Blé tendre
Premières altérations de la qualité des blés tendres par les pluies, marché attentiste

Les cours ont progressé, jeudi, sous l'impulsion des marchés à terme. Ces derniers ont été sujets à des prises de positions, consécutives au crash de l'avion de la Malaysia Airlines, faisant craindre une recrudescence des tensions russo-ukrainiennes. Côté physique, c'est l'attentisme. Les récoltes ont repris à la faveur du retour d'un temps clément. L'enjeu est désormais de moissonner le plus rapidement possible avant le retour des orages, annoncé ce weekend. Les OS se concentrent sur les récoltes, remettant parfois à plus tard la qualification des lots. Néanmoins, le long épisode pluvieux a déjà fait des dégâts dans certaines régions, où la priorité est au classement, des livraisons étant parfois prévues. Dans ce contexte, encore marqué d'incertitudes alors qu'une large part des surfaces reste à récolter, les échanges sont limités. La demande se manifeste du côté des meuniers et sur le portuaire. Si les premiers échos s'avèrent parfois alarmistes, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur le profil de la récolte. Seule certitude : elle sera abondante, au-delà de 37,5 Mt selon plusieurs spécialistes.
Les pluies ont affecté la qualité du centre à l'est de l'Hexagone
De Strasbourg au centre de la France, des problèmes qualitatifs liés aux pluies gênent le classement des lots. De fortes proportions de grains germés sont localement rapportées par plusieurs opérateurs autour de Paris. Elles atteindraient jusqu'à 10 % pour certaines parcelles. Globalement, les vendeurs ne se positionnent pas sur les blés meuniers, compte tenu des incertitudes qui persistent.
En Champagne, des variétés auraient décroché, avec une dégradation des temps de chute d'Hagberg. On noterait une amélioration en montant vers le Nord. Les rendements seraient bons dans la région. Dans ce contexte, des prix sont désormais proposés pour des blés fourragers. Des affaires se traitent pour des livraisons sur le très court terme avec des primes à la précocité. En Seine-et-Marne, les retours sont particulièrement négatifs avec des germinations importantes, qui pourraient atteindre, localement, 20 %.
Au sud de Paris, le critère variétal serait insuffisant pour une ségrégation des lots, compte tenu de l'hétérogénéité observée selon les terroirs. Sur le Nord Allier, l'Indre, le Cher, l'Indre-et-Loire, le Loiret et le Loir-et-Cher, les rendements seraient bons, les teneurs en protéines correctes, mais les temps de chute pêchent avec des grains germés. Les derniers retours s'avèreraient cependant moins pessimistes. Plus à l'Est, Dijon Céréales annonce un impact des pluies sur les qualités technologiques (PS et temps de chute). Elles ne devraient cependant « pas avoir de répercussion majeure sur les rendements et le taux de protéines », indique un communiqué de la coopérative. « En mesure d'assurer le classement et l'isolement des lots selon leurs qualités pour les 2/3 de la récolte », Dijon Céréales entend désormais « prioriser les chantiers pour faire rentrer à temps les blés présentant encore de bonnes qualités ». « Nous effectuons un très gros travail d'analyse des grains et de classement » poursuit Pascal Demay, directeur Terrain.
L'Ouest préservé
Pas de retour négatif sur le proche hinterland de La Pallice (jusqu'à la Vienne). La qualité serait au rendez-vous. La récolte devrait être bouclée aux trois-quarts avant le weekend. Les vendeurs étant accaparés, le marché est acheteur sur le portuaire, d'où une tension de la prime.
Les Fab préfèrent attendre
Sur l'Ouest, on note des ventes de dégagement à destination des Fab. Mais les affaires se limitent à de petits volumes. Une offre de blés fourragers plus conséquente pourrait en effet entraîner de forts différentiels de primes selon les débouchés.
Dans le Sud-Ouest, les premiers retours sont rassurants avec des temps de chute corrects et de bons rendements. La rentrée des blés se fait à rythme très soutenu. 80 % devraient être récoltés avant le retour des pluies, qui risque d'affecter la qualité des cultures qui n'auront pas pu être moissonnées (Midi-Pyrénées et Aquitaine seraient les plus concernés). Dans cette zone, les exécutions devraient débuter la semaine prochaine, les prix proposés étant motivants au regard des acheteurs. Dans le Sud-Est, où la moisson avait bien avancé avant les pluies, les pluies ont eu un impact modéré.