Rendement un peu décevant
Le déficit hydrique a engendré une baisse de la productivité du colza par rapport à 2014, excellente année de production.
Une expression revient majoritairement dans la bouche des professionnels pour qualifier la collecte française de colza 2015 : « moyen-bon ». « Alors que la collecte hexagonale est achevée à 60-70 %, les résultats concernant les rendements sont un peu décevants, surtout par rapport à l'an dernier. Mais globalement, ce n'est pas si mauvais que ça », indique Fabien Lagarde, directeur technique de Terres Inovia. Et de préciser qu'ils sont pour le moment évalués à 33-34 q/ha pour 2015, sur 1,5 Mha environ. Le déficit hydrique durant les mois d'avril-juin est la principale cause évoquée par les experts pour expliquer la baisse de la productivité nationale.
Le colza coupé après le blé
De fortes disparités existent selon les secteurs. D'après plusieurs courtiers, les régions du Sud, de l'Ouest et du Centre (sud de la Loire), où la coupe est achevée (ou presque), sont les plus touchées par les baisses de rendement. Ils seraient de l'ordre de 28 q/ha (Sud-Ouest) à 3035 q/ha (Ouest, sud de la Loire). Le Nord (allant du nord de la Loire jusqu'au Nord-Pas-de-Calais), où plus de la moitié des surfaces restent à récolter, et l'Est, semblent les plus épargnés. À titre d'exemple, les rendements dans le Nord Pas-de-Calais tournent à 43-44 q/ha, selon Arnaud Von Boxom, en charge de la zone Nord-Pas-de-Calais-Picardie chez Terres Inovia. Cette année beaucoup d'agriculteurs ont récolté le blé avant le colza. « Les OS ont poussé les produc-teurs afin que les pluies ne risquent pas d'affecter la qualité des blés », explique Arnaud Von Boxom. « Le fait d'avoir laissé le colza mûrir plus longtemps a permis de gagner 1 à 2 q/ha sur notre zone (Poitou-Charentes) », confie pour sa part Phillipe Ballanger, directeur terrain de Charentes Alliance.
Trop tôt pour se prononcer sur le taux d'huile
Concernant le taux d'huile, aucun chiffre précis n'a pu encore être collecté. Il n'y a pour le moment pas d'inquiétude particulière du côté des professionnels contactés. Étant donné que le colza est récolté plus tard cette année, « les cultures ont plus de temps pour mûrir, ce qui est bénéfique pour les taux d'huile », souligne Pierre Ouvry, en charge du pôle agricole chez Cap Seine. Dans le Centre, les taux d'huile sur les essais menés par Terres Inovia sur la variété Pamela s'élèvent à 43,8 % contre 44,2 %, en 2014, et 43,4 % en 2013, selon l'ingénieur Julien Charbonneau. « La sécheresse a eu un impact, mais les résultats sont bons pour l'instant », explique le spécialiste.
« Selon les premiers retours que nous avons, les taux d'huile sont dans la moyenne historique, un peu inférieur à l'an dernier mais sans surprise », témoigne Pierre Toussaint, directeur de la collecte chez Axereal. Tout en précisant qu' « il est encore trop tôt pour donner des chiffres. Nous devons recevoir d'autres analyses ».