Sanders : un bâtiment high-tech dédié à la R&D sur vaches laitières
Le groupe Avril vient d'investir près de 3 M€ dans son nouveau bâtiment Vaches laitières, sur sa ferme de recherche de Sourches en Sarthe. Inauguré début novembre, il va booster sa collecte de données et le nombre d'essais réalisés chaque année.











À 8.700 € la place de vache laitière et 180 places, soit 1,6 M€, l'investissement “Élevage” du nouveau bâtiment Vaches laitières de Sanders à Sourches (Sarthe) est bien dans le haut de la fourchette d'un investissement habituel d'un éleveur. « Il s'agit d'un bâtiment à la pointe des technologies, mais proche du terrain car il dispose d'équipements standards, complétés par des dispositifs de précision qui décuplent notre puissance expérimentale », résume Bertrand Renouf, directeur de la station expérimentale Sanders de Sourches, centre d'innovation pour tout le pôle animal du groupe Avril. Au total, l'investissement flirte avec les 3 M€ pour intégrer l'ensemble des équipements qui en font une exploitation de recherche à la pointe : 80 auges sur pesons, une distribution des fourrages toute automatisée, une cuisine dotée d'une trentaine de big bags pour la complémentation, un robot distributeur, un laboratoire intégré...
Une vitrine pour l'élevage français et les clients étrangers
L'aspect Vitrine pèse aussi sur l'investissement, car le bâtiment est doté d'une salle de conférence panoramique au premier étage, de couloirs deux fois plus larges que nécessaire et de passages à pied sec jusqu'aux robots de traite. L'automatisation est poussée au maximum pour assurer un suivi individuel du comportement, de l'alimentation et des performances de chaque animal.
Pour Xavier Belin, président du groupe Avril, cet investissement consolide la place d'excellence de Sourches dans la recherche privée européenne : « Nous nous inscrivons dans la démarche de reconquête du marché français en contribuant à lui permettre de relever la tête. Il doit combiner les performances économiques et les performances environnementales. Ici, nous mettons notre capacité de recherche et d'innovation au service de tous les types d'élevage. Car nous devons répondre à des agricultures diverses. La R&D n'est pas élitiste. Nous sommes également ouverts à toute collaboration avec des partenaires privés ou publics. »
Les 300 essais annuels doivent apporter des réponses en matière de pilotage des coûts de production laitière et de réduction des rejets. Pour la démédication, les trois angles de travail sont le raisonnement précis des apports nutritionnels, la biosécurité pour réduire la pression sanitaire, le test de solutions nutri-tionnelles, en particulier pour passer des périodes délicates (sevrage, chaleurs, mises en groupe...).
Plus de 20.000 données par animal
Tout le bâtiment est bardé de capteurs et d'outils de mesure. Les auges sur pesons à elles-seules vont fournir quantité de données origi-nales : non seulement la quantité ingérée par animal, mais aussi son comportement (une vache va-t-elle systématiquement se nourrir au même endroit ?), la fréquence et la durée de chaque repas... Les robots complètent ces informations au niveau de la production : quantité, évolution et qualité du lait. Les deux robots de traite seront en effet bientôt connectés au laboratoire d'analyse de lait in situ.
À partir de quelques gouttes, ce dernier devrait réaliser 100.000 analyses par an (progestérone, deshydrogénase pour la recherche d'infection, corps cétonique pour la détection des cétoses, taux d'urée...). De quoi tester également la variabilité individuelle des réponses des animaux et aller jusqu'à des paramètres tels que la fromageabilité de leur lait.
L'une des innovations majeures du nouveau bâtiment Vaches laitières de Sourches porte sur le système d'alimentation. Quatre heures par semaine suffisent pour nourrir tout le troupeau et la consommation énergétique de l'ensemble est bien plus faible qu'avec les chariots élévateurs et les tracteurs habituellement nécessaires (gain de 12.000 €/an). Il dispose de trois tables d'affoura-gement (ensilage de maïs, foin, paille avec déméleur de fibres longues) qui, chargées deux ou trois fois par semaine, conduisent automatiquement les fourrages dans la mélangeuse fixe. Le convoyeur et la mélangeuse sont placés sur pesons. Le wagon d'alimentation, suspendu sur un rail électrifié, assure trois à cinq distributions par jour dans le bâtiment. Il pourrait nourrir jusqu'à 300 bovins dans une exploitation classique, mais il est surdimensionné pour assurer l'alimentation d'un grand nombre de lots d'essais. Pour l'aspect Complémentation, la cuisine dispose d'une trentaine de big bags (pour multiplier les expérimentations) qui alimentent automatiquement la mélangeuse puis les distributeurs de concentrés, placés dans la stabulation et après les robots de traite.