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Protéagineux : oublier la récolte 2005 et repartir du bon pied

Pour Gérard Debaene, président de l’Unip, «il faut tirer les leçons de cette année décevante, repartir sur des bases différentes et, surtout, ne pas perdre courage». 

«Le potentiel des cultures était énorme jusqu’au 15 juin, puis ce fut la “cata”», se souvient Gérard Debaene, le président de l’Union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines (Unip). Le coup de chaleur de fin juin et la période pluvieuse de juillet, qui a entravé les opérations de récolte, ont eu raison des prévisions optimistes printannières. Les producteurs ont vu leurs champs de pois de printemps dépérir, jour après jour, avec des gousses passant de 7 à 2-3 grains. Les pois d’hiver, plus précoces, ont échappé à la canicule, mais pas toujours aux orages à maturité : ils donnent souvent de bien meilleurs rendements, cependant ils ont parfois été difficiles à récolter dans le Nord et l’Est. Quant aux féveroles de printemps, plus tardives, elles ont pu se récupérer partiellement avec le retour d’un temps plus frais et parfois arrosé. D’où une hausse de la production de féverole (0,41 Mt, contre 0,37 Mt en 2004).

Bilan de la récolte 2005

Avec 41,6 q/ha en moyenne nationale sur 326.000 ha, le pois protéagineux (1,35 Mt, contre 1,67 Mt en 2004 et 2003) a été pénalisé cette année. Ce sont les régions de la moitié Nord, à dominante de pois de printemps, qui ont été les plus affectées. A l’inverse, les régions plus au Sud obtiennent des résultats proches de la moyenne des années précédentes et nettement meilleurs que l’an passé. Le contraste avec la récolte 2004, où le gradient variait du simple au double entre le Sud-Ouest et le Nord-Pas-de-Calais, est spectaculaire.

La qualité des pois et féveroles pour l’alimentation animale est bonne et les prix pour ce débouché continuent de se tenir régulièrement à 20 euros/t au dessus de celui des céréales. Quant au débouché en alimentation humaine, «la féverole de printemps bénéficie du marché export vers l’Egypte qui continue d’offrir des prix attractifs pour les lots de qualité», conclut Benoît Carrouée de l’Unip.

Bien raisonner ses assolements 2006

Avec les faibles rendements des protéagineux en 2005, dans bien des cas, seuls les débouchés à plus forte valeur ajoutée en alimentation humaine of-frent des marges attractives. De fait, certains producteurs et organismes stockeurs envisagent pour 2006 de limiter leur production à ce type de débouchés. «Ce serait oublier que le volume de ces marchés spécifiques est beaucoup plus limité que le débouché en alimentation animale : 2 à 300.000 t en féveroles et moins pour le pois jaune tant que la concurrence canadienne bénéficie d’un dollar bas ; ce serait aussi faire peu de cas des conséquences à terme sur l’équilibre des marchés, l’équilibre des rotations et le fonctionnement de la filière des protéagineux», souligne Gérard Morice d’Arvalis-Institut du végétal. Une analyse sérieuse de l’intérêt économique des protéagineux dans les rotations, en tenant compte des rendements obtenus en moyenne sur plusieurs années et pas seulement de la con-tre-performance de 2005, montre qu’ils gardent leur intérêt y compris lorsqu’ils sont destinés au marché de l’alimentation animale.

Par rapport aux pratiques dominantes actuelles, des changements d’options techniques, ciblés par région et par systèmes de culture et tenant compte des progrès variétaux récents (comme les quatre nouvelles inscriptions de pois d’hiver*), apparaissent cependant nécessaires pour limiter les fluctuations de rendement liées au climat.

Dans cette perspective, l’Unip propose de nouvelles options techniques adaptées aux différentes régions pour optimiser les rendements. Ces «quatre pistes» qui seront développer dans les prochaines années et sur lesquelles nous reviendrons de façon plus détaillée, se résument ainsi : 1) opter pour le pois d’hiver dans le Centre et l’Est de la France, y compris en sol profond, 2) alterner pois et féveroles de printemps dans les limons du Nord-Ouest, 3) développer les semis d’hiver dans les assolements irrigués Poitou-Charentes et du Sud-Ouest et 4) mieux choisir entre pois, féverole ou lupins chez les éleveurs de ruminants. 

* Alors qu’aucune variété de pois d’hiver n’avait été inscrite depuis 1997, quatre variétés ont été inscrites fin 2004. Comparées à Cheyenne, ces variétés apportent une meilleure productivité combinée à une amélioration de la résistance au froid pour Isard et Cherokee ou de la tenue de tige pour Apache et Cartouche.

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