Pour l'entreprise Raoul Rolly, chaque variété de blé sélectionnée doit être inscrite dans un cycle “durable”.
« L'agriculteur doit se réapproprier la place centrale dans la filière. Il faut le responsabiliser à la transformation », s'enthousiasme Cyril Gallien, responsable Service approvisionnement de la SARL Raoul Rolly. Cette entreprise, qui a mis en place sa filière blé tendre il y a vingt-six ans, dispose d’un service de courtage mais aussi de recherche et développement des semences. Quelque cent trente lignées, créées en Suisse ou en Hongrie, arrivent en Europe pour être sélectionnées sur quatre territoires Sud-Est, Grand-Ouest, Sud de Paris et Grand-Est. Ainsi, on comptabilise une vingtaine de variétés inscrites au catalogue français, dont quatre nouvelles cette année : les blés longs de force Prosa et Dolly, et les blés de force MV Toldi et MV Kolo. Parmi ces vingt variétés, sept sont recommandées par la meunerie française.
Des rendements moindres mais davantage de valeur ajoutée
« Nos variétés doivent d'abord répondre aux besoins agronomiques des différents terroirs de France mais aussi remplir les exigences technologiques qu'imposent les transformateurs. Avant de mettre sur le marché des variétés, les industriels testent pendant au moins quatre années nos variétés », explique Gil Rolly, directeur de l'entreprise. Et d'ajouter : « La semence étant adaptée à la production demandée, les rendements sont certes inférieurs aux niveaux que l’on peut connaître mais la valeur ajoutée est augmentée d’environ 30 % du prix BPMF. » La variété est ainsi intégrée dans une filière “durable” et est utilisée pendant une dizaine d’année pour assurer un approvisionnement constant des industriels. C’est le cas de la filière blé McDonald’s (cf. n°4147) qui utilise en intégralité du blé français pour le pain de leurs sandwichs. Son fournisseur exclusif, East Balt Bakeries, a de nombreuses exigences quant à la qualité des buns qu’il lui fournit. « Nous avons donc choisi la contractualisation à prix fixe sur trois années tout le long de la filière. Ainsi, nous assurons la traçabilité de nos produits et la qualité des fournitures reçues », reconnaît Chrystelle Bogiraud, directrice Qualité Europe chez East Balt Baker. Avec ce type de contrat, les attentes des meuniers et producteurs convergent vers une même exigence.