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Plus personne ne sera autonome dans la gestion des risques

Les fabricants d’aliments du bétail réunis au sein de Feedsim se sont penchés sur les moyens de gérer la volatilité qui pénalise aussi l’élevage

Les cours des matières premières connaissent non seulement une grande volatilité mais semblent avoir également changé de référence depuis la crise de 2007/2008. Pour un acheteur d’un fabricant d’aliments pour animaux comme pour un éleveur, la gestion des risques domine le quotidien. L’objectif, sécuriser sa marge, mais comment ?

Diffusion du prix à l’aval et gestion de la volatilité passent par la contractualisation
    D’une moyenne de 200 €/t avant 2007, le tourteau de soja semble appuyer ses cours sur un palier autour de 350 €/t. En baisse par rapport aux pics flirtant avec les 400 €/t, certes, mais néanmoins très au-dessus de ce qu’il valait auparavant. C’est l’un des constats dressés par Laurent Morin (Feedsim) lors de l’assemblé générale de l’association bretonne le 21 décembre dernier à Rennes. La même tendance se voit sur les céréales, même si la volatilité, de plus en plus forte, semble masquer cette tendance : le palier des 170 €/t semble durable. Le soja entraîne tout le panier protéique, son évolution se propageant sur tous les marchés. Et l’énergie n’est pas en reste : l’huile de palme a augmenté de plus de 30 % en quelques semaines, dépassant largement les 1000 €/t. « L’arbitrage des acheteurs en fonction du coût d’opportunité de chaque matière première entraîne une certaine homogénéité des prix relatifs et donc de la volatilité sur tous les marchés », résume Jean Cordier, représentant d’Agrocampus Ouest.
    Les acheteurs doivent faire face aux risques, et leurs clients éleveurs se trouvent dans des situations similaires d’incertitude. Aux deux se pose la même question : comment répercuter la volatilité des cours ? « Plus personne ne sera autonome dans la gestion du risque », estime le chercheur. Sans remettre en cause la réalité et l’ancienneté des marchés à terme, il rappelle que « le prix à terme était considéré dans la période 1970/2007 comme le meilleur prédicteur du futur prix spot tout en étant un mauvais prédicteur ». Et il est de plus en plus contesté depuis 2007.
    Dans le même temps, le spécialiste ne croit pas à une volatilité exogène (liée à la spéculation) forte compte tenu du phénomène d’apprentissage des acteurs. Il croit qu’une logique de co-intégration du prix de l’aliment dans le prix des produits animaux pourrait apparaître demain. « Il ne s’agit pas de gérer un prix mais une marge » insiste-t-il en rappelant que « le risque est nécessaire, mais il faut le mettre au niveau où on le souhaite ». Pour cela, il estime avant tout que « battre le marché est illusoire à moyen et long terme ». Il faut donc gérer le risque car il est impossible de prévoir l’évolution des cours à tous les coups. La forme « gratuite » de gestion du risque est la « collusion passive ». Il s’agit de faire comme son voisin, comme son concurrent local, de façon à ne pas être décalé. Cette démarche pourtant longtemps pratiquée lui semble un leurre. Il estime en effet que seules des formes de protection payantes s’avèrent utiles : prendre des options et accepter de les payer, travailler sur les produits dérivés et les assurances. Pour lui, les professionnels apprennent de mieux en mieux le recours à tous ces outils. Et vont de plus en plus loin dans les produits dérivés. Mais pour le spécialiste, seule la contractualisation pourra assurer la diffusion du prix et le partage de la valeur. Les professionnels font néanmoins le constat de la difficulté de transmettre le signal de prix vers l’aval.
    Jean-Michel Adenot (Coop La Paysanne – Le Garun) souligne d’ailleurs combien la vente d’un aliment s’effectue encore en spot. « On pourrait imaginer une nouvelle offre d’un prix forward, avec un contrat à livraison différée voire cadencée. Mais deux questions nous taraudent. Tout d’abord, quel est le risque de défaillance d’éleveur alors que les prix des productions animales n’ont pas du tout l’air de remonter ? Ensuite, comment s’assurer du respect d’un tel contrat ? Il faudrait d’abord parvenir à écrire le contrat et à le faire appliquer. Notamment car un aliment n’est pas aussi clairement défini qu’un blé meunier départ Rouen ou qu’un blé fourrager départ Bretagne. Indiquer “aliment porc charcutier” est bien trop vague. Si on se laisse imposer une formule, on ne peut plus l’optimiser. Et les données principales caractérisant l’efficacité de l’aliment ne sont pas, elles, sur l’étiquette. Il faudra peut être attendre une jurisprudence pour savoir comment faire. »

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