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Coopération
Resserrer les liens avec les adhérents des coopératives

Dans un monde en pleine mutation, les agriculteurs affichent moins d’intérêt pour ces structures

Les coopératives agricoles, des en­treprises passées de mode ? « Le sentiment d’appartenance des adhérents diminue », a en tout cas affirmé Céline Peltier, enseignante à l’école d’agriculture de Purpan, le 1er octobre, lors d’un séminaire organisé à Paris par Coop de France. Ce constat est le fruit d’une enquête réalisée auprès d’une petite cinquantaine d’agriculteurs de Midi-Pyrénées. Peu représentative selon la spécialiste, elle n’en est pas moins accablante : le lien entre coopérative et adhérents se distend, voire se casse. Les coopérateurs le jugent lourd, complexe, parfois uniquement commercial. Les agriculteurs s’impliquent de moins en moins dans leur coop faute d’en comprendre l’utilité, et ils développent des comportements individualistes. « La coopération agricole est restée dans sa tour d’ivoire », a estimé Dominique Olivier, directeur de la Sicaseli.

Renforcer la relation financière coopérative/ adhérents
Sur le plan économique, les coops ont néanmoins su prendre un tournant. Pour optimiser leur compétitivité dans un environnement concurrentiel, elles sont nombreuses à avoir investi dans l’aval, par exemple. Une bonne chose pour Philippe Mangin, président de Coop de France. « Demain, il y aura de l’agri­culture là où il y aura des usines », a-t-il affirmé. Mais elles n’ont pas toutes su entretenir les relations avec leurs adhérents, projetés en quel­ques années dans un univers complexe dont ils ont perdu les clés. Et ce d’autant plus que, comme l’a rappelé Carole Doré, vice-président des JA, « les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui ont créé les coops il y a 50-60 ans. » Ce qui signifie pour l’exploitante qu’ils « ne prennent pas l’intérêt collectif comme une valeur ajoutée. »
    Alors comment rapprocher les adhérents de leur coop ? Pour Philippe Mangin, développer une responsabilisation des adhérents, leur donner un sentiment de propriété, les impliquer dans la prise de décision, passe d’abord par la réaffirmation de la relation financière. Or aujourd’hui, celle-ci s’est considérablement affaiblie. En témoigne le ratio capital social sur fonds propres, qui souvent ne dépasse pas 20 %. L’une des conséquences : « Les banquiers sont de plus en plus nos partenaires et plus seulement des financiers », comme l’a notamment remarqué Bernard Gery, vice-président de la coopérative Val Nantais.

Des outils de financement trop complexes
    Pas facile de faire changer les choses. « Les outils de financement sont peu utilisés et le recours aux nouvelles parts sociales reste limité », a relevé le responsable. Complexes, ces sujets n’intéressent pas les adhérents. « En assemblée générale, ce n’est pas la peine de parler finances », a reconnu Paul Roux, directeur administratif et financier de Champagne Céréales. Le groupe a trouvé une solution : il organise depuis quelques années des réunions dédiées pour ceux qui le souhaitent. « C’est impressionnant de voir la progression des adhérents ! », a noté le directeur. Dialogue et communication plus adaptés constituent probablement une clé.
    Pour Philippe Mangin, de nouveaux outils doivent également être créés. « Il faut permettre aux agriculteurs d’être actionnaires de ce qui prolonge leur métier, c’est-à-dire de leur outil industriel », a-t-il expliqué. La loi de modernisation agricole pourrait constituer un vecteur intéressant pour mettre en place ces nouveaux dispositifs, bâtis éventuellement sur la dotation pour aléas. Il y a en tout cas urgence. Car pour le responsable, lorsque les prix sont bons, « ce n’est pas sérieux de voir des conseillers de gestion inciter les agriculteurs à acheter des tracteurs afin de réduire leur fiscalité ! »

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