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Lionel deloingce, président de l'anmf
« Redonner de la visibilité au métier de meunier »

La meunerie française en chiffres

La Dépêche - Le Petit Meunier : Quel objectif prioritaire vous fixez-vous pour ce premier mandat à la tête de l'ANMF ?

Lionel Deloingce : Ma mandature sera dans la continuité de ce qu'ont fait mes prédécesseurs. Une belle organisation avec une belle direction. J'inscris mon mandat sur une idée assez large de remettre le métier de meunier au centre des débats. La meunerie doit être, doit avoir, une présence forte et lisible au milieu de la filière. Ces dernières années, le meunier s'est naturellement tourné vers la communication sur le produit fini qu'est le pain. Donc involontairement, la meunerie a disparu derrière le pain. Il ne faut pas tout remettre en question, mais recentrer le débat pour que le consommateur fasse le lien entre le produit fini et toute la filière, y compris la profession de meunier qui en est le maillon central. Le boulanger existe mais derrière lui, il y a d'autres professions qui doivent être reconnues. C'est une question de sur-” vie, il nous faut revenir au cœur du débat pour être mieux identifié. Cela est vrai au niveau du grand public mais au-delà aussi. Pour la partie réglementaire, il est nécessaire de toucher le législateur et les pouvoirs public. Et pour le rayonnement de la profession, les leaders d'opinions afin de donner à nos entreprises toute la reconnaissance qu'elles méritent.

Il ne faut pas avoir peur de dire que nous sommes des industriels

Il ne faut pas avoir peur de dire que nous sommes industriels. Nous avons au sein de l'ANMF des entreprises de niveau local, national et d'autres de portée internationale. Mais il n'en reste pas moins qu'elles composent une industrie à part en-tière, dans laquelle les hommes exercent leur métier avec passion et éthique. Le raccourci de la définition du terme d'industriels est largement préjudiciable à l'avenir de notre métier. Un industriel est un entrepreneur responsable qui veille, in fine, à satisfaire les attentes du consommateur. Nous avons la chance d'avoir une filière courte parfaitement identifiable. Ne serait-ce que sur la question de l'utilisation du blé. Nous nous approvisionnons à 99 % en blé français. Il faut en être fier. Il ne faut pas hésiter à le dire et à le faire avec des éléments solides. En amont aussi, il faut être proactif et, en premier lieu, au niveau de la formation et de la transmission du savoir.

LD-LPM : Dans Industries des céréales, votre prédécesseur remet en question le positionnement de l'Ensmic, installée à Surgères depuis quelques années. Qu'en pensez-vous ?

L. D. : L'ANMF doit être au-dessus des polémiques. Notre rôle est de nous préoccuper de la formation et de la transmission du savoir dans notre secteur, la meunerie. Personnellement, je ne m'inscris pas dans un rôle de juge par rapport aux filières de formation ou aux écoles. Nous avons la chance d'avoir une organisation riche pour la formation en meunerie ou plus généralement aux industries céréalières, accessibles selon différents critères et cursus. L'organisation professionnelle ne doit pas vivre sur les cendres du passé. Le statut de l'école de métier a disparu, il y a eu un changement de tutelle, un déménagement. Nous connaissons l'histoire. Ce qui m'intéresse, c'est l'avenir. J'ai besoin de faire un état des lieux pour avancer de façon constructive et répondre aux besoins de l'école et de la profession. Notre rôle est d'agir pour assurer l'adéquation entre le rendu et les attentes. Peut-être aussi en collaboration avec l'Aemic. Tous les intervenants peuvent se mettre autour de la table, je suis pour cette façon de procéder. La question est surtout celle de l'attractivité du métier. Nous avons besoin de nous appuyer sur les écoles mais, de l'autre côté, la profession doit savoir se rendre attractive aux yeux du public pour que des étudiants souhaitent intégrer cette formation.

LD-LPM : Quels sont les premiers dossiers qui vous occuperont ?

L. D. : L'ANMF intervient dans plusieurs domaines : le social, l'économie, la technique, la formation, l'environnement et bien d'autres. Tous sont importants et, avec le président délégué, nous serons présents sur l'ensemble des sujets. À titre d'exemples, les risques sanitaires, la question des molécules de traitement pour la conservation des céréales ou les impuretés des grains (comme l'ergot de seigle) sont déjà des dossiers actifs. Autre dossier, la discussion avec les partenaires sociaux autour de notre convention collective de la meunerie, notamment sur la pénibilité et sur la mise en place de la prévoyance ou la complémentaire santé. Sans oublier la formation et la revalorisation de notre métier.

LD-LPM : Où en est le dossier de la taxe farine ?

L. D. : Nous avons déposé un amendement sur la taxe farine, rejeté en première lecture à l'Assemblée nationale, puis adopté au Sénat à une large majorité. L'amendement reviendra devant l'Assemblée nationale. Selon plusieurs études, l'EBE de la meunerie représente 50 M€, la taxe farine (CCMSA), 65 M€. La charge fiscale dépasse les 20 %. Notre objectif est de faire prendre conscience au législateur, que la profession ne pourra supporter de tels prélèvements. Cette taxe est injustifiée puisqu'un meunier contribue à la retraite et aux prestations sociales des agriculteurs alors que, pour lui-même, il doit contribuer de façon complémentaire. Les parlementaires le comprennent. Mais le problème de l'État, aujourd'hui, c'est de boucler le budget.

La meunerie française en chiffres

- Utilisation de 5,45 Mt de blé tendre en 2014 par les meuniers hexagonaux pour produire 4,27 Mt de farines.

- Avec un chiffre d'affaires de 2,05 Md€, la meunerie française se place en deuxième position au sein de l'UE et à la dixième place au niveau mondial.

- Fort de ses 275 moulins adhérents, l'ANMF représente 92 % de la production nationale de farine.

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