Pour exporter, l'IAA doit être compétitive et séduire le consommateur local
Si les produits agroalimentaires français possèdent des atouts indéniables, ils s'exportent difficilement en raison d'un manque d'organisation et de solidarité entre acteurs.

« Nous avons de grands atouts, notamment la qualité et la sécurité sanitaire de nos produits. Mais c'est toute l'organisation derrière qui ne suit pas, résume Philippe Berthelier, directeur d'Agro-International, lors de son intervention sur “Les IAA françaises face au défi international”, à la formation de Futuribles International le 25 juin à Paris.
Le grand export en ligne de mire
À la dispersion des intervenants – quatre ministères, divers organismes nationaux et régionaux – et, par la même, des moyens, s'ajoute « l'absence de solidarité » entre les maillons de la filière. « C'est chacun pour soi », comme l'illustre le refus de Cristal Union de s'unir à Tereos, qui souhaite faire contrepoids aux géants euro-péens, Südzucker et Nordzucker. Ou encore « la grande distribution qui n'emmène aucun industriel français dans ses bagages ». « Jamais Carrefour, en Chine ou ailleurs, ne mettra dans ses linéaires de produits français. »
Si le grand export est la cible numéro un des grandes entreprises et ETI, qui représentent 2 % des IAA mais réalisent 56 % du CA international du secteur, leurs dirigeants, interviewés par Philippe Berthe-lier, mettent en garde contre les écueils à éviter. « Il faut compter sur nos propres forces et ne pas attendre les aides publiques et européennes », déclarent-elles. Aussi est-il nécessaire d'avoir les reins solides, le retour sur investissement étant de l'ordre « de trois à quatre ans ». De plus, « si vous vous ramassez une gamelle à l'export et que vous n'êtes pas fort en France, vous êtes foutu », commente le directeur d'Agro-International. Enfin, l'entreprise doit se doter d'« une structure locale avec des gens locaux, qui connaissent le marché, les mentalités et le comportement alimentaire des habitants ». Cela a été une des grosses erreurs de Doux au Brésil : « Une équipe totalement française qui n'a rien compris au marché brésilien. »