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Présidentielle 2012 : les attentes de la filière
Pour la meunerie française, il faut « sécuriser les marchés et promouvoir la valeur nutritionnelle du pain »

La Dépêche-Le Petit Meunier : Quels messages souhaiteriez-vous adresser aux candidats à l’élection présidentielle ?
Joseph Nicot : Nos messages concernent le marché agricole et sa régulation, les règles de préservation de la qualité de la matière première et des débouchés, la compétitivité des entreprises de meunerie et enfin la place du pain dans l’alimentation.

LD-LPM : Pourquoi aller plus loin dans la régulation des marchés ?
J. N. : Sur la régulation des marchés agricoles, l’ANMF a salué les travaux réalisés par le G20 à Cannes. Nous attendons maintenant l’application des propositions de régulation issues des travaux de l’OICV. C’est le moyen pour les marchés à terme et de gré à gré européens de se mettre au niveau de ce qui se fait aux Etats-Unis. Si la volatilité ne disparaîtra pas, ses excès seront limités et l’action, notamment des investisseurs financiers sur les cours, sera plus transparente. Actuellement, les niveaux élevés et la volatilité du cours du blé génèrent un coût de couverture important. Il est nécessaire que les travaux du G20 se concrétisent avant fin 2012. Les politiques doivent aussi se pencher sur la question des stocks de réserve. Il faut pouvoir sécuriser les approvisionnements pour les situations extrêmes. Des stocks de réserve dans les zones les plus sensibles ont été évoquées par le G20 mais ce sujet n’est pas traité à la hauteur des enjeux qu’il représente.

LD-LPM : Votre seconde attente concerne la qualité. Qu’en est-il ?
J. N. : Notre priorité est la garantie de la sécurité alimentaire. Le G20 agricole a validé un important programme de recherche sur le blé dont une large partie a été confiée à l’Inra. Il est nécessaire car la sécurité alimentaire passe par la production ! La diminution de la croissance des rendements est une préoccupation pour la filière blé tendre. Il faut prendre conscience des efforts à poursuivre en matière de recherche pour répondre aussi bien aux besoins quantitatifs que qualitatifs.
L’UE est championne de la sécurité alimentaire, mais il faut des règles cohérentes et plus facilement applicables. Sur ce point, nous attendons une simplification des textes dans le cadre des travaux de modernisation conduits à Bruxelles. Nous retrouvons le même type de problèmes, au niveau français, avec l’application de l’affichage environnemental prévu par le Grenelle de l’environnement. Nous souhaitons qu’il y ait une application la plus homogène possible en fonction des produits sur une base commune, afin d’avoir un étiquetage explicite et équitable de cette empreinte pour le consommateur. La méthode de calcul doit être harmonisée. Si la loi définit un certain nombre d’exigences, elle reste muette sur sa mise en œuvre. Nous sommes conscients que cet affichage puisse être contesté par le consommateur, mais l’analyse de cycle de vie réalisée par les entreprises permettra, en contre partie, des gains de productivité.

LD-LPM : Qu’attendez-vous en matière de compétitivité et quel regard portez-vous sur la TVA sociale ?
J. N. : Nous avons suivi les débats sur la mise en place de la TVA sociale. Les modalités d’allègement de charges pour les entreprises n’ont pas été précisées. Cependant, tout ce qui peut permettre de gagner en compétitivité nous intéresse. Cette révision de la fiscalité est l’occasion pour la meunerie de demander de réexaminer la taxe CCMSA, qu’elle est la seule à supporter avec les industries des corps gras. Cette taxe grève la compétitivité des entreprises meunières. La taxe spécifique de contribution de la meunerie à la mutualité sociale agricole doit disparaître. Elle crée une distortion de concurrence avec nos collègues européens qui désavantage les frontaliers. De plus, il n’y a pas de contrôle pour les importations ! Nous sommes prêts à participer à tous les travaux pour gagner en compétitivité.
 
LD-LPM : Que souhaitez-vous concernant la place du pain dans l’alimentation ?
J. N. : Nous souhaitons que les travaux réalisés dans le cadre du PNA et du PNNS soient maintenus dans la prochaine législature et qu’ils débouchent sur des recommandations plus claires et convaincantes pour le consommateur. Si par le passé, le pain était décrié avec des messages infondés, aujourd’hui son intérêt nutritionnel est prouvé et reconnu. Mais, il est nécessaire, à l’heure où les déséquilibres alimentaires relèvent d’enjeux de santé publique, de valoriser la place du pain dans les programmes en faveur de d’équilibre alimentaire. Des rapports et études confirment l’intérêt nutritionnel des aliments riches en glucides complexes et sources de fibres, tel que le pain, présent à tous les repas. Et il est important que cette dimension nutritionnelle de tous les pains, encore un peu muette, soit mieux mise en évidence dans le cadre des politiques du pays. Les initiatives de la filière pain doivent être soutenues par les programmes publics. Nous attendons un soutien plus important de l’Etat.

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