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Prix bas en grains et concurrence accrue à l'avenir, selon le CIC

La 25e conférence du CIC (Conseil international des céréales) a été l'occasion de faire un point sur les perspectives d'évolution du marché sur les court et long termes, avant la récolte de blé, qui va débuter dans l'hémisphère Nord.

« L'environnement des échanges sur le marché des céréales change. On voit des accords commerciaux bilatéraux apparaître, la concurrence entre les pays s'accroître, les échanges augmenter (...) Notre indice de prix GOI, bien qu'en progression d'un an sur l'autre, reste à un niveau bas », s'est exprimé Etsuho Kitahara, directeur du Conseil international des céréales (CIC), dans son discours d'introduction à la 25e conférence de l'organisme le 14 juin à Londres.

Prix moyen du blé à 147 $/t sur Chicago en 2016 ?

Les exposants qui ont suivi l'intervention confirment dans l'ensemble la tendance baissière, qui pourrait se poursuivre sur l'ensemble de l'année 2016. Robert Johansson, économiste au sein de l'USDA, s'engage de manière plus explicite. « Les prix du blé tendre sur Chicago devraient s'élèver en moyenne sur l'année 2016 à 147 $/t, contre 180 $/t en 2015. Ceux du maïs tomberaient à 137,8 $/t, contre 145,7 $/t l'an passé ». Le soja devrait en revanche progresser entre 2015 et 2016, passant de 332,5 $/t à 349,1 $/t. Mais des agriculteurs pourraient changer d'avis au dernier moment et semer d'avantage de soja, au vu de la récente hausse des cours, susceptible de changer la donne, souligne l'expert. Il confirme la forte concurrence à venir des autres pays producteurs sur les marchés, spécialement en maïs et en soja. Au Brésil, les exportations de ces deux produits pourraient dépasser les 100 Mt à l'horizon 2025/2026. « Nous estimions un chiffre inférieur à 100 Mt l'an dernier », précise l'économiste de l'USDA. En Argentine, Jesus Silveyra, du ministère de l'Agroindustrie local, rapporte une hausse des semis de 23 % en blé tendre et de 15 % en maïs pour 2016. Par ailleurs, le pays « espère augmenter la production de céréales et d'oléagineux de 50 % à l'horizon 2020 ».

En Europe, un trader revenant d'un tour de plaine en Ukraine a indiqué que la situation actuelle « relevait du miracle ». « Cela arrive une fois par siècle. La sécheresse avait engendré d'importants dégâts durant les semis. Les conditions se sont améliorées par la suite, avec l'absence d'hiver, et les pluies récentes ont permis de sauver bon nombre de parcelles. » Il indique qu'il ne serait pas étonné de voir « une production ukrainienne 2016 dépasser les 20 Mt, voire 24 Mt », comme le projette l'USDA au 10 juin, contre les 16-18 Mt prévues par bon nombre d'analystes.

La production de blé en Ukraine pourrait être revue à plus de 20 Mt.

Du côté de la Chine, « l'offre de grains est supérieure à la demande cette année et pour celles à venir », se réjouit Li Xigui, directeur du département d'analyse des marchés au sein du CNGOIC (China National Grains and Oils Information Center). La première est estimée à environ 550 Mt et la seconde à moins de 450 Mt en 2016. Toutefois, ces estimations incluent le riz. L'Empire du Milieu devrait voir ses achats de soja encore progresser en 2016/ 2017, « mais à un rythme moindre que celui estimé par les Américains ». Pour 2016, « nous estimons les importations du pays à 85 Mt », contre 87 Mt selon l'USDA.

Pétrole et la Niña en contrepoids ?

Néanmoins, les opinions ne sont pas toutes convergentes. Assistant à la conférence, Bernard Valluis, président délégué de l'ANMF, voit quelques éléments haussiers sur le court terme. « Plusieurs marchés ont atteint un niveau plus bas ces derniers temps, et sont en train de remonter, comme le fret mais aussi le pétrole. Or, les cours du blé sont très corrélés à celui de l'or noir. »

Vient ensuite le phénomène la Niña. « L'été pourrait s'avérer très, très chaud aux États-Unis, affectant les récoltes de maïs et de soja. (...) Nous estimons à 90 % les chances de voir des températures supérieures à la normale durant l'été aux États-Unis », explique Corey Cherr, responsable du département Agriculture et prévisions météo chez Reuters. Si les conditions climatiques seront favorables au blé dans l'hémisphère Nord et en Australie en cas de phénomène confirmé de La Niña, la volatilité sur les marchés du maïs et du soja pourrait s'accroître, avec des baisses de production en Amérique et en Europe de l'Est.

TPP, source de concurrence

Le TPP (TransPacific Partnership), signé le 4 février dernier, devrait augmenter la concurrence entre les pays signataires sur le marché des grains. « Les pays fournisseurs de blé et d'orges, tels que les États-Unis et le Canada, auront le même accès au marché japonais que l'Australie, qui bénéficiait de mesures préférentielles », précise Masanori Hayashi, chercheur au sein de l'université de Waseda à Tokyo et spécialiste du sujet. Ajoutons à cela le possible TTIP – auquel les exposants se sont montrés favorables car source de croissance selon eux – qui aura probablement un impact direct ou indirect sur les échanges de grains. 

Le contracyclique peut avoir un coût très élevé

Le directeur du département d'analyse des marchés agricoles de la Commission européenne, Jens Schaps, a indiqué en marge de la conférence du CIC que le système américain de soutien aux agriculteurs, le contracyclique, que souhaitent certains organismes agricoles en France, serait difficile à appliquer dans l'UE. « C'est une solution qui peut être intéressante. Toutefois, il faut que tous les États membres se mettent d'accord. De plus, ce système à un coût, qui peut être très élevé, surtout en ce moment avec des cours mondiaux à un bas niveau. Par ailleurs, nous fournissons déjà des aides aux producteurs, au travers des paiements directs, sans condition. »

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