Rabobank : vers une guerre des monnaies
Elwin de Groot, expert de la banque néerlandaise, Rabobank, a estimé, lors du Global Grain 2015 à Genève, que la volatilité sur le marché des changes allait augmenter, impactant les cours mondiaux des matières premières agricoles.

Au milieu des intervenants projetant une remontée prochaine des prix des grains lors du dernier Global Grain (cf. n°4131), a surgi Elwin de Groot, analyste de la Rabobank, estimant un maintien du contexte baissier sur le moyen terme. Essentiellement du fait d'un contexte macroéconomique actuel défavorable à la demande internationale en pétrole et en grains. D'après l'expert, la croissance globale est trop faible pour empêcher la progression des dettes des pays, les taux de changes vont connaître une volatilité accrue, mettant fin « au super cycle des commodités ».
L'euro à 1,04 $ en 2016 ?Les pâles situations économiques en Russie et au Brésil (consommateur de pétrole) laissent entrevoir une poursuite de la baisse de leurs
monnaies nationales par rapport à l'euro et au dollar. Dans l'UE, la croissance est fragile, seulement tirée par la consommation intérieure, et non par les investissements. Si l'euro reste élevé par rapport au rouble russe et à la hryvnia ukrainienne, il demeurera bas par rap-port au dollar. Les États-Unis vont clairement mieux, avec un taux de chômage qui revient au niveau d'avant-crise à 5 %, selon Elwin de Groot. « C'est le signal indiquant que la Fed devrait remonter ses taux d'intérêts à 0,25 % en décembre prochain. » Ainsi, « l'euro est susceptible d'atteindre les 1,04 $ durant l'année 2016 ».
Tous ces éléments engendreraient « une guerre des monnaies entre les pays », pour savoir qui sera le plus compétitif sur le marché des grains.
Les réserves de la Chine fondentPar ailleurs, « la Chine n'a pas autant de réserves que cela. La recul de sa croissance et sa politique dépensière de relance de la consommation intérieure engendrent une sortie de capitaux. Cette situation n'est pas tenable à long terme », estime Elwin de Groot. Ce dernier s'appuie sur les chiffres du FMI. L'Empire du Milieu ne cessait d'accroître ses réserves de devises étrangères depuis 2002, avant de connaître un inquiétant repli, tombant à 3.500 milliards de dollars en 2015, contre 4.000 milliards de dollars quelques mois plus tôt. Conséquence, la Chine est susceptible de réduire le rythme de ses achats de grains. Enfin, les pays émergents « n'ont actuellement plus les moyens de tirer la croissance mondiale et la demande en matières premières, comme c'était le cas auparavant », explique l'analyste. À titre d'exem ple, l'Arabie saoudite, grosse consommatrice de grains, voit sa croissance par habitant reculer de presque 2 % sur la période 2014-2016, selon le FMI.