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Place à l'agriculture lors de la prochaine Cop21

L'agriculture doit trouver une place prédominante dans les négociations internationales sur le changement climatique fin 2015. Un accord sur des efforts contraignants adoptés par tous les pays est espéré.

Le 11 décembre 2015, date fatidique où les pays du monde entier se retrouveront à Paris afin de discuter des moyens à mettre en œuvre pour réduire les gaz à effet de serre (GES), est une échéance pas si lointaine, au vu des ambitions affichées. Le Forum international sur l'agriculture et le changement climatique du 20 février a été l'occasion de fixer l'objectif à atteindre lors de la prochaine réunion de la XXIe Conférence des parties (Cop21), également baptisée Conférence Paris Climat 2015. « Un des enjeux est d'introduire le secteur agricole dans le cadre du futur accord pour Paris », annonce Laurence Tubiana, représentante spéciale du gouvernement français pour la Cop21. Et de préciser que l'accord devra, en plus d'être contraignant, tenir compte de deux priorités : les droits humains et la sécurité alimentaire. « Beaucoup de pays ne sont pas concernés par l'industrie. Si on intègre l'agriculture dans les négociations, c'est un moyen stratégique et politique pour mobiliser des pays, qui ne le seraient pas par ailleurs sur les négociations climatiques », analyse Stéphane Le Foll.

Intégrer l'agriculture dans les négociations est un moyen de mobiliser des pays se sentant à l'origine peu concernés.

Les protagonistes présents lors du forum ont, bien entendu, rappelé la nécessité de ne pas dépasser une augmentation de la température mondiale de 2°C d'ici à la fin du siècle. Si l'agriculture est un secteur émetteur de GES, il est également une solution pour le stockage du carbone. « Il faut resituer dans le débat la double performance de l'agriculture, à savoir lutter contre le changement climatique tout en continuant à assurer l'alimentation des hommes et donc à augmenter la production », déclare le ministre de l'Agriculture. Et de préciser que « les sols européens peuvent stocker 70 Mdt de CO2 .»

Création d'un Fonds vert international fin 2015

Diverses solutions ont été proposées pour réduire l'impact environnemental tout en augmentant la production. Dans son discours de clôture, François Hollande a évoqué la création d'un Fonds vert à l'issue de la Cop21. Ce dernier devra atteindre 100 Md$ à l'horizon 2020 et « rassembler toutes les contributions des États, notamment les plus riches de la planète, pour financer la transition énergétique des pays les moins avancés ». Il devra également aider au développement de méthodes de production agricole permettant aux agriculteurs de ces pays de lutter contre le changement climatique. Le chef de l'État, et son homologue philipin Benigno Aquino, ont lancé l'appel de Manille, lors de sa visite officielle aux Philippines les 26 et 27 février, suggérant la céation d'une « Alliance de Paris » en cas de succès des négociations. Elle regrouperait ONG, entreprises et citoyens dans la lutte contre le changement climatique.

Les agriculteurs doivent être rémunérés pour services rendus

Au niveau français, réduire l'émission des GES est possible, à condition que les exploitants puissent en tirer une rémunération. « Une solution pourrait être la création d'un marché du blé tendre respectueux de l'environnement, avec une cotation plus élevée », propose Antoine Poupart, directeur Technique et développement chez InVivo Agrosolutions. La rotation a bien entendu été évoquée, en soulignant le potentiel des légumineuses. « Leur incorporation dans les rotations permet de réduire de 10 à 40 % l'empreinte carbone, mais elles ont pour le moment une trop faible compétitivité, en raison de volumes trop ré-duits. »

ClimAgri, un outil pour lutter contre l'émission des GES

Créé en 2010 par l'Ademe, l'outil ClimAgri permet d'établir un diagnostic, évaluant l'impact des activités agricoles sur la consommation d'énergies fossiles et le rejet de GES, tout en préservant leurs fonctions de production. « C'est une démarche collective, dans le sens où l'ensemble des acteurs d'un territoire doivent participer au diagnostic, incluant notamment les chambres d'agriculture et les coopératives », explique Philippe Touchais, chargé de mission Climat Énergie Biomasse au sein de l'APCA. Et d'ajouter que le contexte actuel fait qu'il existe actuellement une forte demande pour cet outil. À partir de ce diagnostic, des stratégies peuvent être adoptées à l'échelle des territoires pour réduire l'émission de GES.

Certains pays du Sud ont pris des mesures très concrètes. Le Maroc a adopté depuis 2009 le plan Maroc Vert. « Grâce à lui, le disponible alimentaire a augmenté de plus de 15 % aujourd'hui depuis sa mise en œuvre. Il a également permis de stocker 180 Mt de carbone », se réjouit Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime du Maroc. En bref, ce plan a consisté au remplacement d'1 Mha de céréales par des arbres fruitiers, en raison d'un contexte pédoclimatique difficile pour les premières.

La solution pour développer la production dans les pays du Sud est le partage des connaissances.

Toutes ces paroles devront vite se transformer en actes. Un cri d'alarme a d'ailleurs été lancé en direction des pays du Nord par Eve-” lyn Nguleka, présidente de l'Organisation mondiale des agriculteurs, et originaire de Zambie. « Nous avons les terres, vous avez les technologies. La solution n'est donc pas de vendre nos sols, mais de nous vendre la connaissance. » Message reçu ?

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