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Prix du sucre, clef du marché libéralisé d'après quotas

Mission ministérielle d'accompagnement, réflexion sur la création d'un marché à terme Sucre européen, discussion sur l'adaptation de l'Accord interprofessionnel entre betteraviers et sucriers, la filière française se prépare activement au post 2017.

En 2017, la fin des quotas sucriers aura pour conséquence l'abandon du prix minimum garanti pour les planteurs de betterave, comme l'ont vécu avant eux les producteurs de céréales. Entre 2003 et 2014, les exportations de sucre de l'UE sont passées de 56 Mt à 1,35 Mt actuellement, dont 0,3 Mt pour la France, selon la CGB. Une baisse qui fait suite à la plainte du Brésil, de l'Australie et de la Thaïlande à l'OMC en 2003, qui a conduit la Commission européenne à revoir sa politique extérieure concernant les exports de sucre. Avec la fin des quotas de production en 2017, l'UE pourra retrouver sa liberté d'exportation et vendre 5 à 6 Mt de sucre sur pays tiers. La France serait alors en mesure d'y participer pour des volumes de 1,5 Mt, comme avant le litige porté devant l'OMC. Ces chiffres correspondent grosso modo aux niveaux de saturation de production actuels ” dans l'UE. Mais rien ne les garantit. Alors que peut réellement envisager la filière Sucre européenne ? « Dites-moi à quel prix pourra être vendu le sucre et je vous dirai le volume », résume Alain Jeanroy, DG de la CGB.

Dites-moi à quel prix pourra être vendu le sucre et je vous dirai le volume !

Une mission ministérielle pour accompagner la filière

Pour répondre à cette question, le ministère de l'Agriculture a lancé le 16 janvier « une mission ministérielle d'accompagnement de la filière sucrière et de réflexion sur les perspectives du secteur après la fin des quotas », indique un communiqué. Il s'agit d'évaluer les forces et faiblesses des betteraviers et sucriers français pour proposer des « leviers d'actions », « en concertation avec les acteurs concernés ». Pour la CGB, « il faut tout mettre en œuvre pour que ce basculement dans une conjoncture plus libérale se fasse le mieux possible ». Et Alain Jeanroy d'insister : « La mission est un élément facilitateur pour établir un constat le plus exhaustif et objectif possible, tous les maillons de la filière n'ayant pas forcément le même point de vue et les mêmes prévisions. » « L'objectif, sur le marché du sucre, est de rester leader sur l'UE – nous y exportons près de la moitié de notre production – et de reconquérir le marché mondial. De plus, la filière française souhaite conserver son leadership européen dans le secteur de l'éthanol. »

Quels outils faut-il mettre en place pour atteindre ces objectifs ? « La logistique (cf. n°4084 p.6), qui est du ressort des opérateurs de la filière, en est un exemple, précise Alain Jeanroy. Cependant, au gré de la mission ministérielle, l'État va mettre le doigt sur ses responsabilités, notamment en matière d'accord de libre-échange.» « Depuis 2013, nous avons concédé 0,5 Mt de sucre sans droit de douane aux pays d'Amérique centrale, au Pérou, à la Colombie et à l'Ukraine. Et d'ici 2017, c'est à nouveau 150 kt de sucre concédés à l'Afrique du Sud, a rappelé Éric Lainé, président de la CGB, lors de son assemblée générale en décembre. Quand cela va-t-il s'arrêter ? »

Quid d'un nouveau marché à terme sur le sucre ?

Cela devient une coutume. Chaque libéralisation d'un marché agricole s'accompagne de la création d'un marché à terme et de produits financiers, pour permettre – notamment aux producteurs et transformateurs – de mieux gérer la volatilité des prix. Blé, maïs, complexe oléagineux et, dernièrement annoncé, produits laitiers (cf. n°4081 p.1) ont déjà fait l'objet d'une réflexion au sein de la filière européenne. C'est, désormais, au tour du sucre blanc. Il existe déjà deux contrats à terme en la matière, celui du CME sur le sucre roux en $/livre à New-York et celui d'ICE sur du sucre blanc en $/t à Londres, avec des points de livraisons répartis sur tout le globe. « Pour savoir si ces deux contrats à terme suffisent pour accompagner la filière dans l'après quotas », la société Agritel (partenaire d'Euronext pour lancer le complexe de dérivés Produits laitiers) « mènera prochainement une étude sur l'opportunité de créer un nouveau contrat », a annoncé Michel Portier. Pour lui, « la France et l'Allemagne pourraient être intéressées par un contrat Sucre spécifique, en €/t, avec moins de points de livraisons ».

Adapter l'Accord interprofessionnel pour 2017/2018

Parallèlement à la mission lancée par le ministère de l'Agriculture d'accompagnement de la filière sucrière, les planteurs de betteraves vont « entrer en discussion avec les fabricants de sucre pour adapter à la situation post 2017 l'Accord interprofessionnel, qui vient d'être conclu pour les deux prochaines campagnes, 2015/2016 et 2016/2017 (cf.n°4083 p.4). Notamment concernant l'attribution des volumes (quelle quantité contracter pour quel débouché ?) et la détermination du prix de la betterave payé au producteur en fonction du débouché, indique Alain Jeanroy, DG de la CGB. De plus, l'allongement des campagnes sucrières (de 110 à 120-130 jours), pour écraser les frais fixes des fabricants, pose le problème de la conservation des betteraves et de sa prise en charge. Qui va payer ? »

Alain Jeanroy constate pour sa part que «les deux marchés à terme existants sont adaptés au marché de l'export, mais que les opérateurs ne disposent pas d'un outil similaire pour s'arbitrer sur la place européenne. » Un marché à terme permettrait également aux planteurs, par l'entremise de leur industriel, de mieux maîtriser leur visibilité sur les prix de la production, comme pour les céréales. « Nous avons deux ans devant nous pour nous y préparer », conclut Alain Jeanroy.

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