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Présidentielle 2012 : les attentes de la filière
Pour les coopératives des métiers des grains, il faut : "De la compétitivité, du stockage et une autre voie pour l'environnement"

Hubert Grallet et Christian Pees, respectivement président et vice-président de Coop de France Métiers du Grain

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux candidats à la Présidientielle ?
Coop de France Métiers du grain :
Il faut réaffirmer nos priorités. D’abord, gagner en compétitivité. Ensuite, mieux maîtriser la volatilité et la réduire. Enfin, avoir une nouvelle approche des problèmes environnementaux.

En matière de compétitivité, qu’attendez-vous et quel regard portez-vous sur la TVA sociale ?
CFMG :
Le premier facteur de compétitivité doit venir d’un arrêt de l’empilement des contraintes liées à la réglementation. Nous pensons à toutes les contraintes environnementales, dont certaines ont un intérêt, mais qu’il faudrait mieux calibrer pour qu’elles n’entament pas notre compétitivité, surtout si elles n’ont pas d’efficacité réelle sur l’environnement. Par exemple, il a fallu quatre ans à Malteurop entre la demande de permis de construire et l’inauguration de la malterie de Vitry. Dans le même temps, l’entreprise a construit une malterie en Espagne en dix-huit mois. Concernant la TVA sociale, c’est une mesure intéressante même si le poids de la main d’œuvre est moins important dans les céréales que dans d’autres filières. Nous aurions souhaité que la réduction des charges concerne les non salariés. Au plan européen, nous attendions mieux de la réforme de la Pac. Nous ne pouvons nous satisfaire des propositions de la Commission, notamment sur le verdissement, même s’il est nécessaire de réduire l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Il est faux de considérer que les mesures proposées vont pouvoir s’appliquer uniformément, partout en Europe et porter leurs fruits. C’est une vision simpliste qui ignore la diversité des milieux et des pratiques. Un exemple : la mise en place de bandes enherbées le long des cours d’eau est une mesure intelligente ; décréter qu’il faut 7 % de surfaces dites d’intérêt écologique sans production, c’est de la jachère obligatoire qui ne dit pas son nom, et qui dans la plupart des cas sera inutile. On ne peut aller contre la nécessité de produire plus. Raisonner avec des concepts malthusiens n’est pas de nature à accompagner ce mouvement alors que la France a des atouts indéniables en termes de qualité des sols et de régularité de production. Il ne faut surtout pas décourager la production mais au contraire l’accompagner. La France n’a pas vocation à nourrir le monde mais doit y contribuer.

Concernant la régulation, les propositions du G20 sont-elles suffisantes selon vous ?
CFMG :
La considération collective de ces sujets va dans le bon sens. On ne peut « cracher dans la soupe ». Mais c’est très en deçà de ce que l’on pouvait espérer. Face à l’accroissement des besoins, il y a un accord de principe sur la nécessité d’augmenter la production dans le monde. Mais, il y a très peu d’engagements concrets, sauf sur la recherche variétale pour le blé tendre. Sur la régulation financière, les choses évoluent également dans le bon sens. Ceci dit, nous avons besoin des outils de couverture apportés par les marchés financiers. Les investisseurs étrangers à l’agriculture sont indispensables pour que cela fonctionne. Ce que l’on condamne, ce sont les excès de la financiarisation. Il faut la moraliser, éviter tout ce qui peut conduire à des effets systémiques mais il faut conserver un outil dont nous avons besoin. Pourquoi les marchés à terme sont volatils ? Parce que les fondamentaux conduisent à cette volatilité, principalement la réduction des stocks mondiaux. Pour la limiter, il faut recourir à des stocks régulateurs, et pour ça, produire plus et stocker. En dix ans, en France, notre déficit en capacité de stockage a atteint 10 Mt. C’est pour cela que nous avons lancé le plan silo qui a pour objectif, dans un premier temps, de construire au moins 5 Mt supplémentaires. Nous ne demandons pas de financement public. Mais nous souhaitons que la réglementation ne soit pas dissuasive. 

Pour finir, quelle serait cette nouvelle approche environnementale que vous souhaitez ?
CFMG :
Nous devons réconcilier la productivité et l’écologie. Pour cela, il faut changer le mode de raisonnement. Nous affirmons qu’il est possible d’avoir une agriculture aussi productive et plus respectueuse de l’environnement. En ce qui concerne les phytos, nous considérons que le plan Ecophyto n’aborde pas le sujet sous le bon angle. Partir du principe, simpliste, qu’il faut diviser par deux et ensuite regarder l’impact n’est pas la bonne méthode. L’idée est de renverser le raisonnement. Partons de l’objectif de réduction de  l’impact de l’agriculture sur l’air, l’eau, les sols et la biodiversité, mettons en œuvre les meilleures techniques, utilisons les innovations, la recherche, l’agronomie, et mesurons leurs effets. Le résultat sera une moindre utilisation des phytos, mais la clé d’entrée sera l’optimisation de leur utilisation.

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