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Industrie agroalimentaire
Recul des excédents commerciaux dans la filière grains en 2016

Cette année sera marquée par un nouveau repli du solde des échanges extérieurs dans l'industrie agroalimentaire, après sa stabilisation en 2015. Quant aux exportations de céréales, la situation s'aggrave, en ce début de campagne.

« Signe d'une compétitivité dégradée, la hausse de l'investissement s'accompagne d'une détérioration du solde commercial dans l'industrie agroalimentaire (IAA), indique l'Ania dans son “Tableau de bord de l'agroalimentaire - 2nd trimestre 2016”, publié le 5 octobre. Depuis le début de l'année, les importations progressent plus vite que les exportations, dans un contexte où la production comme les stocks fléchissent. Le solde commercial se détériore sensiblement lorsqu'il est mesuré hors boissons et tabac (4,1 Md€ en 2016, baisse de 800 M€ sur un an). Il atteint un niveau inobservé depuis 2004. » Le secteur agroalimentaire échappe au redressement des marges constaté dans l'ensemble de l'industrie, désormais à leur niveau de 2007, souligne l'Ania. « Son taux de marge a reculé de près de 4 points depuis 2007. » Ce dernier est estimé à 43,1 pour 2016, contre 44,6 en 2015 et 44,5 en 2014, selon des données de l'Insee. « D'un point de vue prospectif, les derniers indicateurs ne plaident pas pour un redressement notable de l'activité dans le secteur agroalimentaire, s'inquiète l'Ania. Seule la production pourrait retrouver un peu de tonus dans les mois à venir, sans toutefois effacer le net recul jusqu'alors observé en 2016. » Selon le jugement des industiels de l'IAA sur leur activité (enquête de l'Insee), les perspectives de production (portant sur l'évolution de la production dans les trois mois suivants), « bien orientées cet été puis en retrait en septembre, permettent d'anticiper un contrecoup favorable à court terme de la production, qui pourrait être suivi d'un nouveau recul fin 2016 », explique l'Ania.

Du 1er juillet au 11 octobre, la France n'a exporté sur pays tiers que 1,25 Mt de blé tendre contre 2,13 Mt l'an dernier.

Situation contrastée dans l'IAA

Dans le détail, les performances commerciales sont hétérogènes selon les secteurs de l'IAA. Si l'on compare le solde commercial dans l'IAA sur les douze derniers mois à juillet 2016 à celui sur les douze derniers mois à décembre 2015 (cf. graphique), les secteurs des Produits du travail des grains et Aliments pour animaux enregistrent de fortes érosions de leur excédent commercial sur les sept premiers mois de 2016. Une tendance confirmée par les chiffres d'Agreste sur le commerce extérieur agroalimentaire, publiés le 10 octobre. Le solde commercial pour les Produits des céréales s'établit à 88 M€ en août (contre 91 M€ il y a un an) et à 658 M€ en cumul sur les huit premiers mois de 2016 (contre 713 M€ sur la même période 2015). Et ce, en raison d'une hausse des importations (+ 62 M€ à 1,101 Md€ sur janvier-août 2016), non compensée par les exportations (+ 7 M€ à 1,759 Md€). Le solde commercial des Aliments pour animaux s'élève à 93 M€ en août (contre 95 M€) et 714 M€ en cumul depuis le début de l'année (contre 808 M€). La hausse des importations (+ 34 M€ à 645 M€ sur janvier-août 2016) s'est conjuguée à une baisse des exportations (-61 M€ à 1,358 Md€).

Dans le même temps, des secteurs comme les Produits de le boulange-rie-pâtisserie et pâtes et Huiles, tourteaux et corps gras améliorent leur solde commercial, même s'il reste négatif. En cumul sur les huit premiers mois de 2016, le déficit commercial des Produits de le boulangerie-pâtisserie et pâtes passe de - 313 M€ à - 245 M€, en raison d'une hausse de l'export (+ 136 M€ à 1,206 Md€) plus importante que de l'import (+ 68 M€ à 1.451 M€). Quant aux Huiles, tourteaux et corps gras, le déficit commercial progresse de - 1,62 à - 1,461 Md€, suite à une hausse de l'export (+ 62 M€ à 1,826 Md€) qui se cumule avec une baisse de l'import (-98 M€ à 2,287 Md€).

Des exportations de céréales à la dérive

Concernant les produits agricoles bruts, la situation est catastrophique, comme l'illustrent les dernières données d'Agreste. En cumul sur les huit premiers mois de 2016, les sorties de céréales régressent sur un an de 745 M€, à 4,482 Md€. Sur le seul mois d'août, « la valeur des exportations de céréales, au premier rang des produits bruts exportés, diminue de 44 % sur un an [à 298 M€], parallèlement à la baisse des quantités de blé vendues vers l'Algérie et d'orge vers la Chine. » En volumes, la campagne de commercialisation céréalière 2016/2017 débute très mal, avec des tirages de certificats à l'export sur pays tiers cumulés du 1er juillet au 11 octobre de 1,25 Mt en blé tendre (2,13 Mt sur la même période en 2015/2016), de 0,31 Mt en orge (1,19 Mt) et de 0,05 Mt en blé dur (0,10 Mt). Seul le maïs tire son épingle du jeu, avec 0,11 Mt exportées (0,03 Mt). Et les perspectives ne sont pas à l'amélioration, selon FranceAgri-Mer (cf. page 7). 

Évolution du solde des échanges agroalimentaires

« Après une progression constante du solde total des échanges agroalimentaires de la France (produits des IAA et produits agricoles, hors tabac), entre 2009 et 2011, qui a permis au secteur de dépasser le niveau d'avant-crise (10 Md€) et d'atteindre le seuil historique de 12,8 Md€, celui-ci a stagné les deux années suivantes avant de connaître un fort recul en 2014, le ramenant à 10,4 Md€, indique le ministère de l'Agriculture dans l'édition 2016 de son “Panorama des industries agroalimentaires”. Mais l'année 2015 aura permis de stabiliser la situation (+ 0,4 Md€ par rapport à 2014) grâce notamment au redressement du résultat des IAA (excédent de 8,1 Md€ pour les IAA, hors produits agricoles et tabac). »

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