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Pompes

 La chaussure de luxe française va mal : ainsi, à Romans dans la Drôme, capitale de la pompe de luxe depuis le XIXe siècle, les usines ferment les unes derrière les autres. Les économistes soulignent le désastre en citant ces marques prestigieuses comme Stéphane Kélian (en faillite) ou encore Charles Jourdan (en redressement). Seul Robert Clergerie, autre griffe réputée de la chaussure haut de gamme, semblerait encore résister à cette lame de fond destructrice d’emplois, et qui laisse sur le sable les «fashions victims». Comme le dirait Pierre Perret, force est bien de constater que : «France tes grolles, croquenots, godillots, tatanes, et autres écrase-m… foutent le camp !» Et il semblerait —si l’on en croit les syndicats ouvriers comme patronaux— que, là aussi, c’est la Chine et sa main-d’œuvre habile et à bon marché qui serait responsable du sinistre que subit cette industrie, dont les fleurons étaient jusqu’à présent renommés non seulement dans l’Hexagone mais dans le monde entier. Avec certes, une clientèle triée sur le volet : qui a oublié les fameuses bottines en croco de Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, dont la France entière se répétait —muette d’envie— le prix exorbitant ? Si l’on se réfère aux statistiques, 53 millions de paires de chaussures ont été produites en France en 2004 (contre 61 millions en 2003), la part de la chaussure de luxe ne représentant guère plus de 450.000 paires en majorité destinées à l’exportation.

Paradoxe, la France détient l’un des records d’achat mondiaux de paires de chaussures par habitant et par an, avec plus de 5,5 en moyenne juste derrière le Japon et les Etats-unis. Il est vrai qu’il est difficile, dans ce monde de brutes, de trouver chaussure à son pied ! Et, comme si l’horizon n’était pas assez obscurci au royaume des cothurnes et autres brodequins, voici que certains stylistes nous ont mis à dos le monde hindou et ses multitudes ! En effet, le chausseur français, Minelli, avait innocemment commercialisé des escarpins ornés de l’effigie du dieu hindou Rama. Mal lui en a pris ! En effet, Rama dans le panthéon hindouiste n’est pas n’importe qui, puisqu’il est la réincarnation de Vishnu, comme l’est d’ailleurs Krishna ou encore Bouddha. Bref une très grande pointure. D’où l’anathème de l’association britannique Hindu Human Rights (HHR) qui, faisant flèche de tout bois, a appelé ses fidèles à boycotter tous les produits «frenchies», et ce sans exception. A ne plus voyager sur Air France et à faire pression sur le gouvernement de New-Delhi pour qu’il mette un terme à l’achat d’avions de combat français Mirage. Face à ce tollé, Minelli a du se confondre en excuses devant la communauté hindoue et remballer vite fait ses babouches, celles-ci étant détruites «selon les traditions et sensibilités hindoues». Des traditions, qui selon la prestigieuse revue scientifique britannique The Lancet, pourraient être à l’origine de la maladie de la vache folle. En effet, de la nourriture animale produite en Inde aurait été infectée par des restes de corps humains porteurs de la maladie de Creutzfeld-Jakob. On sait qu’en Inde les cadavres sont incinérés (parfois partiellement) et jetés dans le fleuve sacré du Gange, qui est un véritable égout à ciel ouvert. Une théorie qui reviendrait à dire de façon lapidaire que l’homme aurait contaminé la vache qui aurait contaminé l’homme... Une controverse, qui éclipse évidemment celle de la bévue du chausseur français, qui on l’imagine a du prendre un escarpin très pointu pour botter les fesses de ses stylistes coupables d’avoir ainsi provoqué outre-Manche la very big colère des fidèles de Rama. Un secteur en difficulté comme celui-ci aurait évidemment pu se passer de provoquer cette mini-crise internationale par une fâcheuse utilisation d’un des symboles de l’hindouisme.

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