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Prix du blé : les producteurs demandent une revalorisation des prix d’intervention

Lors de la conférence de presse de rentrée de l’AGPB le 16 septembre, les représentants de la profession ont fait part de leur souhait de voir les prix d’intervention revalorisés et appelé à la mise en place de réserves stratégiques à l’échelle européenne.

Philippe Heusele, secrétaire général et Éric Thirouin, président de l'AGPB, lors de la conférence de presse de rentrée le 16 septembre 2025
Philippe Heusele, secrétaire général et Éric Thirouin, président de l'AGPB, lors de la conférence de presse de rentrée le 16 septembre 2025
© Adèle d'Humières

L’année dernière, l’AGPB (Association générale des producteurs de blé) avait déjà demandé la hausse des prix d’intervention sur les céréales à l’échelle européenne. Pour le moment, l’achat de céréales par les organismes payeurs des pays membres de l’Union européenne est censé se déclencher quand les prix dépassent le seuil des 101 €/t. « Ce prix d’intervention est fixé à 101 €/t depuis 2001 », a rappelé Éric Thirouin, président de l’AGPB. Rappelons qu’il avait été abaissé lors de la réforme de la PAC en 1992, puis converti au passage à l’euro.

Lire aussi : Prix du blé : un marché attendu très lourd en 2025-2026, qui risque de peser sur les cours

L’AGPB demande la relance du système d’intervention

Dans les faits, comme le prix n’a jamais été revalorisé depuis, le mécanisme d’intervention n’était plus utilisé sur les marchés européens. En France, la campagne 2006-2007 a été la dernière à clôturer avec des stocks d’intervention.

« Nous appelons à une revalorisation du prix d’intervention du montant de l’inflation ; si l’inflation avait été appliquée chaque année jusqu’en 2023, il serait actuellement à 170 €/t, un niveau atteint la semaine dernière », a déclaré le président de l’AGPB. Cette mesure concernerait bien sûr en priorité le blé tendre, mais aussi le blé dur et l’orge, autrefois concernés.

Lire aussi : Blé dur – La ministre Annie Genevard annonce le doublement des aides PAC dans les zones traditionnelles

Une revendication relativement ancienne

Les producteurs européens l’avaient déjà demandée en 2024, mais Ursula von der Leyen n’avait pas accédé à cette sollicitation. « En revanche, la commission agricole du Parlement européen l’a reprise, et la proposition a été votée par les députés de la Commission européenne », précise le président de l'AGPB. Il faudra attendre encore quelques mois pour en voir les conséquences. En 2017, la Coordination rurale, puis le think-thank Momagri (maintenant Agriculture Stratégies), fondé par Pierre Pagesse, ancien président de Limagrain, avaient émis cette idée.

Lire aussi : L’UE et l’Ukraine trouvent un accord, quelles clauses pour les filières agricoles ?

Un outil de protection des producteurs, selon l’AGPB

Pour Éric Thirouin, le retour de ce système permettrait « une concurrence plus libre et non faussée, alors que l’OMC et la régulation par l’offre et la demande mondiales sont devenues caduques ». Le retour à des mécanismes d’intervention dans l’UE permettrait de protéger les producteurs et la souveraineté alimentaire européenne, selon l’AGPB. « Le système de gestion mondiale ne marche plus ; on voit bien que les Brics s’organisent à part pour se dédouaner du dollar », appuie le président de l'AGPB.

Lire aussi : Les pays Brics s’en prennent aux quatre géants du commerce du grain

La réflexion sur le stockage stratégique à l’échelle de l’Union européenne a été lancée

Par ailleurs, l’AGPB a communiqué sur sa participation aux groupes de travail lancés par l’Union européenne pour l’éventuelle mise en place d’un dispositif de stockage stratégique en blé tendre, blé dur et orge. « Nous y sommes favorables pour la régulation du marché et pour les agriculteurs », a déclaré Éric Thirouin. Il a notamment cité le cas de la Finlande, qui a remis en place un stockage stratégique après le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et de la Chine, dont la Constitution prévoit carrément ce dispositif. Là aussi, rien de nouveau. Cette mesure avait déjà été appelée de ses vœux notamment par la Fondation Farm (Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde) en 2013 puis en 2022.

La question de la logistique reste en suspens

Le retour de stocks d’intervention et l’introduction d’une réserve stratégique en grains suppose des capacités logistiques ad hoc. Et ce alors que les listes d’installations de stockage dans les pays membres ne sont même plus disponibles sur le site de la Commission européenne. Rappelons qu'en raison de la situation économique compliquée des coopératives céréalières, la tendance est plutôt à la fermeture de silos, alors que les installations existantes sont vieillissantes. La Coopération agricole a d’ailleurs lancé une réflexion sur le sujet. « Il faudra une réflexion sur la construction de silos en France, la modernisation du parc ainsi que les exigences de gestion des insectes, de même que sur le fret ferroviaire et fluvial ; une vraie réinvention de la gestion des céréales en Europe pour les trente ans qui viennent », a déclaré Éric Thirouin.

Et en maïs ?

Interrogée par La Dépêche - Le petit meunier, l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs) s'est déclarée en phase avec ces deux projets également pour le maïs, concerné par les mécanismes d'intervention. « Les prix actuels sont deux fois inférieurs aux coûts de production. Revaloriser les prix d'intervention est une évidence nécessaire pour répondre à la problématique d'effet ciseaux », a déclaré l'association. En maïs, la mesure permettrait également de déclencher les droits de douane à l’importation, indexés sur le prix d’intervention, ajoute-t-elle. Reste à évaluer les conséquences d’une telle mesure sur les fabricants d’aliments pour animaux européens.

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