Céréales
Retard de 3 % des exports français de blé tendre
Le bilan céréalier hexagonal s’alourdit encore, spécialement en blé tendre, selon FranceAgriMer. Les opérateurs ont du mal à écouler les volumes record.

Au 4 décembre, les exportations de blé français vers l’UE et les pays tiers sur 2015/2016 « sont en retard de 3 % par rapport à l’an dernier à la même époque », a annoncé Olivia Le Lamer, chef de l’unité Grandes cultures chez FranceAgriMer, lors du conseil spécialisé Céréales du 9 décembre. Si le made in France est parvenu à trouver des débouchés exotiques, tels l’Indonésie ou le Mexique (124 kt chacun), les volumes abondants sont difficiles à écouler. « Il est encore un peut tôt pour juger le potentiel d’exportation sur l’Indonésie, mais nous espérons 300 kt à 500 kt sur cette destination pour 2015/2016 », estime Olivia Le Lamer. L’intérêt indonésien est toutefois moins présent dernièrement. Les fabricants d’aliments locaux attendent la possible vague sur la scène mondiale de marchandises en provenance d’Argentine pour se positionner. « Les auspices sont baissiers en termes de prix », déclare la spécialiste de FranceAgriMer. Elle ajoute que des marchandises argentines vont sur l’Afrique du Nord et subsaharienne. « Un bateau de blé est parti pour l’Algérie ». Depuis le début de la campagne, le pays est le premier client de la France, avec 1,8 Mt importées (contre 1,2 Mt l’an dernier).
Plausible hausse de la concurrence russe
Ainsi, les exportations françaises de blé tendre vers les pays tiers pour 2015/2016 sont estimées stables entre novembre et décembre (cf. tableau page 7). La possibilité de voir des stocks de report élevés inquiète les experts. « Il faut fluidifier le marché, même si les prix ne sont pas très bons. (…) Un stock de 5 Mt en juin engendrerait une situation très difficile pour le démarrage de la campagne suivante », alerte Rémi Haquin, président du conseil spécialisé. Par ailleurs, les mauvaises relations russo-turques pourraient alourdir encore un peu plus le marché. Les expéditions russes, correspondant à l’exécution d’anciens contrats vers la Turquie, se poursuivent. Mais les exportateurs russes sont réticents à en signer de nouveaux. Ils pourraient donc se replier sur l’Afrique du Nord.
Les surfaces de blé tendre pour la campagne commerciale 2016/2017 sont estimées à 5,24 Mha, en hausse de 1,3 %, un plus haut depuis 1934. Cette estimation est toutefois fragilisée par le fait que les déclarations Pac sont en retard cette année.
Baisse des ventes d'orges vers la Chine ?
En orges, les exportations sont en avance par rapport à l'an dernier, grâce au dynamisme de la Chine. Cependant, « la demande chinoise est aujourd'hui sérieusement grippée », prévient Olivia Le Lamer. Et les opérateurs ne pensent pas pouvoir compenser cette baisse par de nouvelles destinations, bien que des chargements vers l'Uruguay et la Jordanie ont été signalés. La consommation des Fab nationaux progresserait, du fait du regain de compétitivité de la marchandise, ce qui n'empêche pas la progression des stocks (cf. tableau).
En maïs, la collecte nationale est revue en hausse. En parallèle, les utilisations intérieures et les exportations sont révisées en légère baisse, conduisant à un net gonflement des stocks de report. Les cas de grippe aviaire et la crise que connaît l'éthanolier Abengoa, consommant 500 kt/an, expliquent pour l'essentiel ces chiffres.
Bilan mondial lourd en blé dur
Concernant le blé dur, les surfaces emblavées cet automne sont proje-tées en hausse de 8 % par rapport à l'an dernier, à 350 kha. Cette progression est notamment due aux prix attractifs, selon Xavier Rousse-lin, responsable de l'unité Marchés des grandes cultures. « Le stock de report sera très faible, la qualité française étant bonne. On assiste à une demande élevée de l'Algérie, du Maroc et de l'UE, qui sera satisfaite », explique ce dernier. Au niveau mondial, le bilan est excédentaire, en raison principalement du réhaussement de la production canadienne, qui a surpris le marché. Elle passe de 4,7 Mt à 5,4 Mt, entre novembre et décembre, selon StatCan. « C'est très étonnant. Il n'y a pas de réelle explication à cette hausse, si ce n'est que les services statistiques canadiens ont l'habitude depuis trois ans de remonter leurs estimations », précise Xavier Rousselin. Les importations de l'UE en provenance des pays-tiers devraient reculer cette année, les collectes ayant progressé en Espagne, en France et en Italie.
Par ailleurs, « les productions syrienne et turque sont très élevées. Des importations turques depuis le nord-est de la Syrie, zone reprise par les Kurdes sur Daech, ont été recensées », signale l'expert. Suffisant pour alimenter les 8 millions de déplacés en Syrie et les 4 millions de réfugiés en Turquie, Liban, Jordanie suite au conflit ? La zone est en tout cas à surveiller.