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Protéagineux
Redynamiser la filière par la recherche

Malgré des atouts indéniables, les protéagineux peinent à séduire durablement les producteurs. Quelques voies sont proposées par l’Inra

PERSPECTIVES. Même si les dernières campagnes ont été peu encourageantes, la filière des protéagineux ne baisse pas les bras. C’est dans une conjoncture morose que s’est tenue le 28 juillet une rencontre Inra/Filières sur le thème « La filière protéagineuse française : quels défis pour la recherche ? Ces points sont également développés dans l’ouvrage coécrit par des chercheurs de l’INRA et intitulé " La filière protéagineuse : quels défis ? ", qui vient de paraître aux éditions Quae. » . Les différents exposés de cette rencontre, organisée par le groupe "filière Protéagineux" de l’Inra au SIA, ont permis de présenter les nouvelles perspectives de recherche de la filière. En déclin depuis les années 1990, le marché des protéagineux subit les fluctuations du soja et du blé, surtout depuis l’envolée des cours des céréales. Ce contexte peu favorable constitue un réel danger pour la filière, auquel il faut répondre par des perspectives de recherche évoquées au cours de cette rencontre.

De nouvelles opportunités en alimentation animale

L’utilisation des protéagineux en nutrition animale a diminué parallèlement au recul de la production. Selon Bernard Sève, chercheur au sein de l’équipe Nutrition périnatale et adaptabilité intestinale de l’Inra, « toute politique de relance de la production de protéagineux ne peut se justifier sans un maintien voire un accroissement de leur compétitivité en alimentation animale ».

Différentes pistes sont envisagées :

- conquérir avec les pois l’important marché des volailles en augmentant la teneur en protéines de la graine. Une augmentation de 21 à 26 % de la matière sèche permettrait d’accroître l’utilisation de pois de 500.000 t (source Action Impact 2004), en partant d’un niveau actuel quasiment nul,

- définir des idéotypes adaptés à l’utilisation de ces graines par les différents ruminants et compatibles avec un circuit court d’autoconsommation à la ferme,

- intégrer les marchés à haute valeur ajoutée (label, bio)…

Des marchés potentiels à plus forte valeur ajoutée

Au cours de son exposé, Jacques Guéguen, de l’unité de recherche Biopolymères interactions assemblages de l’Inra, a présenté d’autres marchés potentiels plus rémunérateurs pour le producteur. Ces nouvelles voies de valorisation exploitent les spécificités de ces graines, en particulier leur composition, ainsi que certaines propriétés particulières de leurs constituants.

En alimentation humaine, les protéagineux peuvent répondre aux attentes "santé" des consommateurs grâce aux effets positifs de leurs constituants, par exemple des protéines anti-cholestérolémiants, des peptides et oligosides bioactifs... Les propriétés des biopolymères sont aussi intéressantes : amidon riche en amylose, propriétés moussantes et émulsifiantes des protéines… Ces nouveaux axes de recherche pourraient permettre aux protéagineux de mieux pénétrer le marché de l’alimentation humaine, sous forme de graines entières (pois jaunes, fèves) à l’exportation vers les marchés de l’Asie du Sud-Est (Inde,Pakistan...), ou d’ingrédients fonctionnels sur le marché des produits alimentaires intermédiaires.

Dans le domaine non alimentaire, des travaux mentionnent des propriétés fonctionnelles intéressantes permettant d’obtenir :

- des matériaux solides issus de l’ extrusion et injection moulage à partir de farine de pois et d’un agent plastifiant (glycérol),

- des films hydrosolubles fabriqués à partir de protéines de pois.

Une situation paradoxale

La filière des protéagineux possède donc de nombreux débouchés, mais elle se retrouve limitée par le faible niveau de production et donc de disponibilité sur le marché, qui constituent un frein majeur à son développement. Parallèlement, d’autres actions de recherche sont entreprises, comme la conception de génotypes tolérants aux stress biotiques et abiotiques majeurs, ou la conception de systèmes de culture compétitifs et durables, afin d’augmenter et stabiliser les rendements.

Au-delà des évolutions de marché plus ou moins récentes, la filière devra tenir compte de l’arrivée massive des sous-produits des biocarburants, même si ceux-ci devraient essentiellement concerner les ruminants de par leur forte teneur en fibres, et ne devraient donc pas venir directement concurrencer les protéagineux.

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