Protection des semences : une nécessité pour développer les oléagineux en France
Outre l’alimentation, les applications des huiles végétales sont diverses : solvants, encres, peintures, bio-lubrifiant… Et avec les objectifs européens de développement des biocarburants, également poursuivis par le gouvernement français, des besoins importants sont à satisfaire. Le biodiesel pour la filière gasoil (Diester) est essentiellement issu d’huile de colza. Les 300.000 hectares de culture actuellement nécessaires doivent rapidement passer à plus d’un million d’hectares pour faire face aux besoins, indique la dernière édition des “Dossiers de la protection des semences”, une publication interprofessionnelle. Pour atteindre cet objectif, il est indispensable de pouvoir recourir à des solutions techniques innovantes permettant d’améliorer la compétitivité des cultures et d’augmenter la productivité de 0,5 à 1 quintal à l’hectare et par an en moyenne pour le colza.
La France est un des seuls pays à ne pas permettre la protection insecticide des semences de colza. De fait, il n’y a pas de solution sûre pour préserver la culture des attaques d’insectes à la levée. Les pucerons occasionnent notamment en automne des attaques virales. D’après Fabien Lagarde du Cetiom (Centre technique interprofessionnel des oléagineux métropolitains) : «Les nouveaux traitements insecticides des semences utilisés chez nos voisins européens (tel que le Thiaméthoxam, à défaut d’Imidaclopride [Gaucho] qui a vu son homologation suspendue suite aux plaintes de certains apiculteurs, NDLR) pourraient être avantageusement employés dans la moitié nord de la France avec des gains de 1 à 3 q/ha en moyenne sur 600.000 à 800.000 hectares.»
Alors pourquoi se priver de telles solutions déjà largement éprouvées en Europe ? L’interrogation des professionnels agricoles est appuyée par Xavier Beulin, président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et protéagineux (Fop) qui estime que «refuser certaines technologies ou innovations scientifiques risque de mettre à mal l’avenir de l’agriculture, dans un monde de plus en plus ouvert et concurrentiel».