malgré les disponibilités locales, l’UE a continué à importer du blé en décembre (0,4 Mt). Au total, les certificats d’importation délivrés depuis le début de la campagne représentent un volume de 3,1 Mt, contre 2,4 Mt l’an dernier à la même époque. Ce chiffre reste toutefois très inférieur au flux d’importations constaté en 2002 (8,9 Mt) avant la mise en place des contingents le 1er janvier 2003. Ces importations concernent majoritairement du blé de haute qualité (1,7 Mt). Ces importations devraient toutefois ralentir en deuxième partie de campagne pour atteindre au maximum 2,1 Mt à l’issue de la campagne. Par ailleurs, le contingent 2004 de blé de basse et moyenne qualité n’a pas été entièrement utilisé compte-tenu du contexte politique qui a paralysé la région mer Noire au cours des derniers mois. Quelques 0,9 Mt, non reportables sur 2005, ont ainsi été “perdues” par la Russie et l’Ukraine.

En orge, le volume de certificats octroyés n’a pratiquement pas varié depuis quatre mois et reste stable à moins de 0,2 Mt. De même, les importations de maïs ont peu progressé le mois dernier. Au total, 0,6 Mt de certificats d’importation de maïs ont été octroyés depuis le début de la campagne, contre 2,2 Mt l’an dernier à pareille époque. Quant aux importations de sorgho, elles dépassent à peine 20.000 t sans grand changement par rapport au mois dernier. On est loin du volume exceptionnel enregistré l’an dernier en raison de la sécheresse (850.000 t de certificats octroyés).

Intervention, les offres françaises restent limitées

Deux mois après l’ouverture de la campagne d’intervention 2004/2005, l’UE recense déjà près de 6,7 Mt de céréales offertes à l’intervention. La Hongrie, l’Allemagne et la République tchèque restent les principaux pourvoyeurs, avec près de 9 tonnes sur 10. Pour l’heure, les offres françaises restent limitées, avec 0,2 Mt enregistrées par l’Onic depuis le 1er novembre 2004.

Dernières estimations concernant les semis 2005

Selon les dernières estimations de l’Onic, les semis de blé tendre couvriraient près de 5 Mha, soit 160.000 ha de plus que l’an dernier. Le blé dur conforterait sa place avec près de 412.000 ha (+6.000 ha), alors que les orges d’hiver reculeraient légèrement à moins de 1,03 Mha (-10.000 ha).

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