Agromatériaux
Roquette lance une nouvelle gamme de plastiques végétaux performants
Grâce à leur non biodégradabilité, les résines Gaïalènes constituent une alternative végétale aux plastiques traditionnels issus du pétrole
LE GROUPE international Roquette, l’un des leaders mondiaux de la production et de la transformation d’amidon, se lance sur le marché des matières plastiques. A l’occasion du salon international K’2000, le grand rendez-vous de l’industrie du plastique qui s’est tenu fin octobre à Düsseldorf (Allemagne), l’amidonier français a présenté sa gamme de plastiques végétaux aux propriétés inédites, baptisée Gaïalène. Elles sont le résultat des recherches menées par l’industriel depuis 2007 dans le cadre du programme Gaïahub pour produire par greffage des résines végétales thermoplastiques.
Des plastiques innovants en grande partie issus de l’agriculture
Les résines Gaïalène est une gamme de nouveaux plastiques végétaux comprenant plus de 50 % de matière d’origine agricole, performants et recyclables, destinés aux transformateurs de matières plastiques. « Ces nouvelles résines ont une très faible empreinte environnementale : environ 40% en moins d’émission d’équivalent carbone, comparativement aux résines polyoléfines provenant du pétrole », insiste Michel Serpelloni, directeur du programme Gaïahub chez Roquette. La gamme Gaïalène repose sur une innovation majeure : les résines sont synthétisées grâce à un procédé original et breveté qui « permet de produire par greffage de polymères naturels, des résines végétales thermoplastiques », explique le responsable. Cette technologie confère à ces plastiques végétaux des propriétés techniques spécifiques, comme une grande flexibilité en terme de production de pièces ou une haute résistance aux chocs, et des qualités esthétiques séduisantes, avec un toucher soft, une aptitude à la coloration...
Ces caractéristiques permettent d’élargir le champ d’application habituellement dévolu aux plastiques végétaux (film d’emballage, vaisselle jetable, sac de caisse, ...) et de viser des applications durables utilisant d’ordinaires des plastiques issus du pétrole. « Ils sont utilisables selon les technologies et les procédés déjà en place dans les industries, et permettent de fabriquer une grande variété d’objets comme par exemple des flacons, des containers, des films d’emballage, du mobilier intérieur, des habitacles d’automobiles, des jouets, des fournitures pour bureaux, des pièces électriques ou électroniques... », détaille Michel Serpelloni.
Le blé comme principal constituant
Les matières premières agricoles concernées par la production des résines Gaïalène sont « en premier lieu le blé tendre mais il est possible d’utiliser d’autres matières premières comme par exemple les pommes de terre féculières », indique le directeur. Pour fabriquer une tonne de résine, il faut 0,7 tonne environ de blé, dont l’approvisionnement est d’origine française ou enropéenne, selon des modes déjà en place. Le grain ne doit « pas nécessairement présenter de caractéristiques particulières bien qu’il puisse être avantageux d’utiliser des variétés très riches en amidon et à hauts rendements », note le directeur du programme Gaïahub. Les perspectives de production de résines Gaïalène s’élèvent à « plusieurs milliers de tonnes à brève échéance », ajoute-t-il. Plus précisément, « l’objectif est de fournir à terme 25.000 t de bioplastiques à base d’amidon », précise la newletter datée du 3 novembre du site “www.campagnesetenvironnement.fr”.
Dans ses usines, Roquette sépare les constituants de ces matières premières agricoles en amidon, protéines et fibres. « On utilise l’amidon pour produire les résines Gaïalène. Il devient ainsi résistant à l’eau, thermoplastique et non biodégradable. Les protéines sont vendues directement en alimentation humaine, réduisant ainsi la dépendance européenne vis-à-vis des Etats-Unis et du Brésil », commente le responsable.
Un bon compromis coût/performance
A ce jour, compte tenu des volumes, ces nouvelles résines présentent un coût de revient supérieur à celui des résines pétrolières les moins chères du marché, comme le polypropylène ou le polyéthylène. Par rapport à ces dernières, les résines Gaïalènes possèdent toutefois des propriétés uniques et très avantageuses. Reste que « la faible volatilité des cours des matières premières agricoles est essentielle pour permettre des développements aussi prometteurs et innovants que Gaïalène », conclut pragmatique Michel Serpelloni.