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Marchés céréaliers
Quels éléments faudra-t-il surveiller pour bien entamer la campagne?

En vue de la prochaine campagne, InVivo a inventorié les paramètres susceptibles d’orienter les marchés mondiaux

LES INCERTITUDES sont croissantes sur les marchés des matières premières, en raison notamment de la spéculation financière, des risques climatiques ou de décisions politiques imprévues. Les bonnes ou mauvaises surprises attendues en 2010 ont été présentées à l’occasion du séminaire « marché des grains : que nous réserve l’année 2010 » organisé par InVivo le 31 mars.

Les stocks de maïs se stabilisent aux états-Unis
    Première surprise: « La guerre soja/maïs n’aura pas lieu, malgré les craintes existantes à l’automne 2009. Les stocks parviendront donc à se stabiliser à la fin de la campagne 2009/2010 » annonce Andrée Defois, présidente de Tallage (cf graph), cabinet d'études agro-économiques spécialisé dans les marchés des grains. La production de maïs des états-Unis a ainsi été confirmée à un haut niveau à 334 Mt. La chute importante des surfaces américaines de blé d’hiver (- 2Mha), laissant de la place aux cultures de printemps, maïs ou soja, a calmé les inquiétudes. Une situation qui reste toutefois fragile. Comme le rappelle Andrée Defois, « La production US ne peut se permettre de reculer. Les semis ne sont pas encore réalisés. Après une surprise baissière qui a été digérée par les opérateurs, une surprise haussière pourrait intervenir sur le maïs aux USA en cas de problème au printemps ».
    Deuxième point à surveiller, et qui pourrait intervenir sur la consommation de maïs aux états-Unis : l’avenir de la « credit tax », exemption partielle de taxe sur les biocarburants aux états-Unis. Pour l’éthanol l’éxonération de 45 cts/gallon est garantie jusqu’en décembre 2010. Si elle n’était pas prolongée en 2011, le recul de production pourrait atteindre 10 % par an ! « Soit un recul de la consommation de maïs de 5 Mt en 2010/11, et 10 Mt en 2011/2012 » précise Andrée Defois. Concernant le biodiesel, l’échéance est plus rapide, l’exemption de 1 $/gallon était garantie jusqu’à la fin 2009. Le renouvellement est actuellement en discussion. La prolongation est fort probable mais dans l’attente, l’industrie a fortement ralenti sa production.

Sur le court terme, quelles craintes sur le climat ?
    Autre incertitude non négligeable: le climat. Avec des phénomènes tels qu’El Nino, les opérateurs s’intéressent désormais aux prévisions saisonnières. « Une science qui n’est pas exacte » prévient Tristan d’Orgeval, de la société Metnext, entreprise spécialisée dans la gestion du risque climatique. Pour le printemps 2010 en Europe, le risque majeur ne serait pas un risque de sécheresse. Mais il est difficile d’aller plus loin. « Les prévisions sont meilleures en zones tropicales, du type Brésil/Nord de l’Argentine, l’évolution du climat y étant davantage corrélée à la température de l’eau .»
« En Europe, la qualité et les rendements ne sont pas encore sécurisés » rappelle Andrée Defois. Il faudra également prêter attention à la fin du cycle de production au Maghreb, au Proche-Orient. « La situation est bonne, notamment en Algérie, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une sécheresse. »
    Les conditions de semis de printemps dans l’hémisphère Nord seront bien entendu à observer de près, notamment en Russie. « Dans cette région, rien n’est gagné car les semis sont en retard. Tout va dépendre aussi du prix payé aux producteurs. » Dans l’hémisphère Sud, même préoccupation. Un mieux est attendu en Argentine mais il reste à concrétiser.
    A plus long terme, dans cinq à dix années, un déplacement du potentiel de production vers le nord de l’Europe pourrait être observé, accompagnant notamment le réchauffement climatique.

L’Inde restera-t-elle au premier plan ?
Des décisions politiques pourraient également peser sur les marchés. L’Inde pourrait ainsi exporter 2 Mt sur la campagne 2010/2011, contre 0,4 Mt la campagne précédente. « Tout dépendra de l’arbitrage entre les coûts des stocks à porter et les risques d’inflation. Le gouvernement devra accorder des subventions aux exportateurs» précise Andrée Defois. Si 2 Mt peuvent paraître dérisoires sur le bilan mondial, il y aura une conséquence baissière sur les autres exportateurs. Là encore, les prochains semis vont-ils confirmer cette nouvelle place sur le marché ?
    Du même ordre: la gestion des stocks d’intervention de blé en Russie sera primordiale. L’écoulement des stocks est prudent pour le moment, avec des ventes très ciblées, notamment à destination de l’aide alimentaire. La Russie ne s’est pas encore vraiment attaquée au marché purement commercial pour protéger les prix sur son marché intérieur. Cette attitude sera-t-elle maintenue après les semis de printemps ?

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